ANXIETE

 » On nous dit que l’homme n’utilise que 10% de son cerveau ; c’est peut-être mieux ainsi. »  Anonyme


Définition  

Il semble difficile d’évoquer l’anxiété sociale, sans évoquer l’anxiété elle-même et ses mécanismes.

L’anxiété est un état affectif caractérisé par un sentiment d’insécurité, de trouble diffus. (Larousse psychologie)  


Tentative de précision  

Le trouble anxieux est difficilement définissable. La définition de « peur sans objet » tient difficilement la route face aux phénomènes tels que l’anxiété liée à des situations bien précises, ou le trac.  
On peut également se demander s’il est utile de trouver une définition. 

Quelques facteurs communs :  
– Anticipation anxieuse : inquiétudes portées sur l’avenir (appréhension et préoccupation)  
– Malaise et tension intérieure, incapacité à se détendre.  
– Les idées angoissantes vont et viennent (à la différence de la névrose obsessionnelle).  
– Sensation d’un événement négatif imminent.  
– Etat d’hypervigilance.  
– Tristesse ou agressivité (fuite ou lutte)  
– Irritabilité, impatience, intolérance  
– Agitation, tension nerveuse et musculaire  
– Troubles du sommeil 

– l’anxiété aiguë entraîne quelques inhibitions (diminution ou arrêt d’une fonction) 

 -Dysfonctionnements cognitifs (pensées, représentation mentales),  
 -Altération du raisonnement, du jugement et donc des performances.  
-Troubles psychomoteurs (maladresse, capacités de réaction amoindrie, voire anihilées). 


Anxiété généralisée et DSMIV  


L’anxiété aigue a été définie et caractérisée comme un trouble anxieux : l’anxiété généralisée. 

Les critères DSM IV de l’anxiété généralisée : 

1. Au moins un souci durant un mois, un jour sur deux.  
2. Préoccupation difficile à contrôler, voire incontrôlable.  
3. Au moins trois symptômes parmi :  
– Agitation, surexcitation  
– Fatigabilité  
– Trouble de concentration  
– Irritabilité  
– Tension musculaire  
– Troubles du sommeil 

4. Souci non limité (comme dans le trouble panique, la phobie sociale…)  
5. Souffrance, altération sociale, professionnelle significative  
6. Le trouble n’est pas consécutif à un abus de substance, une affection médicale ou un trouble de l’humeur ou psychotique.  
L’anxiété généralisée concerne 4,5% de la population 

Seulement 10% des sujets consultent des spécialistes. 


Les problèmes de l’anxiété et de son approche   


– Trouble sémantique : l’anxiété est un terme flou. Il n’a pas ou peu de connotations médicales ou pathologiques. 

– L’anxiété est tout d’abord perçue par l’individu et son entourage comme un trait de personnalité. « Tu es anxieux », dit-on, confondant tendance acquise et mouvante avec une caractéristique figée et naturelle. Ainsi, on est (ou l’on naît) hypersensible mais on devient anxieux. 

– L’anxiété apparaît en général dès l’adolescence, mais il se passe en général de nombreuses années avant que des consultations soient envisagées. 

– Les manifestations somatiques qui accompagnent généralement l’anxiété ne sont pas «spectaculaires ».  
Elles sont constantes : on s’habitue, les troubles deviennent une « seconde nature ». « C’est comme ça ».  
Elles sont modérées : ne poussent donc pas à une démarche thérapeutique sortant de l’ordinaire. 


Bref recadrage  


L’anxiété n’est pas naturelle. Il s’agit d’un apprentissage. Un apprentissage peut se remettre en cause.  
L’anxiété n’est pas un état, immobile et définitif. L’anxiété est fluctuante : elle laisse des moments de répit. 

L’hypersensibilité qui génère un terrain favorable à l’anxiété est un atout si on la considère de manière globale (attention) et non du seul point de vue (focalisation) du travers qu’est l’anxiété. 

Tout est donc possible. 


Anxiété et cognitions 


Croyances irrationnelles : 

– L’anxiété est un fait : « je suis comme ça ». Le sujet accepte son anxiété et la vit comme quelque chose d’immuable. Un autre comportement ne peut donc pas être envisagé. 

– L’anticipation anxieuse permet la résolution du problème : illusion de contrôle  
Penser à un événement en termes négatifs et non réalistes ne permet en aucun cas de faciliter cet événement ou d’avoir le recul nécessaire pour exprimer toute ses compétences. Le conditionnement négatif influe sur la résolution du problème voire la condamne. Stress et anxiété désolidarisent l’individu de ses ressources. 

– L’anticipation anxieuse permet de ne pas être déçu en cas d’échec : illusion de maîtrise du futur.  
Penser le pire ne permet en aucun cas de l’éviter ou de l’atténuer.  Par conbtre, le contenu anxiogène de la situation est renforcé. 


Anxiété et comportements  


Réponses inadaptées face à une situation problème :  
Inhibition de l’action : blocage (psychologique ou physiologique) face, à la situation. « Je ne m’en sens pas capable » 

Evitement : « je fais tout pour ne pas me retrouver dans cette situation » 

Vérifications et rituels : « je me rassure en vérifiant, vérifiant, vérifiant… » La vérification devient un rituel, s’enrobe et se nourrit de croyances diverses. 

Actions inefficaces : «je m’agite en espérant que tout va rentrer dans l’ordre ».  

Ces conduites sont jugées dysfonctionnelles, car même si, dans un premier temps elle apportent parfois un mieux-être, à moyen et long terme elles augmentent la valeur anxiogène de la situation. Pendant qu’on s’agite, qu’on ne fait rien, qu’on évite ou qu’on vérifie indéfiniment, on ne développe pas les compétences nécessaires à l’adaptation à la situation problème. 


Le processus  



Anxiété en trois dimensions  


Le processus précédement décrit fait ressortir schématiquement un phénomène anxieux tri-partite :  
– Dimension psycho-corporelle  
– Dimension cognitive  
– Dimension comportementale  
Ces trois dimensions constituent la colonne vertébrale d’une approche psychothérapeutique 


Bibliographie 


–  PEUR, PANIQUE, PHOBIES – G. Nardone / L’Esprit du temps

Pour le professionnel : 

« J’éprouve une sincère satisfaction à introduire un ouvrage dont je considère qu’il apporte une contribution fondamentale à notre connaissance de la peur et des phobies. En décrivant des stratégies qui se sont avérées particulièrement efficaces pour résoudre de tels problèmes, cet ouvrage nous présente un modèle constructiviste et cybernétique de la constitution et de la persistance des problèmes humains fondés sur la peur. Les lecteurs qui se seront familiarisés avec les précédents ouvrages de Giorgio Nardone ne seront pas surpris d’y trouver, là encore, une réflexion à la fois théorique et pratique. » Paul Watzlawick

S’inscrivant dans le courant des thérapies systémiques et constructivistes, et s’appuyant sur une étude clinique de plus de 150 cas, ce livre de Giorgio Nardone propose des stratégies thérapeutiques brèves comme alternatives originales pour le soin des tableaux cliniques liés aux états de peur, de panique et de phobies. Un aspect important de ce travail tient au fait que les propositions théoriques et les stratégies thérapeutiques qu’il présente sont directement utilisables par le thérapeute mais aussi par le patient pour dépasser ses troubles phobiques. Ce livre présente en outre le relevé intégral de la thérapie de deux cas cliniques permettant ainsi de comprendre le travail du thérapeute.

Giorgio Nardone enseigne les psychothérapies brèves à l’Institut des Hautes Études Psychologiques de l’Université de Sienne, en Italie, il dirige le Centre de Thérapie Stratégique d’Arezzo et l’Institut Italien de Thérapie Stratégique, fondé en 1989 en collaboration avec le Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Il est notamment l’auteur, avec Paul Watzlawick, de l’Art du changement aux Editions l’Esprit du Temps.

Notre avis : un outil stratégique très riche pour le thérapeute pour ce qui constitue un livre de référence de traitement des troubles anxieux.

– SE LIBERE DE L’ANGOISSSE / J. Boutillier / Psycho-D Editions

Auto-traitement :  Psycho-D Editions vous propose un double CD regroupant 6 séances complémentaires consacrées au traitement des crises d’angoisse ou paniques, par J. Boutillier, spécialiste des troubles anxieux. De nombreuses ressources sont utilisées (relaxation, sophrologie, hypnose ericksonienne, programmation neuro-linguistique…) dans une démarche simple, naturelle et très efficace : détente corporelle et mentale, travail du schéma corporel, travail respiratoire, gestion du stress, traitement de l’anxiété proprement dite, préparation aux situations génératrices de stress ou d’angoisse, désensibilisation à l’angoisse, remise en cause de l’hypervigilance. Un outil complet de remise en cause des crises d’angoisse ou crises de panique. 

Notre avis : un programme de remise en cause de l’anxiété simple, naturel et efficace, par un spécialiste des troubles anxieux.

 






  

 

  



 


  


 





 


 



 




 






Phobie scolaire

Phobie scolaire / Refus scolaire anxieux

Définition de la phobie scolaire


Phobie scolaire : « enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et resistent avec des réactions d’anxiété très vive ou de panique quand on essaie de les y forcer» Ajuriaguerra 

L’anxiété se produit :  
– Lors du départ  
– Lorsque la situation est envisagée (appréhension) 

Le terme de phobie scolaire est difficilement recevable. Il sous-entend que l’enfant à peur de l’école, ce qui est souvent inexact voire faux. Un refus scolaire peut avoir diverses origines. J’utiliserai donc le terme de refus scolaire anxieux.

Le refus scolaire anxieux est hétérogène. De nombreux mécanismes et phénomènes cohabitent. 

Le refus scolaire anxieux peut être du par exemple :  

– A un territoire phobique (phobie sociale, anxiété de performance, phobie spécifique…) : Les stimuli vont alors être internes, propres à l’enfant : pensées, croyances, distorsions cognitives (« je suis nul »…),comportements, … 

– A l’angoisse de séparation :  Les stimuli sont alors externes ou « systémiques ».  (séparations, relations sociales, structure familiale…) 

Le terme « refus scolaire » ou « phobie scolaire » n’est donc pas nécessairement un diagnostique pertinent. Il convient d’en poser un afin de mettre en place une aide adaptée. 


Quelques éléments (phobie scolaire).


– Le refus scolaire anxieux est à on paroxysme à des moments clés : de 5 à 7ans (entrée au CP), à 11 ans (entrée en 6ème), à l’adolescence (14 ans). 

– Le refus scolaire anxieux représente 11 à 14 % de la population scolaire. 

– Il s’agit souvent du dernier enfant quand il est question d’angoisse de séparation. 

– La maman est souvent décrite comme hyper-protectrice et inaffective (difficulté à exprimer, montrer ses sentiments). La maman a souvent eu des difficultés anxieuses (comme des tendances agoraphobiques), des troubles anxio-dépressifs ou elle-même des difficultés du même ordre pendant l’enfance. Dans l’angoisse de séparation, on peut observer par exemple des enfants utilisés comme objets contra-phobiques par la maman. Dans une affaire de dépendance, il y a de toute manière toujours deux personnes. 

– Le père est assez souvent absent, concrêtement (travail) ou familialement (rôle secondaire attribué ou auto-attribué).  
  
  Jérôme Boutillier, enseignant à l‘INCTB

phobie scolaire
http://www.inctb.net

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Ereutophobie

 

Ereutophobie / Jérôme Boutilllier

Présentation de l’éreutophobie


L’éreutophobie désigne la peur de rougir en public, peur assez répandue (10% de la population). Mais comme toute manifestation anxieuse, il y a trouble lorsque les proportions deviennent handicapantes. 

L’une des caractéristique essentielle du trouble est le caractère obsédant de la peur : anticipation, évitement, inhibition… Les manifestations anxieuses qui en découlent sont nombreuses. A noter que cette obsession participe elle-même naturellement au rougissement, ce qui entraîne la personne dans un cercle vicieux :

éreutophobie

La personne ne tolère pas de rougir est rougit donc fréquemment. A l’inverse, c’est quand la personne tolère le rougissement, que le phénomène s’éteint (ou que les rares rougissements ne constituent plus un problème. 


Le rougissement devient une obsession car : 

– Le rougissement est un symptôme d’anxiété sociale apparent : cela se voit, au contraire d’autres manifestations anxieuses (accélération cardiaque, tensions musculaires, maux de ventre, oppression respiratoire…). Un phénomène analogue quoique moindre peut être observé dans certains cas d’anxiété sociale, l’obsession portant sur le tremblement (des mains en particulier) ou la sudation excessive, car là aussi, il s’agit d’un symptôme plus ou moins visible et interprétable par le regard extérieur. 

– Le rougissement est incontrôlable et s’aggrave lors des tentatives de contrôle. En voulant contrôler, on augmente encore le niveau d’activation émotionnelle, on lutte… et on rougit encore plus. Le rougissement appartient aux symptômes d’alarme. En voulant contrôler, on pérénnise et développe la dite alarme. Par voie de conséquence, c’est quand on tolère le symptôme, qu’il ne se produit plus. 

– Le rougissement est imprévisible. Ajoutant à l’incertitude et au degré d’anxiété, cette imprévisibilité augmente encore la focalisation, l’hypervigilance (même si elles sont illusoires). 

– Le rougissement nuit à la performance sociale. Focalisé sur le phénomène interne, on est moins disponible pour l’interaction sociale. On est donc inhibé, moins performant, moins satisfait de ses prestations, ce qui augmente encore la peur du regard et/ou du jugement de l’autre. 

– Le rougissement apparait comme une honte à celui qui rougit (dialogue intérieur de dévalorisation, crainte du regard extérieur…). Car ce qui peut sembler étonnant pour un observateur extérieur, le rougissement est vécu comme une honte, une faiblesse terrible (manque de caractère, de virilité…). Là encore, cet aspect ajoute au degré d’anxiété et à la focalisation qui en découle. 

Les comportements d’inhibition et d’évitement des situations susceptibles d’être anxiogènes accompagnent généralement le trouble. A noter également ce que l’on nomme évitement subtil (comme par exemple, coupe de cheveux spécifique, fréquentation des salles de sport ou il est normal d’être rouge, maquillages adaptés et opérations chirurgicales visant à supprimer le symptôme). 


Représentation schématique du processus cognitif :

Avec l’éreutophobie, on est au centre cognitif de l’anxiété, avec une succession d’interprétations et d’impressions plus ou moins irrationnelles : 

1. Supposition que le rougissement est visible 
« La tête que je dois avoir! »

2. Supposition que tout le monde voit le rougissement et se focalise dessus 
« Ils voient tous que je suis rouge. »

3. Supposition que tout le monde va interpréter négativement ce rougissement 
« Rougir, c’est être faible, ridicule… »

4. Supposition que ce jugement négatif va entraîner rejet, moquerie… 
« Ils vont se moquer », « ils vont me rejeter ».

5. Inhibition, évitement, augmentation du contenu anxiogène de la situation etc… 
« j’ai trop peur, tout pour éviter ça »!


Remise en cause de l’éreutophobie

L’erreur thérapeutique dans le cadre de l’éreutophobie est souvent de la considérer comme une phobie spécifique, simple dans son processus (comme la peur de l’eau, des araignées etc…). L’éreutophobie est à considérer comme une phobie complexe, qui prend un double visage : anxiété sociale et assez fréquemment forte dimension obsessionnelle.
A ce titre, les enjeux stratégiques de la thérapie vont être principalement : 

  • Intégrer que se libèrer de l’éreutophobie, ça n’est pas ne plus rougir, mais que rougir ne pose plus de problème anxieux (même si le phénomène du rougissement se dissipe pour s’éteindre du fait de la baisse du niveau d’anxiété).
  • Intégrer la nécessité de recadrer le discours centré sur l’obsession « ne pas rougir » vers quelque chose de plus large ayant rapport avec l’anxiété sociale, de manière plus ou moins spécifique.

Jérôme Boutillier

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THERAPIES :    Thérapies    

Personnalité évitante

Présentation


Le trouble de la personnalité évitante est un mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négatif d’autrui qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivante(Référence: American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996) : 

1. Le sujet évite les activités sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte d’être critiqué, désapprouvé ou rejeté.

2. Réticence à s’impliquer avec autrui à moins d’être certain d’être aimé.

3. Est réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé à la honte et au ridicule.

4. Craint d’être critiqué ou rejeté dans les situations sociales.

5. Est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d’un sentiment de ne pas être à la hauteur.

6. Se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres.

7. Est particulièrement réticent à prendre des risques personnels ou à s’engager dans de nouvelles activités par crainte d’éprouver de l’embarras. 

Le trouble de la personnalité évitante représente 47% des personnes souffrant de phobie sociale (Marteinsdottir I, Furmark T, Tillfors M, Psychiatry. 2001 – « Personality traits in social phobia. »)


Particularités


Le trouble de la personnalité évitante est une notion timidement reconnue. Ses critères (anxiété relative et repli sur soi) ne permettent guère d’évaluer son degré de développement dans la population et participent également aux difficultés de la prise en charge. 

Le trouble est en lui-même un obstacle au changement : 

– Le trouble est considéré par le sujet comme un trait de personnalité, plus ou moins immuable (« je suis comme ça ») et non comme un phénomène externe et handicapant. L’accès à une remise en cause, thérapeutique ou non,  sera donc limité et souvent à motivation externe (entourage, …). 

– Attribution externe : les difficulté est souvent attribuée à l’extérieur (« c’est le monde extérieur qui est horrible »). Le plus souvent, des explications rationnelles seront trouvées au phénomènes anxieux. Là encore, la démarche thérapeutique ou l’effort personnel de changement est difficilement stimulable. 

– L’évitement étant le phénomène central, le degré d’anxiété est souvent supportable. La personnalité évitante ne sera donc pas synonyme de situations d’angoisses paroxystiques, mais plutôt d’un état d’être entre repli sur soi et amertume.


Schémas cognitifs fréquents

Voici quelques exemples postulats- types rencontrés dans le trouble de personnalité évitant (Freeman et Leaf plus d‘autres schémas fréquents) : 

1. Je dois être apprécié. 

2. Je ne dois pas paraître idiot aux yeux des autres, à aucun moment. 

3. Le monde est dangereux. 

4. Les autres doivent prendre soin de moi. 

5. Mieux vaut être isolé que de risquer d’être blessé. 

6. Toute critique envers moi est une terrible condamnation. 

7. Les gens doivent m’offrir des garanties inconditionnelles d’acceptation avant que je puisse établir des liens avec eux.

8. Je suis indésirable.

9. Les autres sont critiques, indifférents ou humiliants. 

10. Je ne peux pas supporter les émotions négatives. 

11. Si les autres me côtoient, ils vont me connaître mieux, se rendre compte de qui je suis et m’agresser ou me rejeter (syndrome de l’usurpateur). 

12. Il vaut mieux ne pas faire que de courir le risque d’échouer. 

Si on devait extraire une croyance fondamentale de ces postulats, cela pourrait être : « Les autres risquent de me blesser » (et le risque est trop grand ou l’intensité de la blessure envisagée trop importante). Il y a donc une très forte appréhension à se dévoiler, voire à se lier avec autrui, sans la certitude absolue d’être aimé ou apprécié.


Justification, rationalisation et référence externe


Là ou l’évitement est relié à l’angoisse dans la phobie sociale, avec la personnalité évitante règnent justification et rationalisation. Les évitements sont expliqués et les problèmes attribués à des phénomènes externes. Diverses raisons viennent en effet expliquer les évitements : fatigue, ennui, manque d’intérêt, antipathie des autres etc… La peur est peu évoquée. 

C’est sur ces quelques points que l’on pourrait établir un différentiel avec la phobie sociale : 

Personnalité évitantePhobie sociale
« C’est de la faute des autres ».« C’est de ma faute ».
« J’évite car ça m’ennuie, c’est nul ou ça ne vaut pas la peine ».« J’évite parce que j’ai peur et je ne me sens pas capable ».
« Je suis comme ça ». « Je veux changer ».

Dans l’abord de la personnalité évitante, il convient donc entre autres :

– de recadrer le débat avec l’abord de l’anxiété en tant que telle.

– de placer la personne en référence interne.

– de remettre en cause le cercle vicieux de l’évitement.

– de permettre à la personne d’être en situation et capacité de pouvoir courir le risque relationnel.

Même si cela se révèle schématique, on peut interpréter la personnalité évitante comme une phobie sociale qui se serait généralisée, avec comme processus central l’évitement, banalisé au fil du temps, justifié par une attitude pseudo-logique ou rationnelle et une externalisation du problème plus ou moins fataliste et amère mais qui trouve sa source dans une peur fondamentale d’être blessé ou rejeté.

TRAC


Jérôme Boutillier

Le trac est un phénomène anxieux bien connu par tous et jugé très handicapant par 35% des gens. 

Ce phénomène paroxystique a ses caractéristiques. Alors que la timidité constitue une sorte d’état permanent, le trac est circonscrit et circonstanciel, lié à un contexte particulier : 

– Le trac est lié à une/des situation(s) précise(s). On vit une situation désagréable, on attribue l’état anxieux à la situation. On crée un ancrage stimulus-réaction, un automatisme. On appréhende la situation suivante etc… 

– C’est avant que ça se passe : de manière plus marquée que dans la phobie sociale par exemple, l’anxiété anticipatoire joue un rôle important. Participent donc, dialogue intérieur catastrophistes, représentations internes alarmistes, comportements inadaptés (évitement, fuite, hyperactivité, vérification, inhibitions…) 

– Ca finit par se calmer : en situation, le degré d’anxiété baisse, ce qui différencie de la phobie sociale. Un des problèmes de ce type de problématique réside dans le fait qu’en évitant, en s’échappant ou en se débarrassant rapidement de la corvée, on ne se donne pas la possibilité d’observer et de constater cette baisse d’intensité. 

– Si on pratique, si on répète l’exposition, l’anxiété relative à la situation baisse, ce que l’on nomme phénomène d’habituation. 

– Les réactions physiologiques sont très intenses, plus importantes que dans d’autres difficultés sociales et anxieuses, entre autres du points de vue de la production d’adrénaline ou de certaines réactions neuro-végétatives comme l’accélération de la respiration ou du rythme cardiaque. 

Bien que d’origine encore un peu floue, le terme « trac » semble venir de « traquer ». Le souci dans le cas du trac est qu’il n’y a pas de prédateur réel. On se trouve donc avec des manifestations physiologiques inadaptées (le corps se mobilise pour faire face à un danger réel alors qu’il n’y en a pas). C’est ce même type de manifestation de «fausse alarme» que l’on peut retrouver dans le trouble panique. 

Trac, performance et activation

On fait souvent référence au bon stress et au mauvais stress. Comme le montre le schéma suivant, le problème est que les données en abcisse ou en ordonnée sont complêtement aléatoires et subjectives. On ne connait généralement pas son degré d’activation adéquat. C’est pour cela que la plupart du temps, le « bon stress » se transforme en « mauvais stress » : on a dépassé son niveau d’activation adapté à la performance, la partie descendante correspondant à l’apparition de l’anxiété. Gérer le stress, c’est apprendre à préciser ce degré personnel d’acivation optimum et à le réguler au moyen des différentes techniques.


(Yerkes et Dodson, 1906) 
 

Intensité

Plus les manifestations de trac sont intenses, plus on va s’installer dans le paradigme de l’anxiété sociale : 
– D’un point de vue corporel : forte activation jusqu’à la panique. 
– D’un point de vue cognitif : postulats perfectionnistes et ruminations anxieuses diverses. 
– D’un point de vue émotionnel : peur intense 
– D’un point de vue comportemental : inhibition et évitement. 

Remise en cause :

Il conviendra donc de développer différentes ressources : 

– Développer des compétences psycho-corporelles permettant de remettre en cause les manifestations neuro-végétatives, entre autres respiratoires, et tensionnelles. 

– Remettre en cause les postulats de perfection, établir des objectifs réalistes afin de diminuer l’exigence pour pouvoir développer la tolérance et favoriser une baisse de l’anxiété. 

– Travailler sur les différentes empreintes émotionnelles, stimuli dépendants de l’histoire du sujet. 

– Développer des comportements adaptés à l’habituation et à la performance.

Jérôme Boutillier





Timidité

Timidité / Jérôme Boutillier

La timidité, dans l’acceptation générale du terme constitue une sorte d’état d’être chronique qui, sans générer un mal-être aigu ou une peur extrême, nuit au développement des relations et compétences sociales. Bien que beaucoup s’arrachent les cheveux à établir une définition depuis quelques années, on peut préciser la définition de la timidité en tant que « manière d’être durable et habituelle, marquée par une tendance prononcée, lors dessituations nouvelles, à se tenir en retrait et à éviter de prendre l’initiative, malgré un désir relatif d’échanges avec l’entourage. »(C. André / La peur des autres). 

Qu’est-ce qui intimide?

Parler devant une assemblée74% 
Participer à un groupe73% 
Rencontrer des inconnus70% 
Rencontrer une personne de sexe opposé64% 
Etre dans un grand groupe68% 
Se sentir inférieur à ses interlocuteurs 56% 

Différents axes anxiogènes apparaissent donc :

  • La nouveauté
  • L’initiative 
  • Le fait d’être en point de mire
  • L’implication personnelle

Timidité : contrôle et repli 

De manière schématique, quelqu’un de timide se sent donc vulnérable et craint le jugement. Le contrôle va donc être un phénomène important : contrôle de ce qui est dit, contrôle des émotions, contrôle de l’image qui est donnée… 

D’où la réserve observée dans le cas de la timidité, où l’apparent repli sur soi-même. Bref, une addition d’inhibitions. S’agissant d’un phénomène non pathologique, les manifestations corporelles, cognitives, comportementales vont être la plupart du temps relativement légères. 

Plutôt que des crises paroxystiques, s’installe un état chronique et durable, d’autant plus pernicieux qu’on peut l’associer à la personnalité (« Je suis comme ça »). Il faut donc qu’il y ait handicap ou mal-être pour qu’une personne timide cherche de l’aide.


Timidité : mise en place 

Les facteurs de construction de la timidité peuvent nombreux et variés : 

 Inhibition : 

Le sujet possède les qualités assertives, les compétences sociales mais elles sont inhibées : pour une raison ou une autre, le sujet n’exprime pas ses potentiels et compétences réelles en situation sociale. 

– Il peut s’agir ici d’un conditionnement émotionnel : celui-ci fait que l’individu, dans telle ou telle situation, perd ses moyens. Les émotions liées à l’état sont alors importantes.  

– Il peut également être question des mécanismes cognitifs de l’individu : discours interne négatif et/ou dévalorisant, auto-verbalisation pendant ou après la situation. Les croyances sont alors au centre du phénomène. 

 Défaut d’apprentissage : 

Le sujet présente des lacunes dans le domaine des compétences sociales. Pour une raison ou une autre, le sujet n’a pas développé telle ou telle compétence ou bien il la possède mais n’a pas appris à l’utiliser ou à la combiner de manière adaptée à la situation : 

– Pendant l’enfance, les comportements assertifs n’ont pas été encouragés ou renforcés (« on parle quand on a quelque chose d’intéressant à dire », « tu n’arrêtes pas de parler de toi »…). 

– Des comportements inhibés ou évitants ont été encouragés ou renforcés (« dans la vie, il vaut mieux rester en retrait », …). 

Difficulté à choisir le comportement approprié : le sujet possède les compétences mais a des difficultés à identifier le comportement approprié à telle ou telle situation, ou a lui apporter les nuances et proportions adaptées.


Particularités

– On peut noter qu’à la différence de la phobie sociale, la personne souffrant de timidité, après une période initiale d’inhibition s’adapte dans de nombreux cas. On peut expliquer cela par la part différente de motivation ou d’envie qui permet de dépasser la peur ou pat une proportion d’angoisse moins invalidante : la volonté d’être accepté(e) dépasse fréquemment la peur d’être rejeté(e). 

– Avec la timidité, on observe plutôt des forces antagonistes ou un conflit paradoxal : la timidité, pour schématiser et caricaturer, consiste souvent en quelqu’un qui a l’impression de ne pas être performant socialement mais qui en même temps se donne l’obligation de faire bonne impression , ce qui nécessairement génère de l’anxiété. 

timidité

Quand on vit une situation sociale à travers le filtre de la timidité, on en vient à penser d’une certaine manière, à éprouver des sensations particulières car anxieuses. Cela interagit sur les comportements et provoque des états émotionnels désagréables voire handicapants. Toutes ses manifestations nuisent au bien-être et à la performance dans la dite situation. Celle-ci est mal vécue, mal interprétée, ce qui renforce la timidité elle-même etc… Nous sommes là dans un cercle vicieux. 

timidité

Comme l’indique l’illustration ci-dessus et même si c’est nécessairement schématique, la timidité est quadri-dimensionnelle :  
1. Ce que je pense (cognitif)  
2. Ce que je sens (psycho-corporel)  
3. Ce que je fais (comportemental)  
4. Ce que j’éprouve  (émotionnel) Les éléments constitutifs prépondérants sont donc cognitifs, psycho-corporels, comportementaux et émotionnels. Ils sont issus d’une construction, d’un apprentissage inconscient (traumatismes, stress chronique pendant l’enfance, exemples familiaux ou sociaux d’anxiété…) De cet apprentissage émerge façon de penser, et ainsi sensations, émotions et comportements. Ces éléments émergent  consciemment plus ou moins consciemment. Une remise en cause de la timidité passe donc par la mise en perspective de ces différents aspects et la mise en place de changements ou d’évolutions adaptés au bien-être. 


Jérôme Boutillier


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