Thérapies

Voici un aperçu des approches qui peuvent être pratiquées dans une thérapie de l’anxiété sociale. Elles sont efficaces quand elles sont utilisées de manière intégrative : prendre dans chaque discipline ce qui est pertinent dans le cadre d’une difficulté et d’une personnes données. Il ne s’agit pas de s’enfermer dans une pratique mono-focale.  

Approche cognitive et comportementale

« Dans une casserole, il y a un désordre apparent, mais si l’on tire sur un spaghetti on peut le suivre du début à la fin. »  
Kjell Nordstroem


Définition


La thérapie cognitive s’installe peu à peu à partir des années 60, avec T. Beck. Travaillant originellement sur la dépression, il relève l’existence de blocages cognitifs au changement : pensées automatiques, dialogue intérieur… Loin de la psychanalyse, ces processus de pensées portent sur des sujets bien « concrets ». A partir de ce constat va se mettre en place un modèle cognitif, adaptable notamment aux troubles anxieux.

L’approche cognitivo-comportementale (pour parler plus simplement, l’analyse des pensées, croyances et des comportements qu’elles provoquent) est un élément essentiel et fondateur de toute démarche thérapeutique. 

Chaque être humain vit des situations. Ces situations sont interprétées par l’intermédiaire de pensées (autoverbalisations) ou d’images mentales (dialogue intérieur).  

De ces pensées, croyances et représentations mentales dépendront l’humeur et le comportement de l’individu. 

Le système cognitivo-comportemental de l’individu pourrait être représenté comme suit : 

Les thérapies cognitives et comportementales étudient ce système, mettent en valeur des disfonctionnement ou distorsions au niveau cognitif (pensées, …). L’approche cognitive a pour but de  restructurer ces schémas.  
Les différents types de distorsions cognitives, de pensées dysfonctionnelles sont identifiés, définis et expliqués afin de pouvoir ensuite les remettre en cause, les modifier ou les éliminer et permettre ainsi de nouveaux comportements plus adaptés. 


Nous pensons


« Je pense donc je suis »

A tout moment nous pensons. Ce qui est cognitif regroupe les pensées, système de représentation, images mentale que nous mettons en place entre nous et la réalité. Ce système de représentation s’établit en fonction de nombreux filtres, détaillés précédemment. Nous construisons donc notre propre lecture de la réalité.

Ce que nous pensons 
« J’en pense plus de bien que de mal », « j’en pense plus de mal que de bien ».

Si on mène  l’enquête, on se rend compte que chaque individu va avoir une lecture personnelle de la réalité, plus ou moins adaptée au bien-être. Schématiquement, cette adaptation va se révéler par la proportion de pensées négatives et positives : 

La restructuration cognitive va donc avoir notamment pour but de rétablir un certain équilibre, diminuer les proportions du négatif, augmenter celles du positif, cela non pas en sombrant dan un positivisme béat mais en observant la réalité le plus objectivement possible.  
  
  

Pensée et émotion


« Nous ressentons ce que nous pensons »

C’est là un élément essentiel. Si nous reprenons le schéma précédemment utilisé, il y a un lien à bien intégrer.  Ce n’est pas la réalité que nous ressentons mais ce que nous pensons de la réalité.

On vit une situation, on en pense quelque chose. De ce qui est pensé découleront et dépendront les émotions, comportements.

Il y a quelques années je travaillais avec une jeune phobique sociale. Elle ne voulais plus sortir. Nous découvrîmes qu’elle  avait un grand-père dont le dicton favori était : « l’homme est un loup pour l’homme ». Peu à peu, elle avait intégré ce dicton, le posant comme une vérité absolue. Tout le monde lui reprochait de ne pas vouloir sortie. Je lui dis à l’époque : « Tu as entièrement raison de ne pas sortir. Aller au milieu des loups, moi non plus je ne le ferai pas ». Elle me considéra autrement, et nous avions pu alors commencer à travailler sur cette vision du monde. Etait-ce vrai ? Etait-on tous des loups ? (A la fin je l’accueillais d’ailleurs en hurlant à la mort !). Ayant recadré ce système de pensée, modéré sa croyance, elle a pu ressortir. 

Une croyance n’est pas une vérité, une croyance est une théorie sur la vie énoncée à travers de nombreux filtres, tenue comme vraie, absolue mais non-vérifiée. 

L’ émotion est justifiée, est en cela complètement respectable quelle qu’elle soit, mais la pensée en amont ne l’est pas. En cela, la thérapie cognitive pourrait être appelée la « thérapie du bon sens ».

Pensées automatiques

Le cognitivisme est avant tout une science de la pensée.  
On analyse donc ce qui, dans les pensées, modes de pensées, dans les croyances, disfonctionne et génère le mal-être.  
Penser, chez l’être humain se concrétise, schématiquement de deux manières : 


Ce mode de pensée n’est pas contrôlé ou conscient.  
L’individu est passif. Ses pensées s’imposent à lui-même comme des schémas prédéfinis issus de l’observation (subjective et déformée) par le sujet de lui-même de son environnement et de toutes leurs interactions. 

Ex : « ça n’arrive qu’à moi », «de toute façon je vais me planter », «il ne me supporte pas … » 

Ce mode de pensée est donc automatique, immuable et constant : la pensée contrôle le sujet  
  

Pensées rationnelles 


Mode de pensée contrôlé et conscient (autant que cela est possible et envisageable). Il s’agit d’une pensée intentionnelle, plus ponctuelle.  
Face à un événement, on ne réagit pas automatiquement, on ne se laisse pas influencer par un vécu, des interprétations abusives et mécaniques.  
On prend du recul, on recherche une démarche logique et rationnelle : Le sujet contrôle la pensée.  
  

Du choix entre ces deux modes de réponses de la pensée dépend l’équilibre du sujet.  
La démarche cognitive propose de s’interroger sur ces pensées automatiques et leur mise en place, pour, dans un second temps les remplacer par des observations plus rationnelles et conformes à la réalité. Le sujet reprend le contrôle de ses pensées et de leur pertinence. 

Remettre en cause ses a-priori, c’est se permettre de repartir sur de nouvelles bases, de rendre possible le changement, de générer d’autres comportements chez soi et, en interrelation chez les autres. 


Distorsions


Les distorsions de la pensée sont le fruit d’interférences arbitraires du sujet sur ses pensées.  
Ces processus bien entendu, nourrissent et aggravent le mal-être. 

Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur lui-même.  
Ex :  « Ils me prennent pour un imbécile » 

Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à la forme négative.  
Ex :  « De toute façon, on ne va pas y arriver » 

Maximalisation et minimalisation : Tendance à surestimer les échecs, à sous estimer les réussites.  
Ex :  «Là, de toutes façons, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire. » 

Généralisations abusives  
Ex :  « les hommes sont des… » 

Tout ou rien :  
Ex :  « on existe que quand on gagne» 

Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui  sert l’idée anxiogène, en le sortant de son contexte.  
Ex :  « Il ne m’a pas passé le sel. Tu vois qu’il ne m’aime pas » 

Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.  
Ex :  «Tout ce qui arrive est de ma faute» 

Flêche descendante


Intéressante, cette technique montre la tendance du sujet stressé (et anxieux) à choisir l’option la plus défavorable ou pessimiste. Cette démarche cognitive est d’ailleurs tellement développée que l’individu n’envisage plus que cette hypothèse catastrophiste. Il se focalise sur une des facettes de la réalité qui s’offrent à lui.  

La flèche descendante est une technique de découverte par le sujet de ses schémas cognitifs de fonctionnements. La vision plus globale des hypothèses permet de recadrer le regard qu’il porte sur le monde.


Restructuration


Cet ensemble de techniques va permettre de dévoiler au sujet ses propres processus cognitifs pour pouvoir les remettre en cause, construire une autre représentation de la réalité. En cela, l’approche cognitive est un outil important. Cette « mutation » cognitive, nécessaire, est un élément fondateur du changement en thérapie. 


Thérapie comportementale – Notions


La thérapie comportementale est construite sur le modèle de l’apprentissage, du conditionnement plus particulièrement. Il s’agit de mettre en place un nouvel apprentisage à la place d’un ancien, non-adapté au bien-être.

La plus répandue des techniques, utilisée d’ailleurs dans le traitement comportemental de la boulimie est la désensibilisation systématique : on expose le sujet au stimulus anxiogène afin qu’il s’habitue, apprenne une nouvelle réponse. On demandera par exemple à une personne boulimique de retarder le début d’une crise.

On parle beaucoup des thérapies comportementales, au regard d’un certain succès voire d’une certaine mode. Mais si succès il y a, c’est à la faveur également d’autres facteurs parmi lesquels une restructuration cognitive qui se met en place au fil des expositions. 

Exposition

Quelques règles comportementales sont utiles à connaître : 

1) L’anxiété baisse si on prolonge l’exposition. 
L’anxiété monte puis stagne, puis baisse. Il n’y a pas de bénéfice à l’exposition si on quitte la situation pendant la montée (échappement) mais augmentation de l’anxiété relative à la dite situation.. Pour qu’il y ait habituation (diminution et/ou disparition du conditionnement anxiogène), il est nécessaire de quitter la situation quand l’anxiété se réduit et/ou a disparu.

2) Le degré maximal d’anxiété baisse si on répète les expositions. 
Si on répète une situation, elle est de moins en moins anxiogène. 

3) La durée de l’anxiété baisse si on répète les expositions. 
Si on répète une situation, le degré d’anxiété revient de plus en plus vite à la normale.

L’idéal en thérapie est d’aboutir à des expositions qui n’en soient pas : avoir travaillé en amont avec une telle efficacité, que l’exposition devient naturelle, non-problématique. 

Anxiété sociale et Thérapies cognitives et comportemantales


Les troubles anxieux sont éminemment cognitifs : croyances, règles, schémas conditionnent la réaction anxiogène (pensées dysfonctionnelles sur soi les autres, le monde…) La TCC apporte les outils de remise en cause de ces systèmes de représentation inadaptés au bien-être. La résolution d’un trouble anxieux correspond systématiquement à une mutation cognitive. La thérapie cognitive peut constituer un outil de cette évolution. La part comportementale des TCC peut également fournir différents apports : exposition aux situations anxiogènes, désensibilisation progressive, apprentissage des habiletés sociales, de l’affirmation de soi, de l’expression des émotions… Même si la TCC et ses techniques sont d’une influence mitigée sur les processus inconscients, elle permet entre autres au sujet de s’installer dans une démarche agissante, de participer à la remise en cause du trouble anxieux et de développer des compétences et ressources utiles.


Bibliographie


Manuel de thérapie comportementale et cognitive / B. Samuel-Lajeunesse, … / Dunod
L’entretien en thérapie comportementale et cognitive / C. Mirabel-Sarron, L. Vera / Dunod
Les thérapies comportementales et cognitives / N. Jarousse / Ellébore
Précis de thérapie cognitive / C. Mirabel-Sarron, B. Rivière / Dunod
Les thérapies cognitives / J. Cottraux / Retz
Les thérapies comportementales et cognitives / J. Cottraux / Masson
Thérapie cognitive de la dépression / I.M. Blackburn / Masson
Précis de Thérapie comoportementale et cognitive / G. Mihaescu / Editions Médecine et hygiène
Dictionnaire de psychothérapie cognitive et comportementale / D. Nollet / Ellipses
Les bases de la psychothérapie / O. Chambon, M. Marie-Cardine / Dunod

Sophrologie / Relaxation


La relaxation – Définition : recherche d’un état naturel


Lorsqu’on évoque la relaxation, on pense volontiers à une activité de salon plus ou moins ésotérique, sorte de ramollissement somnolent.  
Il n’en est rien. Etymologiquement «Relaxer» signifie «re-libérer», à l’image du prisonnier qu’on relaxe. 

Il s’agit ici de libérer des ressources et énergies nouvelles, présentes en chacun de nous. 

Le relâchement, tout comme la tension sont des états naturels. 

Chaque fibre musculaire a deux possibilités : se contracter ou se relâcher. 

Culture et société modernes nous apprennent à ne pas se laisser aller. L’éducation  est également un facteur déterminant. L’individu, au fil de son histoire oublie le chemin qui mène au relâchement.  
Pratiquer la relaxation, c’est guider corps et esprit vers la redécouverte de cet état physiologique inscrit dans la mémoire cellulaire. 

Se relaxer n’est donc pas un phénomène artificiel ou extérieur. Il s’agit de retrouver et de libérer des compétences perverties par l’histoire de l’individu : la relaxation existe en nous de manière naturelle, se relaxer, c’est donc aussi progresser dans la connaissance de soi-même.  
  
  


Dialogue tonique


Tonus musculaire

La physiologie de l’individu présente deux types de muscles : 

– Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif. 

– Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral. 

Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu.  
  

Régulation 


Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression : 

– Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique. 

 – Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou pu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ.  
  

Fonction et dialogue tonique 


La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu.  Dans sa relation avec lui-même, mais aussi avec son environnement. 

Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle. 

Ce dialogue est  autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation. La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation. 

 
  
  


Pratique de la relaxation


Enseignement 


La relaxation est un enseignement qui tend à l’autonomie du sujet à son développement personnel. Elle nécessite donc une disponibilité minimale, autant intellectuelle que temporelle. Une acceptation, une prise en compte des enjeux, un engagement.  
Le sophrologue ou relaxologue est un pédagogue. Il apporte les outils, techniques, connaissances, un savoir-faire qui manquent au sujet pour accéder à son projet : se retrouver pleinement.  
  

Attention 
Lors d’une séance de relaxation, on recherche un état conscient de détente psycho-corporelle. Qui dit conscience dit attention et maîtrise en dehors de toute pensée ou crispation parasites.  
Le but d’un apprentissage de la relaxation dans le cadre de la gestion du stress est de mettre en situation les connaissances acquises. Une attitude concentrative est donc nécessaire : le sujet parvient à de nouvelles sensations, perceptions et connaissances, les conscientise pour les utiliser ensuite de manière judicieuse et efficace. 


Le lâcher-prise


Il s’agit certainement d’une des notions les plus importantes du développement de l’individu et de l’abord de ses dysfonctionnements. 

Le lâcher prise est généralement perçu comment un renoncement, une non-activité : on s’abandonne. Il s’agit au contraire d’un élément opérateur par excellence : il sous-tend une disposition mentale nouvelle, génératrice de progrès. 

Hors des stimulations externes, des divers déterminismes, on peut intérioriser une démarche, se concentrer sur soi, sur sa propre réalité agissante. L’efficacité de l’individu dans un processus thérapeutique de changement passe nécessairement par sa capacité à lâcher-prise.  
  
  


La sophrologie – Définition


 Étymologiquement, la sophrologie est l »Etude de la conscience en harmonie ». Il est question plus clairement de développer la conscience humaine. 

 La sophrologie est une méthode d’étude et de développement de la conscience, la conscience étant ici la « connaissance immédiate que chacun possède de son existence, de ses actes et du monde extérieur ». 

En élargissant la perception par l’individu des éléments physiques et psychologiques qui le définissent, le sophrologue favorise l’expression de tout son potentiel, permet d’harmoniser l’être avec son existence, d’épanouir sa personnalité dans sa globalité et de contrôler la régulation de son fonctionnement corporel et psychique. 

Il est question  d’épanouissement personnel, d’équilibre, de connaissance et de maîtrise de soi : en développant toutes ses potentialités, l’individu élargit son champ de conscience, c’est à dire la manière de s’appréhender et d’appréhender le monde.  
Il s’agit donc de développement personnel, d’un outil existentiel à but pédagogique, thérapeutique ou prophylactique. 


Outil à prendre conscience


Sophrologie signifie éthymologiquement l’étude de la conscience en harmonie 

Il s’agit d’une méthode d’étude et de développement de la conscience, la conscience étant ici la « connaissance immédiate que chacun possède de son existence, de ses actes et du monde extérieur ». 

En empruntant à Mr Vittoz les principes de sa rééducation psychosensorielle, l’homme a deux facultés : émettre et recevoir :  
– la pensée émet.  
– la conscience reçoit, sous la forme d’images psycho-sensorielle. 

En sophrologie, le sujet développe sa réceptivité, élargit son champ de conscience, c’est à dire la manière de s’appréhender, d’appréhender les autres et d’appréhender le monde. 

La pratique sophrologique constitue donc un outil à prendre conscience. Elle rejoint en cela les idées phénoménologiques. Loin de toute démarche analytique, on porte son attention sur des phénomènes, vécus et intégrés. 

Le bébé n’a un rapport avec ce qui l’entoure que sous la forme d’images sensorielles (chaud / froid, agréable/désagréable, …). Ce n’est qu’avec la conceptualisation par le langage qu’il quitte la sensation « pure » et commence à émettre et à prendre sa réelle dimension cognitive. Les pensées, schémas de représentations, images mentales, façonnées par l’individu en inter-relation avec le milieu dans lequel il évolue proposent alors une vision du monde déformée, réductrice voire dysfonctionnelle. 

La sophrologie permet un juste retour au phénomène, à la sensation. Libéré de tout déterminisme, le sujet peut être en contact avec lui même, développer ses potentiels, se connaître mieux, élargir un champ de conscience jusque là entravé et réduit. 

Si l’on considère la sophrologie comme un « outil à prendre conscience », plus qu’une discipline isolée, il s’agit plutôt d’un moyen efficace d’exponentialiser, de développer toute démarche, pédagogique, thérapeutique ou prophylactique et ainsi d’en accroître les effets.  
  
  


Le schéma corporel


Les difficultés que vit un individu trouvent nécessairement leurs racines dans une disharmonie : 

L’individu est sans conteste le dénominateur commun de ces discordances, l’élément fondateur de la problématique humaine. Avant toute chose, il semble  donc logique et incontournable de se pencher sur l’individu, à travers  son témoin le plus crédible : la corporalité. 

La sophrologie permet à l’individu de prendre conscience de sa réalité physique, sans interférences des déterminismes sociaux, familiaux ou psychologiques. 

La prise de conscience en tant que réalité vécue de son schéma corporel est le chemin aussi sur qu’incontournable de la révélation d’un individu à lui-même. Le corps et le monde des sensations sont les témoins indiscutable d’une rencontre authentique. 


Principe d’action positive


Définition

N’importe quelle action, sensation  positives, vécues par l’être humain sous quelque apparence que ce soit, a des conséquences positives sur l’ensemble de sa conscience.  
  

Pourquoi le positif?

L’homme moderne, malade ou non, n’enregistre le plus souvent dans la vie que des faits négatifs. Le corps n’est envisagé que dans la douleur. Les pensées ou les images mentales sont négatives. Ce phénomène entraîne nécessairement un climat psychologique néfaste. 

Les expériences positives enracinent et justifient l’individu. Il ne s’agit pas de tomber dans un optimisme béat, mais plutôt de redonner au positif sa fonction constructrice. 

En sophrologie, on ne considère plus le passé comme une succession de catastrophes, mais on considère les périodes, actions ou sensations de bonheur passées, en partie oubliées. On les vit, corporellement, mentalement. On réhabilite le corps, la fonction sentiment, et cela de manière positive. 

Ce vécu positif rappelé à la conscience permet d’élargir son champ d’expression, de soulager les difficultés vécues « ici et maintenant » et d’envisager l’avenir de manière plus ouverte. Toute construction se fait sur des sensations positives. 


Réalité objective


La démarche sophrologique s’inscrit dans le réel. Il ne s’agit nullement de se couper du réel mais de s’y adapter, de, développer des ressources adaptées à l’environnement, aux situations. 


L’imagination


Définition 
« C’est la capacité de se représenter des objets, phénomènes ou événements absents »  
  

Réhabilitation 
L’imagination est prépondérante dans l’évolution de l’individu.  Elle ouvre le chemin de voies nouvelles.  
L’imagination, la visualisation d’un projet représentent le premier pas, essentiel, de sa réalisation. 

La recherche d’une évolution, d’un état, de sensations en sophrologie passe donc par une réhabilitation de l’imaginaire et par son utilisation en tant qu’outil de développement personnel, d’évolution ou de changement. 

La respiration


Respiration – Emotion


La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique. 

D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale : 

La vie psychique influe sur la respiration.  
La respiration influe sur la vie psychique.  
  

Fonction respiratoire 



Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la fonction respiratoire.  
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à l’expiration.  
Il assure une respiration ample et abdominale. 

Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un surcroît d’effort. 

En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.  
  

La vie respiratoire

La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage, celle des dormeurs profonds et des animaux. 

L’éducation (« Tiens-toi droit! », « rentre ton ventre »), la vie sociale modifient la respiration naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle. 

Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre émotionnel.  
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme. 

En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage thoracique, crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, … 

Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de conscience de l’individu dans sa globalité. 


Futurisation


Acceptation progressive
Il s’agit de vivre, en état de relaxation et par l’intermédiaire de l’imagination, une situation, un événement à venir sous un angle positif.  
Se projeter confiant et maître de soi, très concrètement, dans un événement qui habituellement pose problème libère de nouveaux axes du possible. L’horizon de l’individu s’élargit, il s’en imprègne : « cela peut bien se passer ». 

Correction sérielle 
Toujours en état de relaxation, le sujet fait alterner images négatives, stressantes et image de bien-être jusqu’à ce que les situations anxiogènes soient vécues sereinement.  
L’individu, peu à peu s’éloigne de son angoisse, se détend, vit calmement les images habituellement perturbantes. Il s’en rend compte, en éprouve plaisir et satisfaction. Là encore, le champ du possible s’élargit.  
Encore une fois imagination et positif ne sont pas de vains outils. L’une sert à conceptualiser, ouvrir le champ du réalisable, l’autre à construire le projet ainsi défini. 


Relaxation et états de conscience


Etat Alpha 
Si vous avez déjà expérimenté une relaxation, vous avez déjà expérimenté l’état alpha. Il s’agit de l’état de relaxation, de « bord du sommeil ». Cette dénomination fait référence aux ondes cérébrales émises en état de relaxation. Aperçu général : 

Ondes bêta : ce sont les ondes émises lors de l’éveil, de toute activité. Elles sont de faibles amplitude et rapides : 14 à 20 cycles/secondes. La panique peut par exemple faire accélérer ses ondes jusqu’à 50 cycles/seconde. 

Ondes Alpha : ce sont les ondes émises par le cerveau lors e l’endormissement ou de l’éveil. etat de bord du sommeil que l’on retrouve dans une séance de relaxation. Le relâchement musculaire entraîne le lâcher prise mental que le relevé de ces ondes manifestent : 7 à 14 cycles/seconde) 

Ondes thêta : c’est la phase de sommeil léger : 4 à 7 cycles par seconde 

Ondes delta : elles correspondent au sommeil profond et en ralentissant encore au coma : 1 à 4 cycles/seconde. 

Etat de relaxation et états de conscience 
L’état de détente, de relaxation recherché en sophrologie est un état naturel. Ce point est important tant il paraît anormal dans nos société de se laisser aller.  
Comme nous l’avons vu, c’est d’ailleurs un état que nous traversons tous au moins deux fois dans la journée : 

– lorsque nous nous réveillons. 

– lorsque nous sommes sur le point de nous endormir. Cet état (sophronique pour les sophrologues) est notamment appelé « du bord du sommeil ».  



Le but en sophrologie est de développer les potentialités de l’individu, avec comme révélateur son degré de développement de conscience (de lui-même, de ses actes, des autres, …). Cette conscience est hyper-disponible en état de relaxation. 

D’un état pathologique, le sujet évolue vers un état normal (ou non pathologique). Mais l’évolution ne s’arrête pas là. L’état de conscience sophronique est recherché, sorte d’hyper-conscience, vigilante, libérée de toute pensée et crispation parasites et donc prête à accueillir pleinement toute sollicitation ou remise en cause. 

Cet état de bien-être (au sens propre), agréable par lui-même, est avant tout un outil d’évolution et de changement. Il a de multiples intérêts. En état de relaxation (niveau sophroliminal) : 

– La détente psycho-corporelle apporte un bien-être immédiat.  
– Les capacités de mémoire et de concentration sont accentuées.  
– La capacité à former des images est plus importante (imagination)  
– Les sensations vécues vont être intégrées sans effort, naturellement.  
– Le lâcher-prise est permis, le champ du possible s’ouvre. – … 


Relaxation dynamique


La relaxation dynamique pratiquée en sophrologie est adaptée au réel, à l’homme moderne. Quittant la dimension statique de nombreuses méthodes de relaxation, il s’agit, en état de relaxation, d’activer la prise de conscience par l’individu de sa réelle dimension. 

L’individu est tout d’abord guidé dans un enchaînement d’exercices qui révèle le sujet à lui-même, par l’expérience vécue et intégrée de sa corporalité. 

De nombreuses disciplines témoignent de zone-types de blocages (chakras, centres energétiques…). Il ne s’agit pas ici d’analyser, mais de vivre pleinement cette dimension corporelle en ouvrant la conscience à ces zones privilégiées. 

La relaxation dynamique, à travers des tensions douces, alternance de mouvement et de repos est un « outil » à prendre conscience : instrument de conquête par l’homme de sa corporalité, de sa prise de conscience d’un schéma corporel toujours évolutif. 

Les mouvements s’effectuent essentiellement en rétention : inspiration – rétention / mouvement – expiration. 

Puisqu’il s’agit de s’ouvrir aux phénomènes, les pauses d’intégration suivant le mouvement constituent l’étape la plus importante. On a pris conscience, on intègre ces sensations ici et maintenant sans a priori ou interprétation. 


Se relaxer debout est une chose étrange, mais essentielle car adaptée au réel. Quand il y a difficulté, tension, mal-être, c’est en relation avec soi, les autres ou le monde. La position première est alors la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme entre exigences extérieures et ressentis intérieurs : être présent à soi et au monde. Position juste que l’enfant possède, installé dans son centre de gravité mais pervertie par les enjeux de nos exigences, celles des autres ou du monde qui nous entoure. 

Ainsi déséquilibré, la confiance ne vient plus pour l’homme de ce qu’il est, corporellement et réellement, mais de ce qu’il pense, de ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les autres. Déséquilibre provoquant tensions, insécurité, rapports conflictuels, …

Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout, responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde. 

Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout, le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au source.  
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de l’être.  
  

 Illustration : Centre de gravité bas, respiration ventrale, jambes légèrement pliées ne gardant que les tensions nécessaires, pieds bien en appui sur le sol, assise du bassin.


Anxiété sociale et  sophrologie, relaxation


Les techniques psycho-corporelles permettent de développer la compréhension des phénomènes et les compétences du sujet. elles permettent de mettre en place des outils de gestion de l’anxiété naturels et efficaces, entre autres dans les moments de forte anxiété, voire de crise paroxystique de type crise de panique. Dans le cadre de l’anxiété sociale, détente et respiration sont des compléments idéaux de l’apprentissage des habiletés sociales… Le schéma corporel en tant que réalité vécue est le premier support du moi, ici, maintenant, état de conscience mobilisant des processus opposés aux mécanismes anxieux. Il permet de recadrer la perception de la réalité sur la corporalité et l’état présent.

Bibliographie sophrologie et relaxation


La relaxation / Jean-G. Lemaire / Payot
La relaxation  – Actualité et innovation vol.1 / Jean Marvaud / L’Esprit du temps
La relaxation – Actualité et innovation vol.2 / Jean Marvaud / L’Esprit du temps
Psychothérapie de la relaxation / S. Cady / dunod
Détente et mouvement en psychothérapie – L’Abord Corporel Thérapeutique / E. Baron – C. Benoit / ESF
La Relaxation active – Le corps, expression de l’être / M. MARTENOT / Le courrier du livre
Le Training autogène / D. Langen / Vigot
Manuel pratique du Training autogène / J.H. Schultz / puf – bibliothèque du psychiatre 
Le Training autogène / C. Brand-Hetzel / Marabout
La relaxation au quotidien / G. Manent / Le souffle d’or
La relaxation au quotidien / G. Manent / Le souffle d’or
La relaxation active à l’école et à la maison / S. Boski / Retz
Des jeux pour détendre et relaxer les enfants / D. Chauvel – C. Noret / Retz
L’enfant et la relaxation / G. Manent / Le souffle d’or
La relaxation thérapeutique et l’enfant / J. Bergès – M. Bounes / Masson
Comment relaxer vos enfants / Y; Davrou / Retz
Relaxation et détente des enfants / P. Barraqué / Jouvence
Sophrologie – Fondement et méthodologie / Dr P-A Chéné / Ellébore
Sophrologie – Champs d’application / Dr P-A Chéné / Ellébore
Manuel de Sophrologie pédagogique et thérapeutique / B. Etchelecou / Maloine
La sophrologie – Chemin vers la conscience / J-Y PECOLLO / Editions du Rocher …
La sophrologie au Quotidien / J-Y PECOLLO / Editions du Rocher
Respirez la vie avec la Sophrologie / G. Manet / érès
Transformez votre vie par la Sophrologie – Guide de Relaxation dynamique et curative / T. Loussouarn / Dangles
Tout savoir sur la sophrologie / R. Abrezol / Editions Randin
La sagesse du corps / Dr B. Fintz / Editions Randin
La nouvelle Sophrologie – Guide pratique pour tous / Dr Claude Imbert / Editions   visualisation holistique – Paris
Le schéma corporel en Sophrologie et ses applications thérapeutiques / M. Declerck / L’Harmattan
Force vitale / P. Vern / La méridienne – Desclée de Brower
L’enfant et la Sophrologie / M. Gilet / La Méridienne
Sophrologie & Enchantements / M-S. Robert-Dantec / Beltan
La Sophrologie / Luc Audoin / Les Essentiels Milan
Former avec la sophrologie / B. Blanc / Chronique sociale
L’énergie et le dynamisme grâce à la sophrologie / Martine Gay / Editions de Vecchi

Hypnose ericksonienne


Présentation


L’hypnose ericksonienne s’appuie initialement sur les travaux et l’influence importante de Milton Erickson, psychiatre du début du XXème siècle et père talentueux de la thérapie brève moderne. 
  

Cette approche n’a absolument rien à voir avec l’hypnose de spectacle que chacun a pu observer. 
  

Il est plus juste d’ailleurs de parler de communication ericksonienne. Le but de l’hypnose  ericksonienne est de permettre au patient d’accéder à son inconscient et ses ressources  dans l’optique de la résolution d’un problème. Les possibilités de cette approche sont donc en théorie illimitées.  
  

Les vertus thérapeutiques sont également très importantes, le sujet se venant lui-même en aide, décidant de ses changements, prenant les décisions qui lui conviennent. 
  

L’hypnose ericksonienne est non-directive (rien n’est imposé), le sujet et ses aspirations sont bien entendu respectés. L’efficacité de la méthode serait d’ailleurs nulle dans le cas contraire.  
  
  


Questions fréquentes sur l’hypnose ericksonnienne


Quelles différences entre hypnose traditionnelle et hypnose ericksonienne?
L’hypnose traditionnelle se fonde sur la suggestibilité de 30% de la population. Elle fonctionnera donc avec une personne sur trois, mais aura des effets limités dans la durée (quelques semaines) Cette démarche traditionnelle ne respecte pas l’écologie du sujet (en lui imposant des comportements, pensées, … qui ne sont pas les siens) est peut donc avoir des effets pervers.
En hypnose ericksonienne, intégrité, libre choix sont entièrement respectés. On aide simplement la personne à trouver ses solutions, ses ressources sans dirigisme quelconque. D’ailleurs, si la personne se sentait entravée ou influencée, elle pourrait tout à fait quitter sont état d’hypnose et quitter la pièce. En hypnose ericksonienne, on ne peut imposer à quelqu’un quelque chose qu’il ne veut pas faire ou qui ne lui convient pas.

Qu’est-ce que l’état d’Hypnose?

L’hypnose est un état modifié de conscience naturel, état que nous traversons tous au cours de la journée sans nous en rendre compte (lorsque nous sommes absorbés par un film au point d’oublier ce qui nous entoure…)Le thérapeute ericksonien ne fait qu’utiliser cet état naturel 

Est-ce que tout le monde est hypnotisable?
Oui, puisqu’il s’agit d’un état naturel. Les moyens d’accéder à cet état vont simplement être différents selon l’individu.

Serai-je conscient pendant la séance d’hypnose ?
Oui. L’hypnose est simplement un état de conscience modifié (comme quand on est dans la lune). Oui, on est conscient, on peut décider de ses actes et on garde son libre arbitre.

Peut-on m’imposer quelque chose?
Non. Toute proposition qui va contre votre volonté, vos valeurs… vous fera sortir de votre état de conscience modifié.


Hypnose et objectif


Chère également à la PNL, la détermination d’objectif est un élément fondateur de la démarche de changement. Changer, mais pour partir de quoi pour aller où ? En cas d’approximation, de nombreux malentendus peuvent se mettre en place :- L’objectif est en fait celui du thérapeute- L’objectif est atteint mais personne ne s’en rend compte, faute de l’avoir clairement défini.- L’objectif est inconnu, la relation thérapeutique devient une espèce de flou artistique illusoire et vide de sens.- etc…Mettre en place une démarche de changement, c’est donc tout d’abord définir un(des) objectif(s). Exemple de structure de détermination d’objectif : 

1) Objectif lui-même : énoncé clair et précis, réaliste,  sans distorsion, omission… ex : « Je voudrais aller bien » est un exemple d’objectif vague et insondable. « Aller bien » peut vouloir dire tellement de choses. Il faut donc définir, matérialiser, poser les « bornes » de ce désir… 
 2) En quoi est-ce important pour le sujet. Pour atteindre un objectif, il est nécessaire d’être motivé et le sujet lui-même a besoin de préciser ces motivations, voire d’en prendre conscience. Il y a dans cette question des valeurs, sentiments importants, prépondérants. Mis à jour, ils « boostent » la motivation à changer.

3) Quand le sujet saura-t-il qu’il a atteint l’objectif ?Là aussi, important de poser le cadre de réalisation, qui pourrait fluctuer, être vague et créer de l’insatisfaction chronique, du découragement… Quand on est anxieux par exemple, on focalise sur un domaine, mais on oublie vite qu’on a focalisé. Installé dans le « toujours plus », on ne se rend pas compte des progrès, paliers pourtant necessaires car moteurs d’une évolution.

4) Contexte de réalisation : quand, où, comment…. ?Bien décrire ce contexte, c’est déjà poser le germe du changement, se projeter, se voir ayant atteint l’objectif. C’est également peut-être se découvrir différent de ce qu’on aurait pu supposer.

5) Ecologie : y-at-il  un problème à changer ? Question un peu surprenante, mais qui est souvent prépondérante : quand un individu change, c’est tout un système auquel il appartient qui évolue avec lui. Anticiper cela, c’est mettre à jour des obstacles au changement. Ex : quelqu’un souffrant du TPA (agoraphobie) a l’habitude d’être accompagné. Une fois le problème réglé, que fera la personne qui accompagnait avant et qui perd ce statut contra-phobique ? En quoi cela va-t-il changer les relations à l’intérieur du système. Et est-ce que cela va engendrer des freins au changement ?

6) Qu’est-ce qui a empêché d’atteindre l’objectif jusqu’à présent ? Consciemment, le sujet a peut-être déjà une idée des obstacles, réels ou imaginés. Là, l’expression de ces obstacles est importante, peut donner déjà un début de réponse à la résolution du problème. 

7) Qu’est-ce qui a manqué jusqu’à présent pour atteindre l’objectif, quelles ressources ? Là aussi, la formulation est importante, la structure même de ce qui est dit, les images, le sujet explique ce dont il a besoin, donne le mode d’emploi, consciemment ou non.

Conscient et inconscient


Tout homme a en lui les ressources dont il a besoin. Mais il n’y a pas accès (ou mal, de manière parcellaire). L’hypnose est un pont, un moment privilégié ou la partie émergée de l’iceberg fait appel à la partie immergée.

Il y a essentiellement deux aspects en nous, conscient et inconscient.  
  

Le conscient, c’est la conscience du moi ici et maintenant, c’est-à-dire les quelques choses que vous êtes en train de faire, les quelques choses auxquelles vous portez attention.  
  

L’inconscient, c’est tout le reste, «ce qui n’est pas conscient», conception ericksonienne très large. Ainsi, consciemment, on peut faire 4 ou 5 choses en même temps, au grand maximum. Alors que l’inconscient gère l’activité des sens, la physiologie, les connaissances, … L’hypnose établit un pont vers cette richesse intérieure.Plus précisément, l’inconscient se définira comme :

1. Un réservoir des savoirs, apprentissages, souvenirs, compétences… que nous avons vécus, intégrés, consciemment ou non. Il y a donc une richesse insoupçonnée et donc en partie inutilisée en chacun de nous. 
  

2. Le régulateur des toutes nos fonctions biologiques. Là encore, il fait fonctionner notre corps, consciemment ou non (équilibres naturels, régulations physiologiques en tous genres autonomes, système immunitaire, …). 
  

3. Protecteur et sage : siège de l’instinct de survie mais aussi de l’intuition par exemple, il sait rendre conscient ce qui est nécessaire au sujet (prises de conscience), mettre de côté ce qui pose problème ou est inutile (refoulement, oubli).Les possibilités de l’inconscient sont donc très puissantes, voire illimitées. En hypnose, on s’adresse donc à l’inconscient, et on lui demande tout simplement de nous aider dans l’optique d’un problème, d’une difficulté ou d’un objectif particuliers. Et comme il est bienveillant, il répond à la demande !


Hypnose et transe


« Hypnose », « transe » sont des termes spectaculaires, voire inquiétants pour certains. Connotation spectacle pour le premier, vaudou, pour le second, la réalité de l’hypnose ericksonienne est toute autre. 

L’Hypnose : l’hypnose telle qu’elle est décrite et développée dans ce site répond à l’appellation d’hypnose ericksonienne. L’hypnose ericksonienne est composée d’un ensemble de techniques (avec ou sans transe) qui visent à permettre au sujet d’utiliser toutes ses ressources, conscientes et inconscientes dans le cadre d’une problématique donnée ou d’une évolution souhaitée.

La transe :  de transir (passer, s’en aller…) représente l’état de conscience modifié (entre veille et sommeil) dans lequel le sujet se trouve pendant la séance d’hypnose. Il ne s’agit pas de grimper au plafond ou de danser frénétiquement mais simplement d’entrer dans un état d’attention intermédiaire, un état d’absorption naturel que nous traversons tous tous les jours (par exemple au cinéma où, focalisé sur le film, on oublie la salle et les gens autour). En hypnose ercicksonienne, cette absorption du sujet sera tournée vers lui-même, ce que l’on nomme focalisation interne. 
Cette focalisation interne naît d’un recul, celui du conscient. Le sujet s’occupe moins de l’extérieur, se tourne donc vers l’intérieur. Les stimuli externes perdent de leur importance. Sorti de ce cadre conscient, le sujet change son orientation à la réalité, s’ouvre à de nouvelles ressources, possibilités d’évolution jusque là inconscientes. Des compétences personnelles se développent : créativité, imagination, ressources de changement, accès à des savoirs, connaissances…

« Faites confiance à votre inconscient » (M. Erickson)


Relation thérapeutique et changement


La relation thérapeutique est souvent un malentendu. Le patient va voir un thérapeute  pour que celui-ci le soigne. Et quand cela fonctionne, ça ne se passe pas comme ça. Médecine paternaliste et dirigismes thérapeutiques de tous poils sont hélas légion et « condamnent » la démarche thérapeutique avant qu’elle n’ait commencé. On ne peut pas déterminer de manière absolue quand ça marche, quoique les éléments fondateurs soient assez nets, mais on peut par contre déterminer quand ça ne marche pas, ce qui n’est déjà pas si mal.

A. Korzybski, linguiste, a écrit un jour : « la carte n’est pas le territoire ». Autrement dit, il y a une réalité objective, inaccessible d’ailleurs, réalité dont nous avons tous une lecture différente. Chacun perçoit à sa façon ce qui se passe (canaux de perception, schéma de représentation, processus cognitifs, langage…). Le premier but de la relation thérapeutique, pour qu’elle soit efficiente, est de trouver un territoire commun. Sinon, autant rentrer chez soi. Les thérapies paternalistes ou dirigistes évoquées plus avant partent du principe qu’il y a une carte meilleure que l’autre. Le thérapeute impose sa carte, au lieu de travailler sur celle de son patient, repérer ce qui est inadapté ou incomplet…

Pourquoi le thérapeute impose sa carte ? 
– Attribution de savoir : il attribue à l’autre les connaissances que lui possède 
– Non-attribution de savoir : il considère l’autre comme ignorant et incompétent dans son domaine de difficulté. 
– Il a l’illusion de contrôler la situation 
– Il projète ses théories, états internes

– Il est proprement incapable de sortir de sa carte 
– Il n’a pas fait dix ans d’études pour laisser quelqu’un d’autre travailler. 
– Il n’a pas le temps (enchaînement des consultations, traites du 4X4 BMW à payer…)

Comment entrer dans la carte du patient ? 
– Garder l’esprit ouvert. 
– Tolérer de ne pas savoir grand-chose 
– Identifier les canaux de perception de l’autre 
 – Etre synchro (synchronisation posturale, langagière, cognitive…) 
– Etablir un objectif qui soit celui du sujet. Si ce questionnement est bien mené, le sujet donne les solutions à son problème. 
– Interroger l’autre pour découvrir sa lecture de la réalité (questionnement le moins orienté possible, interrogations ouvertes…)

ex : 
« – Je viens vous voir parce que je bégaie 
– Ne vous inquiétez pas, voilà ce que nous allons faire, je vais vous expliquer » 
Changement de carte, un peu caricatural. C’est terminé – echec de la thérapie et trou de la sécu.

«- Je viens vous voir parce que je bégaie 
– Vous bégayez ? 
Reformulation à l’identique interrogative – On reste dans la carte du patient 
– C’est difficile… 
– … 
Il suffit d’attendre pour obtenir des précisions sur la carte 
– J’accroche sur les mots quand… 
– Quand ? 
– Quand je suis devant les autres 
– Qu’est-ce que vous entendez par être « devant les autres » ? 
Eclaircissement de la situation en restant dans la carte de l’autre et dans le concret…»

La relation se continue en posant les bases de la carte du sujet : son problème, ses objectifs et ses ressources. Le reste ne respecte pas l’écologie du sujet et sera arbitraire, « non-écologique » et donc superficiel et inefficace (ou peu durable). Le patient a besoin de préciser son problème, de définir son (ou es objectifs) et de découvrir ses ressources. L’irrespect de cette carte est d’ailleurs un des fondements majeurs de l’inefficacité en santé mentale. 
  

Les positions du changement

On parlera, influence systémique, schématiquement, de position basse et de position haute. 
La position basse en thérapie, c’est celui qui s’oublie (demande de l’aide, met de côté ses savoirs, ses ressources), la position haute est opposée (celui qui aide, sait, détient les ressources).

Le malentendu évoqué au début de ce paragraphe s’engramme ici. On a une position haute qui pense détenir le pouvoir des opérations, alors que c’est  la position basse qui dirige. En effet, si elle n’était pas basse, il n’y aurait pas de relation thérapeutique et/ou pas de thérapie du tout.

Pour que le sujet en position basse quitte sa place dans la relation, il est nécessaire qu’il ait les moyens et ressources de monter et que l’autre accepte de descendre. Sinon, la situation perdure (principe des malades abonnés perpétuels au médecin ou des thérapies qui s’enlisent alors qu’on n’a plus rien à dire et que le problème est en fait parfois réglé). Normalement conscient de ces mécanismes, la responsabilité du thérapeute est là : accepter de descendre et permettre au patient de monter, à la relation d’évoluer. Là, savoir, technique et expérience vont devenir opérationnels et efficaces car ils vont être installés dans la carte du sujet et orientés vers l’autonomie.

Hypnose et régression


La régression est une technique hypnotique avancée, à pratiquer avec un thérapeute de qualité. 

Retrouver le passé et le revivre ne sert à rien en soi.  
Par contre, il peut être utile de reconsidérer un événement du passé (la plupart du temps pendant l’enfance ou juste avant). Pour établir une distance, on crée une dissociation : le sujet n’est pas dans l’événement, mais l’observe (il voit, entend mais ressent peu). Dans cette position, l’adulte d’ici et maintenant peut voir le passé sous un nouvel éclairage, comprendre, recadrer sa perception, ce qui n’est pas possible à l’enfant, raisonnant et appréhendant la réalité comme son âge lui permet. La régression n’est pas un outil du passé, mais un outil puissant et efficace de restructuration du présent et de l’avenir.

Régression ou pas ? 
On peut confier la réponse à O. Lockert (1)  :  
« – En cas de « bleu à l’âme » (du aux choses du passé) : soignez le présent. Pansez les blessures. Pas de régression.  
– En cas « d’épine à l’âme » (due aux choses du passé) : soignez le passé. Retirez l’épine et désinfectez grâce à la régression hypnotique »

(1) Hypnose / O. Lockert / IFHE Editions


Prescription de tâches


Peut-être avez-vous entendu parler d’un praticien en hypnose ericksonienne ou d’Erickson lui-même qui prescrivait des tâches étranges voire loufoques. 
Les tâches seront de diférents ordre : 

– Tâches métaphoriques : il s’agit d’exprimer le changement sous une forme métaphorique. A quelqu’un qui rêve de couper les liens avec une maman trop possessive, on peut tout à fait demander d’acheter une corde et d’en couper un bout chaque jour. L’inconscient comprend très bien ce type de message (détruire, enterrer, couper voire brûler, sont des tâches symboliques par excellence).

– Taches ordaliques  : il s’agit de prescrire une tâche plus pénible que le symptôme, à l’apparition du dit symptôme. Par exemple, Erickson prescrivait des tâches insensées aux insomniaquex en cas de réveil la nuit, ce qui fait qu’ils préféraient inconsciemment… ne pas se réveiller.

– Tâches paradoxales : Le but est de prescrire le symptôme au sujet. Le but est de réintroduire l’idée de contrôle du symptôme, de demander au sujet de le produire à la demande.

– Tâches d’apprentissages : proches du comportementalisme, tâches qui permettent de développer les compétences nécessaires à la résolution du problème.


Psychobiologie – Erickson, Rossi


Le terme de psychobiologie correspond ici aux progrès et découvertes mis en place par l’émergence de l’hypnose ericksonienne, non aux errements divers que des gourous en tous genres peuvent mettre en place actuellement. 

Au début des années 50, Milton Erickson a réintroduit l’hypnose dans le domaine thérapeutique, une hypnose ouverte, non-directive. Dans son sillage, l’école de Palo Alto et quelqu’uns de ses élèves, dont Rossi, ont continué son travail et générant un renouveau important dans le champ de la psychosomatique. Rossi effectue un travail considérable dans ce domaine, aidé des progrès et études de la neurobiologie (étude des neuro-transmetteurs qui font la liaison corps-esprit). Depuis peu, la psycho-neuro-immunologie apporte les bases scientifiques de cette approche, jusque-là essentiellement empirique. »L’esprit et le corps représentent deux aspects d’un seul et même système d’information : la vie » (Rossi)Sans entrer dans des détails et termes trop scientifiques, l’élément primordial de ces avancées est l’information (et son traitement). la psychologie, la biologie, la physique, la génétique ou toute approche humaine ont un dénominateur commun : l’information. 

« Toutes les formes d’organisation sur le plan psychologique, physique et biologique, sont en fait des expressions de l’information et de ses transformations » (Stonier)

La transduction : ce terme désigne le processus de transformation de l’oganisation de l’information, ou sa conversion d’une forme à une autre. La transduction est par exemple le procédé qui transforme la suggestion hypnotique, la concrétise en un changement. Transformer la parole en acte générateur.

Concrêtement, nous vivons des événements que nous encodons, nous stockons en les convertissant. Pour celà, nous utilisons les mollécules messagères issues de toutes nos cellules. Le corps est considéré comme un vaste réseau d’information ou tous les systèmes communiquent, imbriqués les uns dans les autres, en inter-relation (génétique, immunologique, hormonal…). Cet encodage est stocké dans le système hypothalamo-limbique du cerveau. Ce système est au centre de la communication de l’information, schématiquement entre le stress et les réponses immunitaires. Selon l’état psychologique, émotionnel du sujet, il peut alors y avoir : 
– adaptation au stress : l’information est traduite, transmise, le sujet s’adapte de manière appropriée. 
– non-adaptation : l’information est arrêtée, ce qui génère le symptôme psychosomatique.

Une répétition de stress va entraîner une altération durable des encodages. Le symptôme psychosomatique est alors stocké de manière erratique comme LE phénomène d’adaptation. Ainsi, même si le stress a disparu, la « fausse » réponse d’adaptation, symptôme psychosomatique, reste et s’installe comme LA réponse.

L’hypnose thérapeutique se penche sur ces phénomènes de traitement de l’information, tous ces processus psychobiologiques naturels de transduction de l’information, de la mémoire, des apprentissages et des comportements en étroite relation avec l’état émotionnel du moment. Et l’état hypnotique est un moment privilégié de contact avec ces processus, moment où affleurent et sont accessibles ces mécanismes complexes qui convertissent l’information psychologique à un niveau somatique.

Psychobiologie de la guérison /  Ernest Lawrence Rossi /  Le souffle d’or 
Du symptôme à la lumière / Ernest Lawrence Rossi / Satas 
Cinq essais de génomique psycho-sociale / Trancelations


Les métaphores


La métaphore dans le cadre d’une recherche d’évolution de changement a été développée par Milton Erickson. Faire une métaphore, c’est sortir un mot ou un  groupe de mot de leur contexte pour les faire passer du sens propre au sens figuré. Autrement dit, la métaphore est une comparaison dissimulée, exprimée sans le mot « comme ». Le sens propre s’adresse à la raison, le sens figuré à l’imaginaire. La métaphore peut prendre la forme d’une image, d’une histoire, d’un proverbe, d’une anecdote, d’une citation, d’un mythe, d’un conte… 

Une métaphore doit présenter quelques critères pour être efficace :  
– Une métaphore, comme toute histoire doit avoir un début, un milieu et une fin.  
– Une métaphore doit être isomorphique, c’est-à-dire reproduire personnes, événements, processus ou problématique de manière équivalente aux critères de la situation réelle.  
– Une métaphore doit respecter la carte de la réalité du sujet : dominante sensorielle, submodalités, metaprogrammes, systèmes de croyance…  
– une métaphore doit être dite en synchro, en calibrant et ajustant en fonction des réactions verbales et non-verbales.  
– Une métaphore doit susciter émotion ou intérêt venant cristalliser inconsciemment les significations et solutions. 

L’usage métaphorique présente plusieurs avantages :  
– La métaphore est suggestive : elle s’adresse à l’inconscient du sujet en déjouant les mécanismes de défense qui se seraient déclenchés avec un message direct.  
– La solution est masquée : elle laisse la possibilité au coaché d’adopter ou non ce qui lui est proposé.  
– Si la solution est choisie par le coaché, cela devient sa solution.  
Une anecdote, une fable une expérience personnelle du coach… sont autant de chemins offerts vers le changement. Le but est toujours d’activer des processus (d’évolution, de changement) chez le sujet. La métaphore évoquera des ressources nécessaires au sujet pour la résolution de son problème. 

Une métaphore pourra être utilisée pour faire intégrer tout élément de la démarche de coaching :  
– Le sujet a en lui les ressources de son évolution  
– L’échec est une information  
– Les difficultés peuvent être surmontées  
– On atteint l’objectif  
– … 

La métaphore thérapeutique, ses contes, ses outils / M. Kerouac / Le germe – Satas 
Contes et Métaphores / L. Fèvre / Chronique sociale 
Contes et métaphores thérapeutiques / D. Gordon / Interéditions


Anxiété sociale et hypnose ericksonienne


L’hypnose ericksonienne offre de nombreuses ressources dans le traitement de l’anxiété sociale. Les interventions peuvent s’effectuer à différents niveaux. Quelques exemples :  
– Traitement de scènes traumatiques 
– Recadrage des systèmes de croyances 
– Désactivation de scènes anxiogènes 
– Remise en cause de l’hyperviilance 
– Recadrage des événements de vie ayant généré les croyances 
– Mobilisation de toutes les ressources internes 
– reprogrammation physiologique et/ou psychologique 
– Motivation, projection dans le changement 
– Prescriptions de tâches : les prescriptions de tâches permettent d’aider la personne à recadrer ou faire évoluer son fonctionnement. 


Bibliographie et liens


Bibliographie idéale sur :

Erickson, hypnose et psychothérapie / D. Megglé / Retz

Un très bon ouvrage pour découvrir M. H. Erickson, l’hypnose ericksonienne et  s’installer dans l’univers ericksonien.

Cours d’hypnose clinique : études ericksoniennes / J-A. Malarewicz / ESF


Destiné aux praticiens de la psychothérapie ainsi qu’à tous ceux que concernent les soins psychologiques, ce cours permet de mieux comprendre que la technique hypnotique, utilisée dans un contexte clinique, n’est pas seulement un outil incomparable mais qu’elle permet également, pour le thérapeute, de mobiliser ses propres ressources créatrices. Or, il n’est pas de bons psychothérapeutes sans le plaisir de la confrontation avec les défis que leurs posent les patients.

Un séminaire avec Milton H. Erickson / J. Zeig / Satas

Enfin accessible au lecteur francophone, ce « Séminaire avec Milton H. Erickson » nous offre l’occasion de nous asseoir parmi ses étudiants. Après qu’il eût cessé sa pratique clinique avec des patients, Erickson a poursuivi ses activités d’enseignant, réunissant autour de lui des cliniciens du monde entier venus s’initier aux conceptions de ce « thérapeute hors du commun ».

Espoir et résilience / D.Short / satas

Cet ouvrage constitue un exposé brillant des différentes stratégies ericksoniennes. Très riche d’enseignement et unique en son genre. Un ouvrage de référence pour le professionnel.

Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant / Olness – Kohen / Satas

Un important ouvrage pour de nombreuses applications cliniques de l’hypnose chez l’enfant.

Métaphores et suggestions hypnotiques / C. Hammond / Satas

Une anthologie de métaphores et suggestions hypnotiques : hypnose classique et ericksonienne. Pour professionnel, à posséder dans sa bibliohèque.


Programmation neuro-linguistique


Définition


Programmation neuro-linguistique » ? Quel nom bizarre ! Effectivement, la légende dit que Richard Bandler, co-fondateur de la PNL avec J. Grindler, a crée ce terme pour impressionner des forces de l’ordre qui s’inquiétaient de son activité professionnelle. De la même manière ce terme aurait été gardé, ajouté à une kyrielle d’autres termes alambiqués pour impressionner des éditeurs frileux.Programmation : tout au long de notre vie, nous programmons des façons d’être, de penser, de se comporter en fonction de ce nous vivons, rencontrons.

Neuro : cette capacité de nous programmer repose sur nos capacités neurologiques. Cerveau, système nerveux nous permettent d’appréhender le monde extérieur, de percevoir, stocker et organiser l’information et de mettre en place telle ou telle réponse. 
  

Linguistique : langage verbal et non-verbal reflètent cette manière de se représenter et d’appréhender le monde.

La PNL va se fonder sur ces phénomènes, à travers une exploration précise des comportements, schémas de pensée et états internes, une analyse des stratégies mises en place ou le recadrage du contenu et/ou du sens du vécu, pour aider le sujet à modifier sa palette de réponses, à évoluer ou changer sa perception.

Un cerveau pour changer / R. Bandler /  Interéditions 1990 
Les secrets de la communication / Bandler /  Le Jour 1982 
Le recadrage – Transformer la perception de la réalité avec la PNL /  Bandler et Grinder / Interéditions 1982 
Transe-Formations – Programmation neuro-linguistique et tehniques d’hypnose ericksonienne / Bandler et Grinder / Interéditions 
Le temps du changement / R. Bandler / La tempérance  
Peurs, phobies et compulsions / R. Bandler / La tempérance

Présupposés PNL


La PNL a théorisé, modélisé la pratique de différents thérapeutes, dont Erickson. Elle a mis en place des présupposés qui définissent assez bien la pratique ericksonienne et l’ »attitude PNListe », en matière de communication, thérapeutique ou non : 

– Chaque personne dispose déjà de toutes les ressources dont elle a besoin. Issu d’Erickson, ce présupposé est capital : nous avons tous les moyens de nous venir en aide. La thérapie est un simple moyen d’y accéder. Le patient ne le pense pas nécessairement, mais si le thérapeute n’en est pas convaincu, là il y a une souci.

– La carte n’est pas le territoire Notre représentation du monde n’est qu’une lecture de ce monde. Elle ne constitue un fait objectif, une réalité. Nos limites sont dans notre carte du monde, non dans le monde lui-même. Changer ce rapport au monde dans le cadre thérapeutique, c’est créer une carte plus adaptée au bien-être.

– Tout comportement, à son origine, est orienté vers l’adaptation et contient une intention positive.Nos actes constituent toujours un meilleur choix possible. Par voie de conséquence, l’acte thérapeutique sera notamment d’ouvrir à de nouveaux choix, d’en élargir l’éventail.

–  Plus une personne dispose de choix, plus elle a de chances de réussir Développement du précedent présupposé, plus on diversie ses possibilités de choix, plus on développe ses capacités d’adaptation, à soi-même, aux autres et au monde.

– Il n’y a pas d’échec, il n’y a que du feed-back (retour d’information)L’échec n’existe pas en lui-même, puisqu’il constitue un apprentissage, une prise d’information utiles dans l’optique d’une amélioration ou ‘un changement.

–  Il est impossible de ne pas communiquer Tout comportement envoie nécessairement des informations. Tout est signe.

–  Le sens de la communication est donné par la réponse qu’elle déclenche.Le sens de ce qui est émis dépend de ce qui est perçu.


Perception / canaux sensoriels


 Nous percevons le monde par nos canaux sensoriels : vue, ouïe, odorat, toucher, goûtChacun a un mode de représentation préférentiel (on ne peut tout faire en même temps).
 Ainsi, par exemple, se rappelant un épisode de surf sur la côte basque, certains vont construire la représentation de manière visuelle (genre carte postale), d’autres de manière auditive (bruit de la plage, des vagues, du glissement de l’engin sur l’eau…) et d’autres enfin de manière kinesthésique (sentir la chaleur du soleil, la fraîcheur de l’air sur le visage, le contact des pieds sur la planche, la perte d’équilibre…)

Quel intérêt ?

Pour le thérapeute, préciser l’orientation du sujet, c’est mettre en place un système de communication efficace. Si vous dites à un kinesthésique : « vous voyez (visuel) ce que je suis en train de dire (auditif), il va répondre « oui », poliment mais n’aura que peu capté (ou pas du tout). Si vous lui parlez en termes de sensations, le discours passera, il se l’appropriera.

Pour un non thérapeute, vous pouvez ici préciser votre domaine d’élection, comprendre pourquoi vous ne comprenez pas quelque chose qu’on vous a expliqué cent fois (mais toujours de la manière). 

Déterminer votre canal de perception privilégié, c’est vous donner l’occasion de convertir, d’adapter toute information pour vous les approprier. 

Pour exemple, parfois un film est désagréable. Et suivant la personne, si on coupe le son du home cinéma ou on déplace les enceintes (auditif), on change pour le noir et blanc on passe du 16/9 au 14/8 ou si on s’installe différemment avec une glace au chocolat (kinesthésique), la (les) perception(s) changent. Votre manière de percevoir est importante et fondatrice en elle-même, avant ce que vous percevez (« peu importe le territoire, l’important est la carte qu’on en fait ») 
  
  


Les niveaux logiques (Action, pensée, changement)


 Autre terme barbare (du à Robert Dilts(1)), il s’agit de strates internes de l’individu construisant son rapport au réel. Les niveaux sont au nombre de six : 

1. L’environnement : où je suis ? Où, quand, comment ça se passe ?L’environnement : nous sommes en interaction. Il agit sur nous, nous pouvons agir sur lui, le modifier. L’environnement va être familial, professionnel, social. L’environnement n’est pas extérieur, nous en faisons partie.
2. Comportement : ce que je fais. Quelle actions, quelles paroles?Comportement : c’est ce qui nous permet d’agir sur notre environnement. Manière de se comporter, de s’exprimer, c’est ainsi que l’autre construit une image de nous.
3. Capacité : ce que je peux. Comment faire ? Capacités : nous les employons pour agir sur notre comportement, au moyen de stratégies, savoir-faire, connaissances innées et acquises.
4. Croyance : ce que je crois. Pourquoi faire cela ? Croyances, valeurs : ce qui est important pour moi  et ma manière d’interpréter ce qui se passe.
5. Identité : ce que je suis.Comment suis-je dans ce que je fais ? Est-ce en accord avec moi-même?Identité personnelle, conscience de moi-même, du rôle que l’on joue.
6. Appartenance : ce à quoi j’appartiens.Avec qui ? Pour qui ? Ce qui donne un sens à ma vie. Conscience du moi dans un tout (culturel, social, spirituel…)

Un dysfonctionnement vient souvent de la confusion de ces différents niveaux. A noter également qu’un problème à un niveau se règle généralement au niveau supérieur. 
  
  

 (1) Croyances et santé / R. Dilts / La méridienne 
  
  


Les submodalités


 Nous encodons tous le réel en utilisant les canaux de perception décrits plus haut. Les submodalités représentent les détails de cet encodage (comment nos 5 sens ont archivé, stocké une expérience). La première submodalité : Associé / Dissocié (acteur/spectateur). Cette submodalité est prépondérante. Si on est acteur d’un souvenir, on le vit de l’intérieur, sans recul : on voit, on entend, mais aussi on ressent à chaque rappel. Si on est spectateur, on se représente dans la situation, on peut établir un recul : on voit, on entend, mais on ne ressent pas. Ceci est important : quand on est dissocié, on ne ressent pas (kinesthésique : sensations corporelles…)  D’un point de vue général, l’intérêt sera d’être- Associé au positif- Dissocié du négatif Les submodalités sont infinies. Quelques exemples :  Canal visuel : Associé/dissocié  – stable/flottant  net/brouillé lumineux/sombre – focalisation/écran large –  image immobile/image en mouvement –  grand/petit – proche/lointain – en trois dimensions/en deux dimensions Canal auditif : Volume sonore –  distribution droite/gauche du son – bruits de fond ou non – paroles ou non – sons graves/aigus – sons proches/sons lointains Canal kinesthésique : Lourd/léger – Chaud/froid – doux/dur – stable/vacillant – consistant/vide – corporalité ressentie, endroits du corps…  « On ressent ce que l’on pense ». Il est donc intéressant de se pencher sur l’encodage du réel vécu, sur les représentations mentales construites… Car agir sur ces représentations, c’est agir sur le ressenti du réel, de l’ici et maintenant : développer le positif, neutraliser ou minorer le négatif, transformer différents souvenirs, différents états internes… 


Ancrage


 L’ancrage est une technique se fondant sur le réflexe pavlovien. Il s’agit d’associer inconsciemment et automatiquement un état interne à un stimulus sensoriel extérieur (image, son, geste, contact odeur…). Notre vie est constituée de succession d’ancrage : voix, situations … nous rapportent invariablement à des états internes (joie, tristesse, motivation, conviction…). Lorsque nous établissons ce lien entre stimulus extérieur et état interne, nous créons ce qui se nomme un ancrage en programmation neuro-linguistique. Dès que l’ancre est stimulée, nous retrouvons l’état interne associé. Les ancres peuvent utiliser un des canaux sensoriels : telle odeur vous replongera par exemple dans l’émotion des repas en famille, telle musique douce vous replongera dans les états amoureux des premiers slow… Le tennisman en serrant le poing lors d’une balle de match a créé inconsciemment un ancrage positif kinesthésique…

On mettra en évidence deux types d’ancre :  
– Les ancres positives rappellent des états internes ressources, positifs (concentration, efficacité, dynamisme, confiance…) 
– Les ancres négatives rappellent des états internes limitants, négatifs (peur, doute, incompréhension…)

Les types d’ancrages :  
– Ancrage auditif : choisir par exemple une expression particulière, un petit groupe de mot, avec un ton, un tempo ou une hauteur de voix inhabituels. 
– Ancrage visuel : choisir par exemple une image, un geste, un endroit dans l’espace. 
– Ancrage kinesthésique : choisir un contact (main sur l’épaule…) 
 


Croyances et apprentissages


 C’est en fonction de ce que nous pensons du monde que nous orientons nos choix. Cette connaissance se construit selon divers processus qui prendront selon le cas, une forme limitante ou enrichissante. Chacun se construit sa carte du monde, nous n’agissons pas sur la réalité mais sur la représentation qu’on en a. Cette nature non-logique et constitutive de l’ego entraine nécessairement des dysfonctionnements. 

1) Généralisation (mise en place des croyances, des jugements de valeurs) : c’est le processus qui vise à tirer une leçon générale d’événements particuliers, premier filtre entre nous et la réalité. Ainsi, on établit des croyances, jugements de valeur. Exemples :Les hommes sont des salauds !La vie est dure.L’homme est un loup pour l’homme Construite sur des événements du passé, la généralisation permet d’installer une illusion de contrôle, illusion de comprendre le présent et de prévoir l’avenir. On entrevoit aisément à la fois son effet rassurant à court terme mais aussi son effet pernicieux à moyen et long terme. 

2) Sélection omissions et distorsions : Ayant mis en place des croyances, on sélectionne ce qui vient confirmer le système, renforcer les croyances. On  en vient à distordre l’information pour qu’elle puisse entrer dans ce cadre de référence. 

3) FiltresNous filtrons donc la réalité, cela plutôt trois fois qu’une : – Filtre neurologique : notre perception de l’extérieur dépend de notre cerveau, de notre système nerveux, de la perception par les sens… – Filtre culturel, social : nous apprécions la réalité selon les critères du groupe auquel nous appartenons. – Filtre personnel : chaque individu est unique, aura donc une conceptualisation du réel personnelle en fonction de ses différentes expériences (éducation, influence familiale, sociale, événements de vie…) .Un des buts en thérapie ou coaching sera donc d’observer  la carte du monde établie par le sujet et de la recadrer de manière adaptée au bien-être. 


Anxiété et programmation neuro-linguistique


Dans le curieux patchwork des techniques PNL, on trouve des outils utiles :  
– Travail sur le système de croyances, sophistiqué et puissant dans les troubles anxieux 
– Travail sur les ancrages, omniprésents et conditionnements opérants 
– Travail sur la phobie 
– Travail sur le meta-modele, la représentation du monde

Bibliographie


Au Coeur de L’Esprit / C. ET S. Andreas / La tempérance 
Un cerveau pour changer / R. Bandler /  Interéditions 
Les secrets de la communication  / R. Bandler /  Le Jour 
Le Temps du Changement / R. Bandler /  La Tempérance 
Derrière la magie / A. Cayrol et J. de Saint-Paul   / InterÉditions 
Le recadrage / R. Bandler et J. Grinder /Intereditions
 Peurs, phobies et compulsions / R. Bandler /  La Tempérance 
 Maitriser l’art de la PNL / C. Cudicio / Editions d’organisation
 Croyances et santé / R. Dilts / La méridienne
 Derrière la magie / A. Cayrol  et J.de Saint-Paul / InterÉditions
 Apprendre à apprendre avec la PNL / A. Thiry et Y.  Lellouche / De Boeck Université
 Comprendre la PNL / / C. Cudicio / Ed. d’Organisation

Thérapie orientée solutions 

Orientation solutions


« Le client construit sa propre solution en se basant sur ses propres ressources et ses propres succes » De Shazer 

A l’image de la psychanalyse, la démarche thérapeutique s’inscrivait encore il y a quelques dizaines d’années dans le passé. Le comportementalisme ou la systémique se sont penchés à partir des années 60 sur le présent, l’ « ici et maintenant ». La thérapie évolue encore actuellement vers le futur : la question essentielle devient « Comment être bien demain » ? L’influence de M.H. Erickson dans ce domaine est prépondérante : dès les années 60, il suggérait à ses patients d’essayer d’autres stratégies sans s’arrêter nécessairement à analyser la structure ou la construction du problème présent. Il était en cela le précurseur de la thérapie orientée solutions exposée sur cette page.

Inspirée des travaux sur la communication de Bateson ou Weakland, de l’approche psychothérapeutique de Milotn Erickson, l’approche orientée solutions est une approche inductive qui s’oriente vers ce qui est utile est générateur de solutions. En d’autres termes, alors que traditionnellement, une démarche de changement se penche sur les problèmes à résoudre, cette approche se centrer sur les solutions à mettre en place : plutôt que « Pourquoi est-ce que ça va mal ? », le questionnement va être : comment faire pour aller mieux ? » 
  
Perspective des points forts


Saleebey expose avec pertinence le pouvoir donné au client dans ce qu’il nomme la Perspective des points forts :

1. En dépit des difficultés de la vie, toute personne possède des points forts qui peuvent être mobilisés pour améliorer sa vie. Les praticiens doivnt respecter ces points forts et les directions dans lesquelles les clients souhaitent les appliquer.

2. La motivation du client s’accroît si l’accent est mis en permanence sur les points forts qu’il a révélés.

3. La découverte de ces points forts requiert un processus d’exploration conjointe entre clients et professionnels ; même un praticien expert ne sait pas, en fin de compte, ce que les clients ont besoin d’améliorer dans leurs vies.

4. Se centrer sur les points forts détourne les praticiens de la tentation de juger ou de blâmer les clients à propos de leurs difficultés, et les pousse à découvrir comment les clients ont réussi à survivre, même dans les moments les plus difficiles.

5. Tous les environnements, même les plus sombres, contiennent des ressources.

Présupposés de l’orientation solutions


Bill O’Hanlon est un élève d’Erickson ayant axé son approche sur l’orientation solutions. Voici quelques présupposés énoncés dans son ouvrage L’orientation vers les solutions (Satas) accompagnés de commentaires.

 « Les clients ont des ressources et des points forts pour résoudre les problèmes 
Souvent les clients, submergés par les difficultés de leur vie, perdent de vue leurs capacités à résoudre les problèmes. Ils peuvent simplement avoir besoin qu’on leur remette en mémoire des outils qu’ils possèdent déjà pour développer des solutions durables et satisfaisantes… dans d’autres cas, on peut les aider à accroître ou à aiguiser certaines de leurs capacités afin de mettre de l’ordre dans leur situation». 

Erickson disait souvent : « il s’agit simplement de faire quelque chose que vous savez déjà faire ». La thérapie mobilise et/ou développe des ressources propres au sujet, déjà présentes. Pour paraphraser le titre d’un livre de L. Duncan, le client est le héros de la thérapie. 


 « Le changement est permanent 
Si vous supposez que le changement est permanent, vous vous comporterez comme si le changement était inévitable. De manière verbale ou non-verbale, vous communiquerez aux clients l’impression qu’il serait étonnant que leur problème puisse persister…Pour nous, l’univers est un monde de changement. Les situations des gens changent en permanence, et c’est le regard qu’ils portent sur les situations qui reste le même quand ils signalent que rien n’a changé. »

Ceci est une profession de foi que le thérapeute doit avoir assimilée pour qu’elle vienne imprégner l’intervention thérapeutique. Cet aspect oriente entre autre l’attention du thérapeute et du client vers ce qui change. Tout change. Ceci induit que le changement est inévitable et qu’un problème qui persiste n’est plus alors qu’une question de point de vue. 

 « Le rôle du thérapeute est de repérer et d’amplifier le changement » 
« En tant que thérapeutes, il est clair que nous avons un devoir. D’abord, celui d’être clair avec nous-mêmes; et ensuite de rechercher chez les autres tout signe de clarté et de leur en donner acte, et de les renforcer dans tout ce qui est équilibré chez eux. » (G. Bateson 1972) 

La thérapie crée une réalité particulière ou ce qui est efficace est amplifié, ce qui ne l’est pas est laissé de côté comme des solutions inappropriées. Les clients sont installés dans un « encore plus de solutions inefficaces qui accentuent le problème », l’intervention doit les placer dans un « encore plus de solutions efficaces qui produisent des solutions » 

Erickson disait : « il ne faut pas une très grande brèche pour que toute la structure de la digue en vienne à changer »


Article incomplet, en cours de rédaction

Eléments de T.O.S. 


« En général, il n’est pas indispensable d’en savoir beaucoup sur le problème pour le résoudre. » 
  
Trop d’information peut « tuer l’information » : «nous avons remarqué que les thérapeutes restent souvent bloqués parce qu’ils ont trop d’informations (et non trop peu), ou trop d’informations sur le problème et pas assez sur la solution. » 
  
L’approche est orientée vers l’expertise du client dans la résolution de son problème. Si on donne  de l’importance au problème… il prend de l’importance. L’enquête doit être approfondie sur les solutions à mettre en place, disséquer la genèse de la difficulté n’est pas forcément nécessaire. 

  
 
Le « pourquoi ça va mal » sert peu à la mise en place de « comment faire pour aller bien ». Influence psychanalytique oblige, la culture de la personne et du thérapeute les orientent vers de tels présupposés (trouver la cause) alors qu’on peut tout à fait résoudre un problème sans en identifier la cause. Ce postulat de l’importance de la recherche de la cause est essentiellement sociétal mais n’a que peu de valeur en terme d’efficacité thérapeutique. 
  

  
Les personnes sont souvent prises dans un cercle vicieux : un élément en a entraîné un autre, jusqu’à constitution d’un système entier qui dysfonctionne. La résolution du problème peut tout à fait suivre la même structure à travers un cercle vertueux : un changement en entraîne d’autres, fait « boule de neige ». 
  
  
« Les clients définissent les objectifs »
 
Ercikson disait : «Chaque personne est un individu unique. La psychothérapie doit donc s’adapter pour aller à la rencontre de la spécificité de l’individu, et non façonner la personne pour qu’elle s’adapte au lit procustien d’une théorie hypothétique du comportement humain. » 
  
Il n’y a tout d’abord pas une manière juste ou valable de vivre sa vie. Ce qu est adapté pour une personne ne le sera pas pour une autre. Seul le client connaît son domaine de définition. De plus, en lui permettant de fixer ses objectifs, on renforce sa position d’expert. 
  

« Il est possible d’obtenir des changements rapides ou de résoudre rapidement des problèmes. » 
  
Les attentes et croyances du thérapeute conditionnent le résultat de la démarche. La thérapie, influence psychanalytique oblige, présente la réputation d’être longue, tortueuse, difficile… Mais il peut tout à fait en être autrement si le thérapeute et le client co-créent une réalité thérapeutique différente. Il n’y a que peu de rapport entre importance ou intensité d’un problème et vitesse de résolution. 
 

 « Il n’y a pas une façon « juste » de voir les choses ; différents points de vue peuvent être aussi valables et s’adapter aussi bien au fait. » 
  
 Toute représentation est valable, ce qui compte est son utilité en fonction de la résolution du problème : l’opinion des gens vis-à-vis de leur problème augmente ou diminue les chances de voir émerger des solutions. Les points de vue qui proposent des solutions sont utiles, les point de vue qui renforcent le problème ou le bloque sont inutiles. Le recadrage de points de vue inutiles est donc un outil puissant de changement. 
 

« L’intérêt est porté sur ce qui est réalisable et qui peut être changé, plutôt que sur ce qui est inaccessible et qui ne peut pas être changé. » 
 
Les objectifs doivent être bien définis et réalisables dans un délai raisonnable. On s’intéresse à ce qui peut être modifié, aux éléments les plus accessibles au changement. On préfère se centrer sur la réalisation d’objectifs modestes, qui auront des répercussions dans les autres domaines de vie. Les grandes conjectures psychologiques ont pour effet, en analysant et étiquetant un problème humain de le cristalliser, de l’augmenter et de le rendre chronique.

D’inspiration ericksonienne, la thérapie orientée solutions (« T.O.S. ») va répondre à une démarche précise et une orientation intéressante. Il s’agit d’une philosophie particulière et novatrice de l’accompagnement, pétrie de bonnes idées donc chaque coach ou thérapeute pourra extraire l’essence utile. La colonne vertébrale d’une T.O.S. est présentée ici : 

1. Contact : « En quoi puis-je vous être utile ? » 

 
Comme dans toute démarche de changement, la première étape consiste tout d’abord en l’exposition d’une problématique. La première question, traditionnelle en T.O.S. a toujours sensiblement la même forme : « En quoi puis-je vous être utile ? ». La réponse du sujet va correspondre à un exposé du(des) problème(s). En T.O.S., on écoute avec respect cette plainte, on approfondit si nécessaire pour plus de précision : « En quoi est-ce un problème pour vous ? » Mais déjà, l’idée de transformer la problématique en objectif centré solution est présente. 

2. Elaboration d’objectif :

« Qu’est-ce qui sera différent dans votre vie (votre pratique, vos résultats…) quand le problème sera résolu ? » 
La détermination d’objectif a déjà été traitée dans les pages de ce site consacrées à l’hypnose ericksonienne. La T.O.S. apportera néanmoins certaines innovations ou techniques : l’accent est porté sur ce qui sera différent quand le problème sera résolu. La technique de la question miracle est abondamment utilisée.

Question miracle 
Voici textuellement la question miracle de De Shazer : « Maintenant je voudrai vous poser une question bizarre. Imaginez que pendant que vous dormez la nuit prochaine et que toute la maison est calme, un miracle se produit. Le miracle consiste en ce que le problème qui vous a amené ici est résolu. Cependant, comme vous êtes endomi, vous ne savez pas que le miracle est arrivé. Alors, quand vous vous réveillez demain matin, qu’est-ce qui sera différent qui vous dira qu’un miracle a eu lieu et que le problème qui vous a amené ici est résolu ? » 

Intérêt de la question miracle :  
– On entre en matière, dans la résolution du problème. Le sujet donne les ingrédients, décrit le processus du changement. 
– La question ouvre le champ des possibilités. Et l’imagination est le germe du futur.

Autour de la question miracle :  
La projection dans le miracle accompli va permettre d’amplifier certains aspects de la détermination d’objectif :

– « En quoi est-ce important pour vous ? »  
Peu importe que l’objectif soit important pour le thérapeute, il doit l’être par contre pour le client. Cette importance animera la volonté de changer, d’évoluer et de mettre en place de nouvelles solutions.

– « En quoi les choses seront-elles différentes autour de vous ? »  
Un individu se définit entre autres par ses relations. L’aspect systémique est également fondateur du changement ou de l’évolution. Les potentialités, désirs, forces… de l’individu dépendent des pensées à son sujet qu’il peut prêter aux gens qui comptent pour lui. 

– « Dans quelle situation spécifique ce serait différent ? » 
Le client peut avoir du mal à envisager un changement complet, mais plutôt une amélioration dans certaines situations plus précises. 

– « Qu’est-ce qui se passera de positif ? » 
Le thérapeute doit amener le client a faire une description positive et si possible, au présent : il s’agit non pas de décrire l’absence d’un problème mais d’observer et d’expérimenter même la présence de solutions.

– « Quel sera le premier signe que quelque chose à changé ? » 
Le client recherche souvent un résultat final, voire absolu. Il a besoin de prendre conscience des différentes étapes de son évolution. Le questionnement sur la première étape permet de créer une attente concrète, réaliste et d’installer le sujet dans le processus de changement.

– « En quoi cela changera pour vous ? » 
Cette question permet de centrer le sujet sur lui-même, de l’installer dans la dynamique du changement. 

– « Concrètement, qu’est-ce qui changera ? » 
Les termes du changement décrit doivent correspondre à un objectif correctement défini : concret, réaliste et mesurable.

– « En quoi est-ce un défi pour vous ? » 
L’idée de tâche à accomplir, de défi est importante à générer. Ces aspects développent la motivation et l’investissement personnel du sujet. On peut même monter lors de l’entretien au sommet des niveaux logiques (appartenance, mission, ….), aligner toute la personne sur l’objectif (les niveaux logiques sont présentés dans les pages traitant de la PNL).

3. Explorer les exceptions : les moments où ça se passe bien.

Lorsqu’un sujet fait une démarche de thérapie ou de coaching, il est « orienté problème ». Il peut d’ailleurs évoquer longuement ses difficultés, dans les moindres détails : en T.O.S., plus on parle d’un problème, plus le problème grossit. Mais à l’inverse plus on parle de solutions, plus les solutions prennent leur place dans la réalité du sujet. On peut bien entendu à titre d’information recevoir les manifestations négatives de la problématique, mais l’outil essentiel sera constitué par les moments où le problème ne se produit pas : les exceptions. D’après De Shazer, les exceptions sont « ces expériences passées de la vie du client où le problème n’est pas apparu alors qu’on aurait pu s’attendre raisonnablement à ce qu’il surgisse ». il est noter que l’exploration des exceptions peut se faire de manière associée (perceptions du sujet), mais aussi dissociée (perceptions que pourrait avoir un observateur extérieur).

Prendre conscience des exceptions 
Pour mettre en valeur et développer les exceptions, il est d’abord nécessaire que le client prenne conscience de ces moments d’exceptions. Le questionnement vise à générer cette prise de conscience. 
– En associé : « Est-ce qu’il y a eu des moments où le problème ne s’est pas produit ou était d’une moindre intensité ? » 
– En dissocié : « Si je demandais à votre femme s’il y a eu de meilleurs jours, que répondrait-elle ? »

Exceptions délibérées ou aléatoires 
Les termes de « délibérées » et « aléatoires » sont issus de la théorisation de De Shazer.  
– Exception délibérée : le sujet peut donner la genèse de l’exception. On pourra enchaîner sur une modélisation  ou une prescription de tâche (« Faire plus de la même chose »). 
– Exception aléatoire : le sujet ne peut donner la genèse de l’exception. Il pourra alors lui être demandé d’observer les prochaines exceptions et de noter ce qui se passe.

Demander des précisions 
Il s’agit de relever les critères de différence des moments d’exception : « Qu’est-ce qui diffère quand ça ne se produit pas ? » les différences peuvent se faire à différents niveaux : lieu, objets, personnes, temporalité,…

A tout moment de cette démarche, il est important de s’inscrire dans la carte du sujet dont les éléments sont éxposés dans ls pages de ce site traitant de PNL et d’hypnose ericksonienne : canal dominant, métaprogramme, valeurs, croyances… Plus la synchronisation entre thérapeute et client sera développée, plus la relation sera pertinente et les solutions individualisées et efficaces.

4. Feed back et tâches 


De Shazer prône une structure tri-partite : compliment, pont et tâches.

– Compliments : le compliment renforce et motive le client. Il valide ce qu’il perçoit et ce qui est important pour lui. Là aussi, avec le compliment, il y a orientation solution. Ils dynamisent et installent l’individu dans son processus de changement : à travers ses points forts et les exceptions, il possède les moyens de son évolution.  En cela, on retrouve le précepte ericksonien ou PNListe qui établit que chaque homme a en lui les ressources de son évolution. 

– Pont : le pont se trouve entre compliment (constat) et tâches (passage à l’action). Le pont effectuera donc une transition entre forces, potentialités et action à travers une évocation de l’objectif.

– Tâches : en T.O.S., des tâches sont prescrites. Ce sont exclusivement des tâches d’observation et des tâches de comportement. Il s’agira donc de recueillir des informations concernant les moments d’exceptions ou de développer les facteurs créant ces exceptions.Jérôme Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant à l’Institut Normand de Coaching et de Thérapies Brèves

Bibliographie


Bibliographie idéale sur : 


Guide du thérapeute au pays du possible / W.H. O’Hanlon & S. Beadle / Satas

Un livre orienté solutions sur la communication. De nombreuses techniques, simples et pratiques sont proposées par Bil O’hanlon.

Les mots étaient à l’origine magiques / Steve de Shazer / SatasDans le droit fil de ses précédents ouvrages, Steve de Shazer souligne ici l’importance d’une étude attentive de la conversation thérapeutique.


Orientation vers les solutions / W.H. O’Hanlon / Satas

Un ouvrage fondateur de la thérapie orientée vers les solutions. Dans ce livre, deux cliniciens réputés pour la clarté et l’humour de leurs séminaires, retracent l’évolution de cette approche, mettent en relief les hypothèses qui favorisent les changements, et proposent ensuite des lignes directrices claires, concrètes et détaillées pour transformer la théorie en pratique. Pour professionnel, indispensable. 

De l’entretien à la solution : l’accent sur le pouvoir des clients / De Jong & Berg / Satas

Ce livre passionnant est consacré aux techniques d’entretien basées sur la thérapie centrée sur la solution, une approche particulièrement adaptée aux impératifs actuels de la pratique dans les professions d’aide.

Thérapie conjugale brève / O’Hanlon / Satas

En rupture radicale avec les techniques traditionnelles de la thérapie conjugale, les auteurs utilisent la puissance de la confirmation personnelle et des stratégies orientées vers les solutions pour sortir des impasses de la vie de couple. Ils aident les couples à trouver des problèmes qui peuvent être résolus, à agir en collaboration et à changer les comportements destructeurs.


THERAPIE STRATEGIQUE
Présentation



Comme l’écrit P. Watzlawick (Stratégie de la thérapie brève / Seuil), l’approche stratégique est « une école de pensée qui étudie « comment » les êtres humains se rapportent à la réalité, ou, mieux, comment chacun de nous entre en relation avec soi-même, avec les autres et avec le monde ». Nous pouvons reprendre en détail cette définition : 

 Le sujet construit « sa réalité » et réagit en fonction de cette lecture personnelle. L’école de Palo alto, pionnière de l’approche stratégique définit deux niveaux de réalité : 
– Réalité de premier ordre : il s’agit de la réalité que nous percevons à travers nos sens. 
– Réalité de deuxième ordre : il s’agit de la signification que nous attribuons à ces perceptions. 

 Tout comportement, adapté ou non au bien-être est alors « le produit d’une relation active entre nous-mêmes et ce que nous vivons ». Toute personne vivant des difficultés souffre de sa relation au monde. Le centre de l’attention est alors l’individu en interaction. Une intervention est alors nécessairement systémique

 Autre particularité de l’approche stratégique (et plus généralement des thérapie brèves d’inspiration ericksonienne) : le thérapeute s’intéresse au « comment » plutôt qu’au « pourquoi » (central par exemple en psychanalyse). On s’intéresse ici au processus menant à la problématique (le rapport à la réalité et les tentatives de solutions mises en œuvre), plutôt qu’au contenu (la réalité elle-même).    

AFFIRMATION DE SOI





Rétention et expression des émotions


On a confiance dans ce qu’on connaît. Pour connaître, il faut avoir pu rencontrer, avoir pu établir une relation. Avoir confiance en soi, c’est donc se connaître et pour cela se rencontrer, établir une relation avec soi. La base de cette relation est informative. 

« Laisser entrer et sortir les informations sur soi. »

Les informations qui sortent le sont au travers de l’expression de soi : expression de ses désirs, opinions, besoins, émotions… Et la personne timide a quelques difficultés a faire cela, alors qu’éthymologiquement, émotion vient de e movere, qui veut dire « sortir ». Une émotion est faite pour sortir.  Retenue, elle mène à l’angoisse, à la perte de contrôle inéluctable.

D’où vient ce phénomène de rétention des émotions ?

Les explications peuvent être nombreuses. Prenons ici l’exemple de la peur, phénomène central de la timidité ou de toute manifestation anxieuse. Les émotions expriment les besoins essentiels de l’individu. Par définition, la peur exprime le besoin d’être rassuré. Mais rassuré sur quoi ? La personne timide vit un profond décalage entre la réalité souhaitée, absolue (ce que je voudrais / devrais être) et la réalité ressentie, posée comme réel (ce que je pense être). Le doute s’insinue à ce niveau : « je devrais être ainsi et je suis comme ça ». Le monologue intérieur de l’anxiété sociale naît de cette dichotomie : « On parle pour dire des choses intelligentes, et je n’ai rien d’intéressant à dire »… De même pour l’anxiété de performance (trac) : « je devrai pouvoir faire cela, et je ne vais pas y arriver… ». 

Au moment de l’enfance, le décalage est profondément vécu, ressenti. D’où la peur et le besoin d’être rassuré. Mais c’est aussi la période où on est le plus apte à ancrer un comportement inadapté. Au moment du doute, de la peur ou de l’émotion, il va y avoir schématiquement deux options :   

1) L’enfant, l’adolescent exprime ces doutes, sa peur, son besoin d’être rassuré. Il trouve des interlocuteurs suffisamment nombreux pour l’écouter et le rassurer. Le doute s’atténue, pour disparaître avec la répétition des réassurances.     

2) L’enfant, l’adolescent n’exprime pas ses émotions, ne trouve pas d’interlocuteur attentif… ou pas d’interlocuteur du tout. Le doute se développe, jusqu’à la peur voire la phobie.

Comment en vient-on à ne pas exprimer ses émotions ?    

L’élément le plus important est culturel, social :    

– Exprimer ses émotions, c’est être faible : « Tu es un homme. Un homme ne pleure pas ».  L’enfant ne va pas être écouté, on va plutôt l’ « endurcir  pour son bien » : « Tiens-toi, on nous regarde », « Tu es grand maintenant, arrête ton cinéma»… La peur d’un enfant est souvent mal perçue, mal vécue, mal négociée, sans doute d’ailleurs parce que l’adulte lui-même n’a pas complètement aplani ses propres difficultés et que lui-même a encore un peu peur de ceci ou de cela.

– Notre société est rationnelle, scientifique. Nulle place donc pour l’irrationnel : « Comment peux-tu avoir peur !», « Tu n’as aucune raison de craindre ces personnes», « Tu perds la raison ! »…     

Face à ces réactions, nouveau dilemme (par nature insoluble) pour l’enfant ou l’adolescent : exprimer ses émotions et perdre l’amour de ses parents ou garder ses peurs qui, intériorisées, ne vont faire que croître et embellir. Dans la réalité, il y aura souvent va-et-vient entre ces deux options, aussi insatisfaisantes et nocives l’une que l’autre.  

Et puis, au fil du temps, cette genèse s’efface et pour une raison profonde qu’il ignore, quelqu’un de timide ne s’exprime pas de peur par exemple de paraître égocentrique, faible ou égoïste. Mais reconnaissons qu’il y a une belle marge de la timidité à l’égocentrisme. Et que pouvoir exprimer ces émotions constitue plutôt une force (comme en témoigne la quantité de personne qui a des difficultés à le faire). Dans tout système de communication interpersonnel, il y a la place pour une expression salutaire et pondérée de soi dans le respect de l’autre. Ce que l’on nomme affirmation de soi : 

« Je » + sincérité + émotion » 

L’expression de soi est une compétence qui peut s’initier hors des situations problématiques pour se développer et devenir un outil de gestion de l’anxiété.

« J’identifie mes besoins, désirs, émotions et je les exprime »

Abordons simplement ici trois entraves à l’expression des émotions fréquemment rencontrées :

1)  Un des freins à l’expression des émotions est due à une image déformée de celle-ci. L’expression des émotions est souvent perçue comme une espèce de débordement émotionnel. Mais il n’y a justement débordement émotionnel que quand on retient ses émotions. Il s’agit de l’effet « cocotte minute ». Si une émotion est exprimée au moment ou elle est ressentie, sans retard, il n’y a pas débordement émotionnel.

« Si j’exprime au moment où je ressens, il n’y a pas débordement ou perte de contrôle »

2) L’expression des émotions peut également être considérée comme un conflit potentiel. Il y a souvent confusion entre expression des émotions (« Je ne comprends ») et déclaration de guerre (« Ce que tu dis est incompréhensible »). Quand on s’exprime, on parle à la première personne. Le « tu » est synonyme de conflit (on parle pour l’autre, qui effectivement ne va pas apprécier, les informations vont être déformées…)

« Si je respecte la forme je + sincérité + émotion, cela se passera bien »
 

3) Enfin, comme évoquée plus haut,  il y a une croyance assez répandue qui dit qu’exprimer ses émotions, sa sensibilité, c’est être faible. C’était peut-être vrai dans l’univers des cow-boys. C’est en masquant (sans succès) des failles que l’on se sent vulnérable. Si on s’exprime librement, il n’y a plus de faille. L’expression de soi est une force, non une faiblesse. D’ailleurs, s’il s’agit d’une faiblesse, pourquoi tant de gens ont-ils du mal à le faire ?

Ce domaine de l’expression de soi à travers entre autres l’affirmation de soi, le développement des compétences sociales, sera développé plus loin.

Mais la connaissance nécessaire à la confiance en soi n’est pas essentiellement psychologique. Le premier support de chaque individu est le corps. Etre présent à soi même, c’est aussi être conscient de sa réalité corporelle. Les manifestations physiologiques de l’anxiété sont nombreuses (souffle coupé, transpiration, tête vide, …). Elles sont à dominante respiratoire et tensionnelles. Développer des compétences corporelles est donc pertinent dans l’optique de la timidité ou plus généralement de l’anxiété sociale.

« Le premier support est le corps »


Affirmation de soi


L’affirmation de soi est décrite par Alberti et Emmons, premiers auteurs sur le sujet (1970) comme un « comportement qui permet à une personne d’agir au mieux de son intérêt, de défendre son point de vue sans anxiété exagérée, d’exprimer avec sincérité et aisance ses sentiments et d’exercer ses droits sans dénier ceux des autres ». 

Les techniques d’affirmation de soi visent donc à développer le compétences sociales verbales et non-verbales. Ces techniques sont conseillées à toute personne souffrant d’anxiété sociale. Dans le cas d’une timidité relative, elles vont être directement efficaces et parfois suffisantes. Dans le cas de troubles anxieux plus développés, si elles ne représentent pas LA solution, elles apporteront nécessairement au sujet, à un moment ou à un autre de son évolution. La phobie sociale par exemple peut entrainer un non-développement de compétences auquel il est parfois utile et/ou nécessaire de remédier pour être à l’aise, une fois sorti du trouble anxieux incontrôlable. 

Les articles de cette page présentent les notions et outils essentiels de l’affirmation de soi. 


Passif, agressif et affirmé


Prenons un exemple. Anatole prête sa tondeuse à Gaspard. Un mois plus tard, Anatole n’a pas de nouvelles de Gaspard et de la tondeuse, alors que le besoin commence à s’en faire sentir. Dans ce cas de figure, trois solutions, schématiques :
1) Anatole ne fait rien, attend, malgré le développement amazonien de son jardin. Résultat : Anatole ne peut pas tondre son gazon. La forêt vierge se développe et un orage conjugal éclate.
2) Anatole, ne tenant plus, téléphone à Gaspard : « Espèce de malpoli! Tu as une heure pour me rapporter ma tondeuse! » Résultat : Anatole a une chance sur trois de récupérer sa tondeuse (dans un état de fonctionnement  hypothétique) et se fâche avec Gaspard.
3) Anatole va voir Gaspard : « je comprends que tu en as peut-être encore besoin, mais je voudrais récupérer ma tondeuse aujourd’hui » Résultat : Anatole a de fortes chances de récupérer sa tondeuse, de tondre son gazon (et ainsi de sauver son mariage) et de rester ami avec Gaspard.
Dans le premier cas, Anatole a un comportement passif, dans le deuxième cas un comportement agressif, dans le troisième cas, un comportement affirmé.

On peut déduire de cet exemple, qu’un comportement affirmé :  
– Exprime clairement et fermement son objectif  
– Prends en compte l’interlocuteur, entretient voire développe la relation  Un des constituants générateur du comportement affirmé est donc la notion d’équilibre (ce que l’on nomme parfois 50/50)

 PassifAgressifAffirmé
MOI++
L’AUTRE++
 DeséquilibreDeséquilibreEquilibre

Informations entrantes et sortantes


Même si elle n’en dépend pas exclusivement, la confiance en soi est à mettre en liaison avec ce concept d’affirmation de soi. Nous l’avons vu : « On a confiance dans ce qu’on connaît » et « pour connaître, il faut avoir pu rencontrer ». La confiance est donc une affaire d’information. 

« il y a deux types d’informations, les informations entrantes et sortantes »Comme évoqué, dans les étapes précédentes, la timidité, manifestation anxieuse, s’installe comme un filtre entre soi et l’extérieur : elle bloque ou déforme les informations. On se connaît donc moins bien ou mal. Développer sa confiance en soi, c’est donc notamment rétablir la libre circulation des informations. Voici un tableau récapitulatif (non exhaustif) :

Informations entrantesInformations sortantes
ComplimentsEmotions
CritiquesBesoin, envies
Remarques extérieuresCapacité à dire non
Marques d’attentionCapacités diverses à entrer en contact
Informations entrantes diversesInformations sortantes diverses

Informations entrantes


Nous examinerons d’abord les informations entrantes. Ces compétences vous sont étrangères ou difficiles. Elles peuvent donc vous sembler superficielles à la première utilisation. Mais en pratiquant, vous trouverez rapidement une belle satisfaction à les développer puisqu’elles nourrissent la confiance en soi et ainsi le bien-être. Examinons deux aspects essentiels :

1) Le compliment : il fait partie des informations entrantes. Un compliment, c’est une information, une évaluation externe provenant de l’extérieur. L’accepter, c’est se donner les moyens de mieux se connaître et de développer sa confiance en soi. Souvent, la personne timide refuse, récuse le compliment ou le remet en cause (« non, c’est rien », « tout le monde peut le faire ») Alors que ça ne la regarde pas ! C’est une information externe qui n’a pas à être déformée par un jugement interne.

« Accepter les évaluations des autres, c’est se donner les moyens d’un connaissance plus objective de soi-même » 

Comment ?

La première et unique chose à faire en matière de compliment est de l’accepter. Puis de terminer chaleureusement pour que le phénomène se reproduise.

Exemple :

« – Ton nouveau pantalon est splendide !

– Merci, ça me fait plaisir qu’il te plaise ».

2) La critique : ressentie comme une profonde remise en cause voire comme une agression, la critique est mal vécue.  Quelqu’un nous donne un avis négatif. Lorsque celui-ci est émis, la seule solution constructive est d’en tirer quelque chose d’utile.

Comment ?

Quand on reçoit une critique, vraie ou fausse, peu importe :

– On écoute jusqu’à la fin l’interlocuteur, en étant centré sur lui, sur ce qu’il exprime.

– Si la critique est floue, comme c’est souvent le cas (l’interlocuteur lui aussi a des filtres généralisants…) on reformule, on aide l’interlocuteur a préciser.

– Si la critique est vraie, on remercie, si elle est fausse, on s’affirme, à plusieurs reprises si nécessaire (disque rayé : s’affirmer, précisément, de manière répétée, sans dériver ou se justifier)

Exemple : « – Votre travail ne va pas (affirmation vaste, floue, qui peut permettre très rapidement à la situation de dégénérer)

– Mon travail ne va pas ? (reformulation)

– Oui, il y a une erreur dans la page du bilan trimestriel.

– En quoi me suis-je trompé dans la page du bilan trimestriel ? (précision)

– Vous avez oublié une colonne pour la TVA dans le tableau n°12

– Oui, effectivement, je vous remercie »

On le voit avec ces deux domaines du compliment et de la critique, l’important pour tout message entrant est d’être centré sur l’autre, d’oublier ses filtres personnels et de recevoir le message, en le précisant si nécessaire. Et enfin, d’être chaleureux pour encourager le compliment ou désamorcer la critique, prendre soin de la relation. Dans toute relation il y aura trois pôles dont il faut prendre soin de manière équivalente : 


Les informations sortantes


Les informations sortantes sont constituées par tout ce que nous exprimons. Et en matière de timidité, il y a là un manque évident. La personne timide ne parle guère, s’exprime peu. Nous avons déjà abordé un des axes importants en ce domaine, l’expression des émotions mais d’autres notions et compétences sont importantes. Les informations sortantes sont exprimées essentiellement à travers l’affirmation de soi. Nous allons préciser ici cette notion abordée dans le dernier chapitre. Une affirmation de soi satisfaisante va répondre à des critères précis. 

Une bonne affirmation de soi :

1. Identification du besoin : « Qu’est-ce que je veux ? » L’objectif doit être clair et précis (demander ou refuser quelque chose, donner une opinion …) 2. Début d’affirmation prenant soin de la relation en prenant en compte les désirs ou aspirations de l’autre : « Je sais que ça n’est pas forcément facile en ce moment, mais… » 3. L’affirmation elle-même, calme et sereine : « … je ne peux pas prendre en charge ce dossier» 4. Stratégies : en cas de resistances ou de difficultés :Ce que l’on fait : on adopte la tactique du disque rayé, en affirmant à nouveau avec fermeté, en étant plus calme à chaque réaffirmation.Ce que l’on ne fait pas : on ne se justifie pas, on ne laisse pas la conversation se développer ou dériver. On n’offre pas de prises » à l’interlocuteur.5. Fin de l’affirmation prenant soin de la relation : « Je te remercie de ton attention… »

Les obstacles à l’affirmation de soi


 Peur du jugement : « Qu’est-ce qu’il va penser de moi ? » « Il va me trouver… »
Nous rejoignons là le besoin de reconnaissance déjà décrit. On peut vivre sans plaire à tout le monde. Le fait de ne pas s’affirmer peut être également l’objet d’un jugement. En utilisant les outils dans ces pages, vous constaterez que l’affirmation de soi bien menée améliore la relation et donc entre autres le jugement des uns sur les autres. Une affirmation de soi respectueuse de l’autre ne peut qu’entraîner des effets positifs. 

Peur d’être ridicule : « Ils vont me trouver idiot ». Voisine de la peur du jugement, cette peur est fréquente. Si on n’a pas besoin de la reconnaissance pour vivre, on peut dire également que le ridicule ne tue pas : là encore, l’enjeu du discours est dramatisé. De plus, quelqu’un qui exprime ses besoins, valeurs ou émotions n’est jamais ridicule mais plutôt susceptible de générer de l’admiration. 

 Peur de l’échec : « Je dois me tromper », « Si je n’y arrive pas, quelle catastrophe ! ». 
Chacun a le droit à l’erreur et les échecs sont autant d’informations pour progresser. Une erreur n’est pas une chose atroce mais une preuve d’humanité. C’est aussi l’occasion de communiquer encore plus pour trouver d’autres solutions.

 Peur de déranger : « Il va me maudire si je l’arrête dans son travail »
Si on a peur de déranger, on utilise la formule consacrée : « Excusez-moi, j’ai peur de vous déranger mais je désirais votre avis ». L’interlocuteur rassure alors et devient disponible, car flatté qu’on ait pris en compte son désagrément éventuel et qu’on vienne lui demander un renseignement.


Eléments de communication

Communication non-verbale


La communication peut être verbale ou non-verbale. La partie verbale correspond au contenu du discours. La partie non-verbale désigne tout ce qui accompagne le contenu du message. Cette partie non-verbale représente d’un acte de communication. Nous allons donc nous pencher sur les différents éléments qui la constituent, en reprenant schématiquement 5 éléments, définis au cours de cette méthode :

 Le regard
 Le visage
 La voix
La posture
 L’espace

 Le regard : l’important dans le langage non-verbal est d’être en adéquation avec le langage verbal et d’apporter les signes complémentaires nécessaires à la compréhension par l’interlocuteur. Dans le cadre d’une difficulté comme la timidité, le regard, la plupart du temps, ne va pas venir renforcer ce qui est dit voire être en contradiction avec le contenu du discours : le message va devenir flou, le récepteur manquant d’informations pour décrypter ce qui est dit (verbalement et non-verbalement). En occident, quelqu’un regardant son interlocuteur dans les yeux est globalement ressenti comme quelqu’un de fiable et d’affirmé.

Pour éviter une systématisation qui pourrait être gênante, on considère que dans un acte de communication satisfaisant, on regarde son interlocuteur :

– Quand l’interlocuteur parle, en signe d’écoute.

– Quand on dit quelque chose d’important, en signe de renforcement

– Quand on pose une question, qu’on sollicite un avis, en signe d’intérêt

Le regard – PratiqueTâches d’observationObservez au cours de la journée, des personnes :w Evitant le regard : que ressentez-vous ? Qu’en pensez-vous ?
w Regardant les personnes qui sont en train de leur parler : que ressentez-vous ? Qu’en pensez-vous ?Tâches de comportementLors de vos conversations :w Développez votre compétence à regarder celui qui vous parle. Si vous avez du mal à regarder dans les yeux (vision focalisée), regardez son visage de manière plus globale (vision défocalisée). Le regard doit indiquer : « Je t’écoute »w Développez votre compétence à regarder votre interlocuteur quand vous dites quelque chose qui mérite d’être souligné. Le regard doit indiquer : « C’est important »w Développez votre compétence à regarder votre interlocuteur, au moment où vous lui posez une question ou attendez un avis. Le regard doit indiquer : « Qu’en penses-tu ? »

Le visage : tout comme le regard, les expressions du visage ont une importance prépondérante dans un acte de communication. Les expressions du visages doivent être en accord avec la situation. 

Globalement, on aura un visage souriant :
– Quand on entre en contact avec quelqu’un
– Quand quelqu’un montre de l’attention (compliments, remerciements…)
– Quand on montre de l’attention (compliments, remerciements…)

Le visage prendra une couleur plus sérieuse : 
– Lorsqu’on reçoit une critique
– Lorsqu’on ressent des émotions négatives

Le visage – PratiqueTâches d’observationObservez au cours de la journée, le visage des personnes qui vous entourent lors des différentes situations de communication et l’accord entre ce qui est dit et ce que l’on peut observer : visage souriant lors de l’entrée en contact, d’une marque d’attention, visage plus préoccupé lors d’une critique…  Tâches de comportementLors de vos conversations, appliquez-vous à ce que votre visage reflète ce qui se psse dans la situation : Développez votre compétence à sourire lorsque vous rencontrez quelqu’un. Le visage doit indiquer : « Bienvenue » Développez votre compétence à sourire lorsque vous recevez une marque d’attention, un compliment. Le visage doit indiquer : « C’est gentil, cela me fait plaisir ».w Développez votre compétence à avoir un visage sérieux lors d’une critique. Le visage doit indiquer : « Je suis à votre écoute, je me sens concerné »w Développez votre compétence à avoir une expression du visage conforme avec vos états émotionnels internes.

La voix

1) La technique vocale : le travail initié dans cette méthode sur la détente, la respiration ou l’enracinement constituent une parfaite introduction au travail vocal. Voici un schéma de la production vocale :   
A. On inspire de l’air  
B. Sous la pression du diaphragme, l’air remonte au pharynx  
C. L’air est mis en vibration par les cordes vocales qui le pincent plus ou moins pour produire des sons de l’aigu au grave.  
D. Le son ainsi produit s’installe dans les résonateurs : la gorge (sons graves), la bouche (sons aigus), la tête (fosses nasales, sinus)  
E. La bouche articule les sons, jusqu’au besoin d’air et retour en A.   

2) L’articulation : bien que résolument mécanique, l’articulation est un bon outil pour améliorer sa voix en situation sociale car pour bien articuler, la voix est nécessairement suffisamment forte, résonnante, précise et calme. Articuler dans une discussion, c’est :   
– vous respecter (respecter ce que vous dites, vos idées)   
– respecter le récepteur (faire en sorte qu’il comprenne).  
Articuler, c’est donc mettre en place une manière de parler :  
– agréable et confortable pour vous  
– agréable et compréhensible pour l’autre  
Les exercices d’articulation, bien que souvent loufoques voire ridicules, sont efficaces dans d’un entraînement à une production vocale équilibrée et satisfaisante.  

3) Registre et volume sonore : la voix sera plus ou moins grave ou plus ou moins forte selon les circonstances. Comme pour d’autres manifestations non-verbales, le registre et le volume vocal doivent correspondre à la situation. Par exemple, voix posée, basse  et grave dans les moments importants, plus aigue et forte dans les moments insouciants et joyeux. Dans les cas d’anxiété sociale, le registre et le volume vocal peuvent être discordants avec la réalité vécue ou le registre des autres personnes.  Il s’agira donc d’utiliser un timbre de voix et un volume sonore correspondants aux circonstances ou aux caractéristiques de l’interlocuteur.

ARTICLE EN COURS DE REDACTION

Jérôme Boutillier
Thérapeute et coach
Enseignant à l’Institut Normand de Coaching et de Thérapies Brèves  

Trouble panique


Questionnaire-test du trouble panique

Ceci n’est pas un diagnostique mais un document d’information

1ère série : 

OUI  
Sensations de souffle coupé ou impression d’étouffement  
Sensations d’étourdissement, de vertige, de tête vide de perte de connaissance  
Palpitations ou pouls rapide  
Tremblements ou secousses musculaires  
Transpiration  
Sensation de manque d’air, d’étranglement  
Nausées, ou gêne abdominale  
Douleur ou gène gastrique  
Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)  
Engourdissement ou picotements  
Bouffées de chaleur et/ou frissons  
Douleurs ou gêne à la poitrine  
Peur de mourir  
Peur de devenir fou ou de perdre la maîtrise de soi  
  

2ème série :

Ses symptômes sont-ils simultanés, atteignant leur maximum dans une période de 10 minutes?  
Ses symptômes atteignent-ils leur maximum dans une période de 10 minutes?  
  
  

Si vous avez répondu oui à 4 symptômes au moins de la première série et si vous avez répondu oui aux deux questions de la deuxième série, vous souffrez peut-être de trouble panique. 


Définition DSM IV


Période de malaise brutal, d’anxiété , intense et nettement délimitée.  
Quatre des symptômes suivants apparaissent jusqu’à atteindre leur maximum en moins de dix minutes :  
–  Palpitations, tachycardie  
– Transpiration  
– Tremblements ou secousses musculaires  
– Sensations de souffle coupé ou impression d’étouffement  
– Douleur ou inconfort thoracique  
– Sensation d’étranglement  
– Douleur ou gène gastrique  
– Nausée ou gène abdominale  
– Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou d’impression d’évanouissement  
– Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)  
– Peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou  
– Peur de mourir  
– Parasthésie (sensation d’engourdissement ou de picotements)  
– Frissons, bouffées de chaleur 

Les symptômes somatiques apparaissent donc sous la forme de syndromes ou malaises d’apparence :  
– Cardio-vasculaire  
– Neurologique  
– Digestive  
– Syncopale 

Les attaques de panique sont imprévisibles : elles ne se produisent pas en relation directe avec l’exposition à un stimulus particulier.  
Subissant une attaque de panique à son paroxysme, le sujet peut éprouver des sensations de perte de contrôle (devenir fou), de mort imminente ou craindre de se conduire de manière anormale. 


Trouble panique et Agoraphobie – Evitement situationnel et besoin d’être accompagné 


Les personnes souffrant de trouble panique, développent assez souvent une peur de se trouver dans des lieux ou situations d’où il leur serait difficile de s’échapper ou de trouver du secours en cas d’attaque de panique. Cette crainte entraîne souvent :  
– le besoin ou la nécessité d’être accompagné  
– la réduction au minimum des déplacements  
Cet évitement situationnel ou besoin d’être accompagné se nomme agoraphobie. On parle alors de TPA : trouble panique avec agoraphobie. 


Causes


Le trouble panique n’a pas de cause isolée et précise. On peut plutôt parler de prédispositions, d’inter-relations entre de nombreux facteurs, biologiques, psychologiques et sociaux dans l’émergence, le développement et la chronicisation du trouble panique : 

– Vulnérabilité biologique :  sensibilité particulière aux événements stressants, réaction plus forte. 

– Vulnérabilité psychologique : stress chronique installé durant l’enfance, territoire anxieux et/ou dépressif, passivité, propension à l’évitement. 

– Modèles familiaux/sociaux : exemple parental anxieux, milieu social perturbé, traumatismes. 

Cette complexité et ses composants seront bien-entendu différents selon l’individu. Il est par contre important dans la résolution du problème de savoir identifier les facteurs propres à tel ou tel individu, faisant de ce trouble une construction relativement logique, non une fatalité. 


Comment cela se passe 


Initialisation : des sujets, vulnérables psychologiquement et physiologiquement face à différents stresseurs, réagissent avec excès par une réaction d’alarme. Cette réaction d’alarme peut intervenir de manière décalée par rapport à l’exposition à tel ou tel stimulus. 

Chronicisation : se met en place un phénomène d’apprentissage.  
– Si l’attaque de panique est associée à un stimulus, le sujet redoutera cette situation ou événement : une phobie circonscrite s’installe.  
– Si les attaques de panique se produisent dans des situations variées, le territoire phobogène va s’étendre : le sujet évite de plus en plus de situation, de plus en plus de lieu, de peur de subir de nouvelles attaques.  
– Les sensations de l’attaque de panique sont assimilées et leur seule présence peut faciliter ou provoquer une nouvelle attaque de panique. 


Le trouble panique est un trouble anxieux 


Le phénomène anxieux développe le trouble et le renforce. L’anxiété étant définie comme intolérance à l’incertitude, il y a donc nécessairement inquiétude. Ce qui entraîne : 

– Hyper-vigilance aux sensations  
– Peur de perdre le contrôle  
– Peur d’un problème de santé  
– Peur de paraître anormal ou différent  
– Peur de devenir fou 

Ces peurs viennent nourrir le trouble et peuvent provoquer à elles seules une attaque de panique. 

Comme vu dans l’article sur l’anxiété, le sujet anxieux se caractérise par des pensées dysfonctionnelles, des croyances irrationnelles : 

– L’anticipation anxieuse permet la résolution du problème : illusion de contrôle 

– L’anticipation anxieuse permet de ne pas être déçu en cas d’échec : illusion de maîtrise du futur 

Ces deux « illusions » sont importantes car elles poussent le sujet à l’hypervigilance, nourrissent la crainte de perdre le contrôle et favorisent le phénomène de l’évitement. 


Essai de schéma récapitulatif 



Important à savoir


En matière de troubles anxieux, l’information est prépondérante.  
Tout d’abord être rassuré (le sujet comme sa famille). 

Lorsque l’on souffre de trouble panique :  
– on ne souffre d’aucun problème physique grave  
– on ne court aucun risque grave (crise cardiaque, …)  
– les manifestations somatiques s’expliquent aisément  
– l’anxiété est un trouble, non une pathologie : le sujet n’est pas « fou » ou en train de le devenir  
– de nombreuses personnes éprouvent les mêmes difficultés, à des degrés divers  
– l’éducation du sujet, la compréhension de phénomènes naturels constituent déjà un grand pas dans la prise en charge de l’anxiété et de ses composants : intolérance à l’incertitude, inquiétude chronique, … 


Autre modèle pertinent : le modèle psycho-dynamique 


Le modèle « psycho-dynamique » est à certains points de vue également intéressant.  
Le trouble panique est mis en relation avec le trouble pendant l’enfance du sujet. Les parents sont souvent décrits comme inaffectifs et sur-protecteurs. Ces attitudes parentales accentuent la peur de la séparation, créent un conflit dépendance – indépendance et sous-tendent la sensation de perte de contrôle et d’insécurité. le trouble empêche le développement des mécanismes de défense propres au sujet, matures et naturels. 


Relation trouble panique – Anxiété de séparation (Black 1995) 


– Un enfant souffrant d’angoisse de séparation peut réagir par une attaque de panique à la séparation ou à l’anticipation de la séparation.  
– Les enfants souffrant d’ont plus de chances de développer un trouble panique.  
– Une forte corrélation  dans le milieu familial a été démontrée entre Trouble  et trouble panique. Les enfants de personnes souffrant de Trouble panique ont un risque trois fois supérieur de Trouble .  
– La plupart des enfants ayant un début de trouble panique avant l’adolescence, présentent également des symptômes d’anxiété liée à la séparation.  
–  
Cette association trouble panique – met en valeur l’importance d’une prise en charge précoce du trouble Angoisse de séparation. La dimension « » présente dans de nombreux cas de trouble panique est bien évidemment à prendre en compte dans la prise en charge du trouble panique lui-même. 


Trouble panique et somatique 


Les manifestation corporelles du trouble panique sont multiple. Et c’est bien là son drame. 

43% à 61 % des patients se présentant aux urgences avec des douleurs thoraciques et des palpitations (coronarographie normale) font un trouble panique. Mais dans 96% des cas, le médecin urgentiste ne fait pas le diagnostique du trouble panique. 

La recherche « organique » peut durer des années, ce qui nourrit la gêne (stress, fatigue, …) et renforce la plupart du temps la crainte d’une pathologique organique grave (ou de plusieurs) et l’anxiété qui en découle. Le temps passé accentue les craintes.  
La prise en charge du trouble panique et des troubles anxieux en général doit évidemment s’opérer le plus vite possible. 

Etant donné la nature quasi autistique des services hospitaliers, le clivage psycho-soma, la médecine globale / mirage, le travail en la matière est colossal : le sujet anxieux se perd dans les méandres diagnostiques de la médecine organique. 

Prenons les 10 plaintes somatiques les plus courantes (Kroenke et Mangelsdorff, 1959)  
– Douleur thoracique  
– Fatigue  
– Vertiges  
– Migraine  
– Œdème  
– Douleur dorsale  
– Dyspnée  
– Insomnie  
– Douleur abdominale  
– Engourdissement 1% seulement de ces plaintes somatiques ont une origine organique 

Trouble Panique 

IDEES – CLES– Les symptômes d’une crise de panique sont multi-formes. Il peuvent être à dominante  cardio-vasculaire, neurologique, digestive  
ou syncopale : le trouble panique peut donc être diagnostiqué tardivement. – L’importance ou le côté spectaculaire de ces symptômes peuvent entrainer une tendance comportementale à l’évitement direct, ou subtil (besoin d’être accompagné en cas d’apprition de symptômes ou de crise). On parlera alors de trouble panique avec d’agoraphobie. – Les causes du trouble panique sont nombreuses, psychologique ou biologique. Elles sont souvent multiples chez une même personne. – Une crise de panique n’est dangereuse ni pour la santé physique de la personne, ni pour sa santé mentale. – Selon divers modèles et études, le trouble panique est fréquemment à mettre en relation avec le trouble Angoisse de séparation.  

Panique à bord


Réaction d’alarme – fausse alarme


Une crise de panique est une réaction d’alarme. Le corps réagit comme s’il y avait agression réelle, il se mobilise pour faire face au danger. Mais les manifestations physiologiques de la panique, utiles dans le cas d’une agression réelle, deviennent inadaptées donc gênante pour une personne qui n’a pas besoin réellement de « sauver sa peau ». 

C’est en celà qu’on appelle une crise de panique une fausse alarme : le corps réagit comme s’il y avait danger réel, alors qu’il n’y a pas de danger réel.  On se demandera donc nécessairement pourquoi le sujet pense une danger, voit un danger ou le ressent là où il n’y en pas. Ce questionnement concerne essentiellement l’abord cognitif (cf panorama thérapies) du TPA. Mais apprendre à connaître les manifestations physiologiques, à prévenir leur apparition, à restaurer en fait une dimension de contrôle sur la situation fait également partie d’une remise en cause de l’agoraphobie : on a essentiellement peur de se que l’on ne connaît pas. Nous allons donc aborder quelques éléments prépondérants de la dimension psycho-corporelle du TPA. L’hyperventilation et les tensions musculaires.  
  
  


Hyperventilation


Quand on panique, le corps vit donc une alarme comme si il y avait un danger réel. Quand on se bat, on respire plus vite (pour fournir plus d’oxygène). Ce réflexe de défense, dans le cas de l’anxiété va créer un phénomène nommé hyperventilation. 

La parenté du Trouble panique avec le syndrome d’hyperventilation voire la spasmophilie (terme français dont on se demande s’il est crédible) est évidente. Une grande quantité de sujets souffrant de Trouble Panique présente ce phénomène d’hyperventilation. 

Qu’est-ce que l’hyperventilation ? Il s’agit de l’augmentation de la quantité d’air qui ventile les poumons. Nous l’avons vu, le Trouble Panique est une fausse alarme : l’hyperventilation apporte en fait trop d’oxygène pour un corps au repos. 

Pour être plus précis, le système respiratoire respecte un équilibre entre oxygène et dioxyde de carbone. Cet équilibre est fluctuant, en fonction de l’activité du sujet. Un corps au repos n’aura pas les mêmes besoins qu’un corps répondant à une activité sportive. La demande est différente mais les proportions oxygène / oxyde carbonique sont préservées. Dans le cas des crises de panique, la proportion est modifiée. La respiration trop rapide et profonde apporte trop d’oxygène. Les conséquences sont multiples : trop d’oxygène dans le sang, constrictions des vaisseaux sanguins, alimentation moins importante du cerveau en oxygène, alimentation plus faible des tissus… 

On peut résumer ainsi l’hyperventilation : en respirant trop vite et trop fort, on sature le «réseau». Les échanges se font moins bien, le cerveau, les tissus sont moins bien alimentés. Bien que non-dangereuses, ces manifestations vont entraîner des réactions en chaîne : 

 Moins d’oxygène au cerveau :  
– Etouffement  
– Vertige  
– Sentiments d’irréalité  
– Sensation de tête vide  
– Troubles visuels 

Moins d’oxygène dans les tissus :  
– Tensions musculaires  
– Fourmillements  
– perceptions corporelles en tous genres étranges et inquiétantes  
– Problèmes circulatoires (main moites, froides…)  
– Accélération du cœur (qui veut compenser les manques) 

 Par effet-ricochet :  
– Transpiration : le corps a chaud, la transpiration entre en jeu pour le refroidir  
– Oppression respiratoire, douleurs thoracique, impression d’étouffer : la respiration thoracique forcée, artificielle et violente produit des tensions musculaires, douleurs… 

En observant le cortège infernal de symptômes, on comprend très vite que l’hyperventilation est un phénomène important de la crise de panique, sinon le phénomène central. Rétablir une impression de contrôle par l’individu de ses crises passe nécessairement par une «éducation respiratoire». 


Importance de la découverte et de la maîtrise respiratoire 


La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique. 

D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de l’anxiété et de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale : 

La vie psychique influe sur la respiration 
La respiration influe sur la vie psychique

Il parait évident dans le cadre du TPA, de révéler cette relation bilatérale, si nécessaire, et de mettre en place un système de communication. Les exercices psycho-corporels, relaxations, visualisations, futurisations… sont des outils puissants de prise de conscience en ce domaine. On introduit ici des moyens où le sujet développe un savoir et des compétences. 


Sensations paniquantes


Des scénarios très répandus des crises de panique : 

– Oppression respiratoire, impression d’étouffer  

Il s’agit là d’un cercle vicieux. La peur engendre des tensions musculaires. Ces tensions musculaires provoquent une impression (impression fausse) de manquer d’air. Pour répondre à cette impression de manquer d’air, la respiration devient forcée (thoracique, plus rapide et profonde). La respiration renforce les tensions musculaires. Le sujet encore plus l’impression de manquer d’air etc… 

– Etourdissement, tête vide, troubles de la vision, sentiment d’irréalité 

 Quand on hyperventile, il y a plus d’oxygène dans le sang : les parois vasculaires se contractent, les vaisseaux sanguins diminuent. Cette contraction des vaisseaux sanguins diminue légèrement l’apport en oxygène du cerveau, sans danger, mais provoquant ces sensations désagréables. 

– Spasmes musculaires, tremblements, contractions musculaires en tous genres 

 Le peu de gaz carbonique dans le sang provoque un phénomène nommé alcalose : les concentrations de magnesium et de calcium dans les tissus musculaires sont déréglées mais reviennent à la normale quand l’alcalose disparaît (on peut d’ailleurs s’interroger sur l’utilité des prescriptions de magnesium dans le cas du diagnostique abracadabrant de spasmophilie. 

Quelques peurs : 

– Sensations paniquantes 

 Palpitations : «je vais faire une crise cardiaque»  
Remarquant une baisse de l’apport en oxygène de certaines régions du corps, le cœur accélère.  
Lors d’une crise de panique, le flux-reflux au niveau du cœur est multiplié par deux. Quand un sujet fait du sport, la même activité est multipliée par 5, et même par 7 pour un marathonien. La resistance du cœur ne peut donc être prise en défaut. 

– Sensation de manquer d’air : «Je vais étouffer» 

 Cette sensation n’est qu’une impression créée par des tensions musculaires dans la région épaules – gorge – cou – nuque. Ces tensions provoquent une respiration réduite et la dite impression de manquer d’air. La respiration appartient au système neuro-végétatif. Ce système est autonome. Quand on dort, par exemple, on continue à respirer. Si le corps venait à manquer d’air, il prendrait une grande respiration, comme pour le nageur qui revient à la surface. On ne peut donc étouffer du fait d’une crise de panique. 

– Vertige : «je vais m’évanouir» 

 Les vertiges des paniques n’ont rien à voir avec un éventuel évanouissement. La crise de panique est une alarme, moins de sang afflue au cerveau. Ceci est sans danger, mais par contre change les perceptions corporelles. Les tensions du haut du corps, la respiration thoracique haute accentuent le phénomène. Il y a modification des perceptions (du même genre que le mal de terre des marins), non pas perte de connaissance. Le corps est prêt au combat ; la perte de connaissance est exclue. 

– Jambes molles : «Je vais tomber» 

Lors d’une crise de panique, le sang a du mal à circuler, les vaisseaux sanguins se dilatent. c’est l’accumulation du sang dans les jambes qui provoque ces sensations. mais la tonicité musculaire est toujours présente (même supérieure à la moyenne). Nul risque de tomber. 

– Panique générale : «Je vais mourir» ou «je vais devenir fou»

  Bien que spectaculaires et handicapants, aucun des symptômes n’est dangereux pour la santé physique ou mentale. 


Tension musculaire et déséquilibres


Les symptômes de l’anxiété, la respiration dysfonctionnelle témoignent de déséquilibres tensionnels. Pour résumer, hyper-présence du haut du corps et abesnce du bas du corps. 

PANIQUE A BORD ! 
IDEES – CLES– Une crise de panique est une fausse alarme – Le corps réagit comme si il y avait danger réel – La réaction disproportionnée du corps provoque de nombreux symptômes – Tout symptôme d’une crise de panique est non-dangereux et s’explique aisément d’un point de vue physiologique. – Les symptômes des crises de panique sont à dominantes respiratoire et tensionnelle (hyperventilation et tension musculaire) – Respiration, tension musculaire peuvent être régulés par le sujet au moyen d’un apprentissage adapté. – Rééducation respiratoire, relaxation sont donc des outils éminemment thérapeutiques.  
 



 Bibliographie 


–  PEUR, PANIQUE, PHOBIES – G. Nardone / L’Esprit du temps

Pour le professionnel : 

« J’éprouve une sincère satisfaction à introduire un ouvrage dont je considère qu’il apporte une contribution fondamentale à notre connaissance de la peur et des phobies. En décrivant des stratégies qui se sont avérées particulièrement efficaces pour résoudre de tels problèmes, cet ouvrage nous présente un modèle constructiviste et cybernétique de la constitution et de la persistance des problèmes humains fondés sur la peur. Les lecteurs qui se seront familiarisés avec les précédents ouvrages de Giorgio Nardone ne seront pas surpris d’y trouver, là encore, une réflexion à la fois théorique et pratique. » Paul Watzlawick

S’inscrivant dans le courant des thérapies systémiques et constructivistes, et s’appuyant sur une étude clinique de plus de 150 cas, ce livre de Giorgio Nardone propose des stratégies thérapeutiques brèves comme alternatives originales pour le soin des tableaux cliniques liés aux états de peur, de panique et de phobies. Un aspect important de ce travail tient au fait que les propositions théoriques et les stratégies thérapeutiques qu’il présente sont directement utilisables par le thérapeute mais aussi par le patient pour dépasser ses troubles phobiques. Ce livre présente en outre le relevé intégral de la thérapie de deux cas cliniques permettant ainsi de comprendre le travail du thérapeute.

Giorgio Nardone enseigne les psychothérapies brèves à l’Institut des Hautes Études Psychologiques de l’Université de Sienne, en Italie, il dirige le Centre de Thérapie Stratégique d’Arezzo et l’Institut Italien de Thérapie Stratégique, fondé en 1989 en collaboration avec le Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Il est notamment l’auteur, avec Paul Watzlawick, de l’Art du changement aux Editions l’Esprit du Temps.

Notre avis : un outil stratégique très riche pour le thérapeute pour ce qui constitue un livre de référence de traitement des troubles anxieux.

– SE LIBERE DE L’ANGOISSSE / J. Boutillier / Psycho-D Editions

Auto-traitement :  Psycho-D Editions vous propose un double CD regroupant 6 séances complémentaires consacrées au traitement des crises d’angoisse ou paniques, par J. Boutillier, spécialiste des troubles anxieux. De nombreuses ressources sont utilisées (relaxation, sophrologie, hypnose ericksonienne, programmation neuro-linguistique…) dans une démarche simple, naturelle et très efficace : détente corporelle et mentale, travail du schéma corporel, travail respiratoire, gestion du stress, traitement de l’anxiété proprement dite, préparation aux situations génératrices de stress ou d’angoisse, désensibilisation à l’angoisse, remise en cause de l’hypervigilance. Un outil complet de remise en cause des crises d’angoisse ou crises de panique. 

Notre avis : un programme de remise en cause de l’anxiété simple, naturel et efficace, par un spécialiste des troubles anxieux.

 



ANXIETE

 » On nous dit que l’homme n’utilise que 10% de son cerveau ; c’est peut-être mieux ainsi. »  Anonyme


Définition  

Il semble difficile d’évoquer l’anxiété sociale, sans évoquer l’anxiété elle-même et ses mécanismes.

L’anxiété est un état affectif caractérisé par un sentiment d’insécurité, de trouble diffus. (Larousse psychologie)  


Tentative de précision  

Le trouble anxieux est difficilement définissable. La définition de « peur sans objet » tient difficilement la route face aux phénomènes tels que l’anxiété liée à des situations bien précises, ou le trac.  
On peut également se demander s’il est utile de trouver une définition. 

Quelques facteurs communs :  
– Anticipation anxieuse : inquiétudes portées sur l’avenir (appréhension et préoccupation)  
– Malaise et tension intérieure, incapacité à se détendre.  
– Les idées angoissantes vont et viennent (à la différence de la névrose obsessionnelle).  
– Sensation d’un événement négatif imminent.  
– Etat d’hypervigilance.  
– Tristesse ou agressivité (fuite ou lutte)  
– Irritabilité, impatience, intolérance  
– Agitation, tension nerveuse et musculaire  
– Troubles du sommeil 

– l’anxiété aiguë entraîne quelques inhibitions (diminution ou arrêt d’une fonction) 

 -Dysfonctionnements cognitifs (pensées, représentation mentales),  
 -Altération du raisonnement, du jugement et donc des performances.  
-Troubles psychomoteurs (maladresse, capacités de réaction amoindrie, voire anihilées). 


Anxiété généralisée et DSMIV  


L’anxiété aigue a été définie et caractérisée comme un trouble anxieux : l’anxiété généralisée. 

Les critères DSM IV de l’anxiété généralisée : 

1. Au moins un souci durant un mois, un jour sur deux.  
2. Préoccupation difficile à contrôler, voire incontrôlable.  
3. Au moins trois symptômes parmi :  
– Agitation, surexcitation  
– Fatigabilité  
– Trouble de concentration  
– Irritabilité  
– Tension musculaire  
– Troubles du sommeil 

4. Souci non limité (comme dans le trouble panique, la phobie sociale…)  
5. Souffrance, altération sociale, professionnelle significative  
6. Le trouble n’est pas consécutif à un abus de substance, une affection médicale ou un trouble de l’humeur ou psychotique.  
L’anxiété généralisée concerne 4,5% de la population 

Seulement 10% des sujets consultent des spécialistes. 


Les problèmes de l’anxiété et de son approche   


– Trouble sémantique : l’anxiété est un terme flou. Il n’a pas ou peu de connotations médicales ou pathologiques. 

– L’anxiété est tout d’abord perçue par l’individu et son entourage comme un trait de personnalité. « Tu es anxieux », dit-on, confondant tendance acquise et mouvante avec une caractéristique figée et naturelle. Ainsi, on est (ou l’on naît) hypersensible mais on devient anxieux. 

– L’anxiété apparaît en général dès l’adolescence, mais il se passe en général de nombreuses années avant que des consultations soient envisagées. 

– Les manifestations somatiques qui accompagnent généralement l’anxiété ne sont pas «spectaculaires ».  
Elles sont constantes : on s’habitue, les troubles deviennent une « seconde nature ». « C’est comme ça ».  
Elles sont modérées : ne poussent donc pas à une démarche thérapeutique sortant de l’ordinaire. 


Bref recadrage  


L’anxiété n’est pas naturelle. Il s’agit d’un apprentissage. Un apprentissage peut se remettre en cause.  
L’anxiété n’est pas un état, immobile et définitif. L’anxiété est fluctuante : elle laisse des moments de répit. 

L’hypersensibilité qui génère un terrain favorable à l’anxiété est un atout si on la considère de manière globale (attention) et non du seul point de vue (focalisation) du travers qu’est l’anxiété. 

Tout est donc possible. 


Anxiété et cognitions 


Croyances irrationnelles : 

– L’anxiété est un fait : « je suis comme ça ». Le sujet accepte son anxiété et la vit comme quelque chose d’immuable. Un autre comportement ne peut donc pas être envisagé. 

– L’anticipation anxieuse permet la résolution du problème : illusion de contrôle  
Penser à un événement en termes négatifs et non réalistes ne permet en aucun cas de faciliter cet événement ou d’avoir le recul nécessaire pour exprimer toute ses compétences. Le conditionnement négatif influe sur la résolution du problème voire la condamne. Stress et anxiété désolidarisent l’individu de ses ressources. 

– L’anticipation anxieuse permet de ne pas être déçu en cas d’échec : illusion de maîtrise du futur.  
Penser le pire ne permet en aucun cas de l’éviter ou de l’atténuer.  Par conbtre, le contenu anxiogène de la situation est renforcé. 


Anxiété et comportements  


Réponses inadaptées face à une situation problème :  
Inhibition de l’action : blocage (psychologique ou physiologique) face, à la situation. « Je ne m’en sens pas capable » 

Evitement : « je fais tout pour ne pas me retrouver dans cette situation » 

Vérifications et rituels : « je me rassure en vérifiant, vérifiant, vérifiant… » La vérification devient un rituel, s’enrobe et se nourrit de croyances diverses. 

Actions inefficaces : «je m’agite en espérant que tout va rentrer dans l’ordre ».  

Ces conduites sont jugées dysfonctionnelles, car même si, dans un premier temps elle apportent parfois un mieux-être, à moyen et long terme elles augmentent la valeur anxiogène de la situation. Pendant qu’on s’agite, qu’on ne fait rien, qu’on évite ou qu’on vérifie indéfiniment, on ne développe pas les compétences nécessaires à l’adaptation à la situation problème. 


Le processus  



Anxiété en trois dimensions  


Le processus précédement décrit fait ressortir schématiquement un phénomène anxieux tri-partite :  
– Dimension psycho-corporelle  
– Dimension cognitive  
– Dimension comportementale  
Ces trois dimensions constituent la colonne vertébrale d’une approche psychothérapeutique 


Bibliographie 


–  PEUR, PANIQUE, PHOBIES – G. Nardone / L’Esprit du temps

Pour le professionnel : 

« J’éprouve une sincère satisfaction à introduire un ouvrage dont je considère qu’il apporte une contribution fondamentale à notre connaissance de la peur et des phobies. En décrivant des stratégies qui se sont avérées particulièrement efficaces pour résoudre de tels problèmes, cet ouvrage nous présente un modèle constructiviste et cybernétique de la constitution et de la persistance des problèmes humains fondés sur la peur. Les lecteurs qui se seront familiarisés avec les précédents ouvrages de Giorgio Nardone ne seront pas surpris d’y trouver, là encore, une réflexion à la fois théorique et pratique. » Paul Watzlawick

S’inscrivant dans le courant des thérapies systémiques et constructivistes, et s’appuyant sur une étude clinique de plus de 150 cas, ce livre de Giorgio Nardone propose des stratégies thérapeutiques brèves comme alternatives originales pour le soin des tableaux cliniques liés aux états de peur, de panique et de phobies. Un aspect important de ce travail tient au fait que les propositions théoriques et les stratégies thérapeutiques qu’il présente sont directement utilisables par le thérapeute mais aussi par le patient pour dépasser ses troubles phobiques. Ce livre présente en outre le relevé intégral de la thérapie de deux cas cliniques permettant ainsi de comprendre le travail du thérapeute.

Giorgio Nardone enseigne les psychothérapies brèves à l’Institut des Hautes Études Psychologiques de l’Université de Sienne, en Italie, il dirige le Centre de Thérapie Stratégique d’Arezzo et l’Institut Italien de Thérapie Stratégique, fondé en 1989 en collaboration avec le Mental Research Institute de Palo Alto en Californie. Il est notamment l’auteur, avec Paul Watzlawick, de l’Art du changement aux Editions l’Esprit du Temps.

Notre avis : un outil stratégique très riche pour le thérapeute pour ce qui constitue un livre de référence de traitement des troubles anxieux.

– SE LIBERE DE L’ANGOISSSE / J. Boutillier / Psycho-D Editions

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Notre avis : un programme de remise en cause de l’anxiété simple, naturel et efficace, par un spécialiste des troubles anxieux.

 






  

 

  



 


  


 





 


 



 




 






Phobie scolaire

Phobie scolaire / Refus scolaire anxieux

Définition de la phobie scolaire


Phobie scolaire : « enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et resistent avec des réactions d’anxiété très vive ou de panique quand on essaie de les y forcer» Ajuriaguerra 

L’anxiété se produit :  
– Lors du départ  
– Lorsque la situation est envisagée (appréhension) 

Le terme de phobie scolaire est difficilement recevable. Il sous-entend que l’enfant à peur de l’école, ce qui est souvent inexact voire faux. Un refus scolaire peut avoir diverses origines. J’utiliserai donc le terme de refus scolaire anxieux.

Le refus scolaire anxieux est hétérogène. De nombreux mécanismes et phénomènes cohabitent. 

Le refus scolaire anxieux peut être du par exemple :  

– A un territoire phobique (phobie sociale, anxiété de performance, phobie spécifique…) : Les stimuli vont alors être internes, propres à l’enfant : pensées, croyances, distorsions cognitives (« je suis nul »…),comportements, … 

– A l’angoisse de séparation :  Les stimuli sont alors externes ou « systémiques ».  (séparations, relations sociales, structure familiale…) 

Le terme « refus scolaire » ou « phobie scolaire » n’est donc pas nécessairement un diagnostique pertinent. Il convient d’en poser un afin de mettre en place une aide adaptée. 


Quelques éléments (phobie scolaire).


– Le refus scolaire anxieux est à on paroxysme à des moments clés : de 5 à 7ans (entrée au CP), à 11 ans (entrée en 6ème), à l’adolescence (14 ans). 

– Le refus scolaire anxieux représente 11 à 14 % de la population scolaire. 

– Il s’agit souvent du dernier enfant quand il est question d’angoisse de séparation. 

– La maman est souvent décrite comme hyper-protectrice et inaffective (difficulté à exprimer, montrer ses sentiments). La maman a souvent eu des difficultés anxieuses (comme des tendances agoraphobiques), des troubles anxio-dépressifs ou elle-même des difficultés du même ordre pendant l’enfance. Dans l’angoisse de séparation, on peut observer par exemple des enfants utilisés comme objets contra-phobiques par la maman. Dans une affaire de dépendance, il y a de toute manière toujours deux personnes. 

– Le père est assez souvent absent, concrêtement (travail) ou familialement (rôle secondaire attribué ou auto-attribué).  
  
  Jérôme Boutillier, enseignant à l‘INCTB

phobie scolaire
http://www.inctb.net

Autre page du site : Phobie Sociale

   
  

Ereutophobie

 

Ereutophobie / Jérôme Boutilllier

Présentation de l’éreutophobie


L’éreutophobie désigne la peur de rougir en public, peur assez répandue (10% de la population). Mais comme toute manifestation anxieuse, il y a trouble lorsque les proportions deviennent handicapantes. 

L’une des caractéristique essentielle du trouble est le caractère obsédant de la peur : anticipation, évitement, inhibition… Les manifestations anxieuses qui en découlent sont nombreuses. A noter que cette obsession participe elle-même naturellement au rougissement, ce qui entraîne la personne dans un cercle vicieux :

éreutophobie

La personne ne tolère pas de rougir est rougit donc fréquemment. A l’inverse, c’est quand la personne tolère le rougissement, que le phénomène s’éteint (ou que les rares rougissements ne constituent plus un problème. 


Le rougissement devient une obsession car : 

– Le rougissement est un symptôme d’anxiété sociale apparent : cela se voit, au contraire d’autres manifestations anxieuses (accélération cardiaque, tensions musculaires, maux de ventre, oppression respiratoire…). Un phénomène analogue quoique moindre peut être observé dans certains cas d’anxiété sociale, l’obsession portant sur le tremblement (des mains en particulier) ou la sudation excessive, car là aussi, il s’agit d’un symptôme plus ou moins visible et interprétable par le regard extérieur. 

– Le rougissement est incontrôlable et s’aggrave lors des tentatives de contrôle. En voulant contrôler, on augmente encore le niveau d’activation émotionnelle, on lutte… et on rougit encore plus. Le rougissement appartient aux symptômes d’alarme. En voulant contrôler, on pérénnise et développe la dite alarme. Par voie de conséquence, c’est quand on tolère le symptôme, qu’il ne se produit plus. 

– Le rougissement est imprévisible. Ajoutant à l’incertitude et au degré d’anxiété, cette imprévisibilité augmente encore la focalisation, l’hypervigilance (même si elles sont illusoires). 

– Le rougissement nuit à la performance sociale. Focalisé sur le phénomène interne, on est moins disponible pour l’interaction sociale. On est donc inhibé, moins performant, moins satisfait de ses prestations, ce qui augmente encore la peur du regard et/ou du jugement de l’autre. 

– Le rougissement apparait comme une honte à celui qui rougit (dialogue intérieur de dévalorisation, crainte du regard extérieur…). Car ce qui peut sembler étonnant pour un observateur extérieur, le rougissement est vécu comme une honte, une faiblesse terrible (manque de caractère, de virilité…). Là encore, cet aspect ajoute au degré d’anxiété et à la focalisation qui en découle. 

Les comportements d’inhibition et d’évitement des situations susceptibles d’être anxiogènes accompagnent généralement le trouble. A noter également ce que l’on nomme évitement subtil (comme par exemple, coupe de cheveux spécifique, fréquentation des salles de sport ou il est normal d’être rouge, maquillages adaptés et opérations chirurgicales visant à supprimer le symptôme). 


Représentation schématique du processus cognitif :

Avec l’éreutophobie, on est au centre cognitif de l’anxiété, avec une succession d’interprétations et d’impressions plus ou moins irrationnelles : 

1. Supposition que le rougissement est visible 
« La tête que je dois avoir! »

2. Supposition que tout le monde voit le rougissement et se focalise dessus 
« Ils voient tous que je suis rouge. »

3. Supposition que tout le monde va interpréter négativement ce rougissement 
« Rougir, c’est être faible, ridicule… »

4. Supposition que ce jugement négatif va entraîner rejet, moquerie… 
« Ils vont se moquer », « ils vont me rejeter ».

5. Inhibition, évitement, augmentation du contenu anxiogène de la situation etc… 
« j’ai trop peur, tout pour éviter ça »!


Remise en cause de l’éreutophobie

L’erreur thérapeutique dans le cadre de l’éreutophobie est souvent de la considérer comme une phobie spécifique, simple dans son processus (comme la peur de l’eau, des araignées etc…). L’éreutophobie est à considérer comme une phobie complexe, qui prend un double visage : anxiété sociale et assez fréquemment forte dimension obsessionnelle.
A ce titre, les enjeux stratégiques de la thérapie vont être principalement : 

  • Intégrer que se libèrer de l’éreutophobie, ça n’est pas ne plus rougir, mais que rougir ne pose plus de problème anxieux (même si le phénomène du rougissement se dissipe pour s’éteindre du fait de la baisse du niveau d’anxiété).
  • Intégrer la nécessité de recadrer le discours centré sur l’obsession « ne pas rougir » vers quelque chose de plus large ayant rapport avec l’anxiété sociale, de manière plus ou moins spécifique.

Jérôme Boutillier

Autres pages :

TROUBLES :   Phobie sociale   Timidité    Personnalité évitante   Trac   Ereutophobie    Phobie scolaire    Anxiété    Trouble panique

THERAPIES :    Thérapies    

Personnalité évitante

Présentation


Le trouble de la personnalité évitante est un mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négatif d’autrui qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivante(Référence: American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996) : 

1. Le sujet évite les activités sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte d’être critiqué, désapprouvé ou rejeté.

2. Réticence à s’impliquer avec autrui à moins d’être certain d’être aimé.

3. Est réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé à la honte et au ridicule.

4. Craint d’être critiqué ou rejeté dans les situations sociales.

5. Est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d’un sentiment de ne pas être à la hauteur.

6. Se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres.

7. Est particulièrement réticent à prendre des risques personnels ou à s’engager dans de nouvelles activités par crainte d’éprouver de l’embarras. 

Le trouble de la personnalité évitante représente 47% des personnes souffrant de phobie sociale (Marteinsdottir I, Furmark T, Tillfors M, Psychiatry. 2001 – « Personality traits in social phobia. »)


Particularités


Le trouble de la personnalité évitante est une notion timidement reconnue. Ses critères (anxiété relative et repli sur soi) ne permettent guère d’évaluer son degré de développement dans la population et participent également aux difficultés de la prise en charge. 

Le trouble est en lui-même un obstacle au changement : 

– Le trouble est considéré par le sujet comme un trait de personnalité, plus ou moins immuable (« je suis comme ça ») et non comme un phénomène externe et handicapant. L’accès à une remise en cause, thérapeutique ou non,  sera donc limité et souvent à motivation externe (entourage, …). 

– Attribution externe : les difficulté est souvent attribuée à l’extérieur (« c’est le monde extérieur qui est horrible »). Le plus souvent, des explications rationnelles seront trouvées au phénomènes anxieux. Là encore, la démarche thérapeutique ou l’effort personnel de changement est difficilement stimulable. 

– L’évitement étant le phénomène central, le degré d’anxiété est souvent supportable. La personnalité évitante ne sera donc pas synonyme de situations d’angoisses paroxystiques, mais plutôt d’un état d’être entre repli sur soi et amertume.


Schémas cognitifs fréquents

Voici quelques exemples postulats- types rencontrés dans le trouble de personnalité évitant (Freeman et Leaf plus d‘autres schémas fréquents) : 

1. Je dois être apprécié. 

2. Je ne dois pas paraître idiot aux yeux des autres, à aucun moment. 

3. Le monde est dangereux. 

4. Les autres doivent prendre soin de moi. 

5. Mieux vaut être isolé que de risquer d’être blessé. 

6. Toute critique envers moi est une terrible condamnation. 

7. Les gens doivent m’offrir des garanties inconditionnelles d’acceptation avant que je puisse établir des liens avec eux.

8. Je suis indésirable.

9. Les autres sont critiques, indifférents ou humiliants. 

10. Je ne peux pas supporter les émotions négatives. 

11. Si les autres me côtoient, ils vont me connaître mieux, se rendre compte de qui je suis et m’agresser ou me rejeter (syndrome de l’usurpateur). 

12. Il vaut mieux ne pas faire que de courir le risque d’échouer. 

Si on devait extraire une croyance fondamentale de ces postulats, cela pourrait être : « Les autres risquent de me blesser » (et le risque est trop grand ou l’intensité de la blessure envisagée trop importante). Il y a donc une très forte appréhension à se dévoiler, voire à se lier avec autrui, sans la certitude absolue d’être aimé ou apprécié.


Justification, rationalisation et référence externe


Là ou l’évitement est relié à l’angoisse dans la phobie sociale, avec la personnalité évitante règnent justification et rationalisation. Les évitements sont expliqués et les problèmes attribués à des phénomènes externes. Diverses raisons viennent en effet expliquer les évitements : fatigue, ennui, manque d’intérêt, antipathie des autres etc… La peur est peu évoquée. 

C’est sur ces quelques points que l’on pourrait établir un différentiel avec la phobie sociale : 

Personnalité évitantePhobie sociale
« C’est de la faute des autres ».« C’est de ma faute ».
« J’évite car ça m’ennuie, c’est nul ou ça ne vaut pas la peine ».« J’évite parce que j’ai peur et je ne me sens pas capable ».
« Je suis comme ça ». « Je veux changer ».

Dans l’abord de la personnalité évitante, il convient donc entre autres :

– de recadrer le débat avec l’abord de l’anxiété en tant que telle.

– de placer la personne en référence interne.

– de remettre en cause le cercle vicieux de l’évitement.

– de permettre à la personne d’être en situation et capacité de pouvoir courir le risque relationnel.

Même si cela se révèle schématique, on peut interpréter la personnalité évitante comme une phobie sociale qui se serait généralisée, avec comme processus central l’évitement, banalisé au fil du temps, justifié par une attitude pseudo-logique ou rationnelle et une externalisation du problème plus ou moins fataliste et amère mais qui trouve sa source dans une peur fondamentale d’être blessé ou rejeté.

TRAC


Jérôme Boutillier

Le trac est un phénomène anxieux bien connu par tous et jugé très handicapant par 35% des gens. 

Ce phénomène paroxystique a ses caractéristiques. Alors que la timidité constitue une sorte d’état permanent, le trac est circonscrit et circonstanciel, lié à un contexte particulier : 

– Le trac est lié à une/des situation(s) précise(s). On vit une situation désagréable, on attribue l’état anxieux à la situation. On crée un ancrage stimulus-réaction, un automatisme. On appréhende la situation suivante etc… 

– C’est avant que ça se passe : de manière plus marquée que dans la phobie sociale par exemple, l’anxiété anticipatoire joue un rôle important. Participent donc, dialogue intérieur catastrophistes, représentations internes alarmistes, comportements inadaptés (évitement, fuite, hyperactivité, vérification, inhibitions…) 

– Ca finit par se calmer : en situation, le degré d’anxiété baisse, ce qui différencie de la phobie sociale. Un des problèmes de ce type de problématique réside dans le fait qu’en évitant, en s’échappant ou en se débarrassant rapidement de la corvée, on ne se donne pas la possibilité d’observer et de constater cette baisse d’intensité. 

– Si on pratique, si on répète l’exposition, l’anxiété relative à la situation baisse, ce que l’on nomme phénomène d’habituation. 

– Les réactions physiologiques sont très intenses, plus importantes que dans d’autres difficultés sociales et anxieuses, entre autres du points de vue de la production d’adrénaline ou de certaines réactions neuro-végétatives comme l’accélération de la respiration ou du rythme cardiaque. 

Bien que d’origine encore un peu floue, le terme « trac » semble venir de « traquer ». Le souci dans le cas du trac est qu’il n’y a pas de prédateur réel. On se trouve donc avec des manifestations physiologiques inadaptées (le corps se mobilise pour faire face à un danger réel alors qu’il n’y en a pas). C’est ce même type de manifestation de «fausse alarme» que l’on peut retrouver dans le trouble panique. 

Trac, performance et activation

On fait souvent référence au bon stress et au mauvais stress. Comme le montre le schéma suivant, le problème est que les données en abcisse ou en ordonnée sont complêtement aléatoires et subjectives. On ne connait généralement pas son degré d’activation adéquat. C’est pour cela que la plupart du temps, le « bon stress » se transforme en « mauvais stress » : on a dépassé son niveau d’activation adapté à la performance, la partie descendante correspondant à l’apparition de l’anxiété. Gérer le stress, c’est apprendre à préciser ce degré personnel d’acivation optimum et à le réguler au moyen des différentes techniques.


(Yerkes et Dodson, 1906) 
 

Intensité

Plus les manifestations de trac sont intenses, plus on va s’installer dans le paradigme de l’anxiété sociale : 
– D’un point de vue corporel : forte activation jusqu’à la panique. 
– D’un point de vue cognitif : postulats perfectionnistes et ruminations anxieuses diverses. 
– D’un point de vue émotionnel : peur intense 
– D’un point de vue comportemental : inhibition et évitement. 

Remise en cause :

Il conviendra donc de développer différentes ressources : 

– Développer des compétences psycho-corporelles permettant de remettre en cause les manifestations neuro-végétatives, entre autres respiratoires, et tensionnelles. 

– Remettre en cause les postulats de perfection, établir des objectifs réalistes afin de diminuer l’exigence pour pouvoir développer la tolérance et favoriser une baisse de l’anxiété. 

– Travailler sur les différentes empreintes émotionnelles, stimuli dépendants de l’histoire du sujet. 

– Développer des comportements adaptés à l’habituation et à la performance.

Jérôme Boutillier





Timidité

Timidité / Jérôme Boutillier

La timidité, dans l’acceptation générale du terme constitue une sorte d’état d’être chronique qui, sans générer un mal-être aigu ou une peur extrême, nuit au développement des relations et compétences sociales. Bien que beaucoup s’arrachent les cheveux à établir une définition depuis quelques années, on peut préciser la définition de la timidité en tant que « manière d’être durable et habituelle, marquée par une tendance prononcée, lors dessituations nouvelles, à se tenir en retrait et à éviter de prendre l’initiative, malgré un désir relatif d’échanges avec l’entourage. »(C. André / La peur des autres). 

Qu’est-ce qui intimide?

Parler devant une assemblée74% 
Participer à un groupe73% 
Rencontrer des inconnus70% 
Rencontrer une personne de sexe opposé64% 
Etre dans un grand groupe68% 
Se sentir inférieur à ses interlocuteurs 56% 

Différents axes anxiogènes apparaissent donc :

  • La nouveauté
  • L’initiative 
  • Le fait d’être en point de mire
  • L’implication personnelle

Timidité : contrôle et repli 

De manière schématique, quelqu’un de timide se sent donc vulnérable et craint le jugement. Le contrôle va donc être un phénomène important : contrôle de ce qui est dit, contrôle des émotions, contrôle de l’image qui est donnée… 

D’où la réserve observée dans le cas de la timidité, où l’apparent repli sur soi-même. Bref, une addition d’inhibitions. S’agissant d’un phénomène non pathologique, les manifestations corporelles, cognitives, comportementales vont être la plupart du temps relativement légères. 

Plutôt que des crises paroxystiques, s’installe un état chronique et durable, d’autant plus pernicieux qu’on peut l’associer à la personnalité (« Je suis comme ça »). Il faut donc qu’il y ait handicap ou mal-être pour qu’une personne timide cherche de l’aide.


Timidité : mise en place 

Les facteurs de construction de la timidité peuvent nombreux et variés : 

 Inhibition : 

Le sujet possède les qualités assertives, les compétences sociales mais elles sont inhibées : pour une raison ou une autre, le sujet n’exprime pas ses potentiels et compétences réelles en situation sociale. 

– Il peut s’agir ici d’un conditionnement émotionnel : celui-ci fait que l’individu, dans telle ou telle situation, perd ses moyens. Les émotions liées à l’état sont alors importantes.  

– Il peut également être question des mécanismes cognitifs de l’individu : discours interne négatif et/ou dévalorisant, auto-verbalisation pendant ou après la situation. Les croyances sont alors au centre du phénomène. 

 Défaut d’apprentissage : 

Le sujet présente des lacunes dans le domaine des compétences sociales. Pour une raison ou une autre, le sujet n’a pas développé telle ou telle compétence ou bien il la possède mais n’a pas appris à l’utiliser ou à la combiner de manière adaptée à la situation : 

– Pendant l’enfance, les comportements assertifs n’ont pas été encouragés ou renforcés (« on parle quand on a quelque chose d’intéressant à dire », « tu n’arrêtes pas de parler de toi »…). 

– Des comportements inhibés ou évitants ont été encouragés ou renforcés (« dans la vie, il vaut mieux rester en retrait », …). 

Difficulté à choisir le comportement approprié : le sujet possède les compétences mais a des difficultés à identifier le comportement approprié à telle ou telle situation, ou a lui apporter les nuances et proportions adaptées.


Particularités

– On peut noter qu’à la différence de la phobie sociale, la personne souffrant de timidité, après une période initiale d’inhibition s’adapte dans de nombreux cas. On peut expliquer cela par la part différente de motivation ou d’envie qui permet de dépasser la peur ou pat une proportion d’angoisse moins invalidante : la volonté d’être accepté(e) dépasse fréquemment la peur d’être rejeté(e). 

– Avec la timidité, on observe plutôt des forces antagonistes ou un conflit paradoxal : la timidité, pour schématiser et caricaturer, consiste souvent en quelqu’un qui a l’impression de ne pas être performant socialement mais qui en même temps se donne l’obligation de faire bonne impression , ce qui nécessairement génère de l’anxiété. 

timidité

Quand on vit une situation sociale à travers le filtre de la timidité, on en vient à penser d’une certaine manière, à éprouver des sensations particulières car anxieuses. Cela interagit sur les comportements et provoque des états émotionnels désagréables voire handicapants. Toutes ses manifestations nuisent au bien-être et à la performance dans la dite situation. Celle-ci est mal vécue, mal interprétée, ce qui renforce la timidité elle-même etc… Nous sommes là dans un cercle vicieux. 

timidité

Comme l’indique l’illustration ci-dessus et même si c’est nécessairement schématique, la timidité est quadri-dimensionnelle :  
1. Ce que je pense (cognitif)  
2. Ce que je sens (psycho-corporel)  
3. Ce que je fais (comportemental)  
4. Ce que j’éprouve  (émotionnel) Les éléments constitutifs prépondérants sont donc cognitifs, psycho-corporels, comportementaux et émotionnels. Ils sont issus d’une construction, d’un apprentissage inconscient (traumatismes, stress chronique pendant l’enfance, exemples familiaux ou sociaux d’anxiété…) De cet apprentissage émerge façon de penser, et ainsi sensations, émotions et comportements. Ces éléments émergent  consciemment plus ou moins consciemment. Une remise en cause de la timidité passe donc par la mise en perspective de ces différents aspects et la mise en place de changements ou d’évolutions adaptés au bien-être. 


Jérôme Boutillier


Autres pages :

TROUBLES :   Phobie sociale   Timidité    Personnalité évitante   Trac   Ereutophobie    Phobie scolaire    Anxiété    Trouble panique

THERAPIES :    Thérapies    

Phobie sociale

Phobie sociale / Jérôme Boutillier

I. Aperçu 


Définition de la phobie sociale


Les phobies sociales concernent les individus qui, dans une ou des situations sociales éprouvent une forte anxiété. Ces manifestations anxieuses intenses et la plupart du temps paralysantes ou inhibitrices conduisent le sujet à éviter les dites situations, d’où un fort handicap. 


Critères diagnostiques DSM IV de la phobie sociale (manuel diagnostique le plus courant)


A. Une peur persistante et intense d’une ou plusieurs situations sociales ou bien de situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non familiers ou bien peut être exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui. Le sujet craint d’agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante ou humiliante.
B. L’exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique une anxiété qui peut prendre la forme d’une Attaque de panique liée à la situation ou bien facilitée par la situation.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété et une détresse intenses.
E. L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s) sociale(s) redoutée(s)  ou de performance perturbent , de façon importante, les habitudes de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d’avoir cette phobie s’accompagne d’un sentiment de souffrance important.
F. Pour les individus de moinsde 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est d’au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d’évitement n’est pas lié aux effets physiologiques directs d’une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur décrite en A est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas de bégayer, etc..
Les caractéristiques habituelles associées à la phobie sociale comprennent une hypersensibilité à la critique, à une évaluation négative ou au rejet, une faible estime de soi ou des sentiments d’infériorité. Les sujets ayant une phobie sociale craignent souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de passer un examen.

De manière plus détaillée


L’anxiété sociale est perçue sous deux angles essentiels :  

– Anxiété de performance : face à un observateur, au centre de l’attention, perte des moyens et ressources : anxiété de performance.

– Anxiété d’interaction : se sentir évalué dans une relation et à son désavantage. Perte du statut d’interlocuteur valable : anxiété relationnelle.  

PERFORMANCEINTERACTION SOCIALE
Téléphoner en publicParler à des gens qui détiennent une autorité 
Participer au sein d’un petit groupeAller à une soirée
Manger dans un lieu public Contacter par téléphone quelqu’un qui ne vous connaît pas très bien
Boire en compagnie dans un lieu public Parler à des gens que vous ne connaissez pas très bien
Jouer, donner une représentation ou une conférenceRencontrer des inconnus
Travailler en étant observéEtre le centre d’attention
Ecrire en étant observé Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à des gens que vous ne connaissez pas très bien
Uriner dans des toilettes publiquesRegarder dans les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien.
Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assisEssayer de draguer quelqu’un
Prendre la parole à une réunionRapporter des marchandises dans un magasin
Passer un examenDonner une soirée
Faire un compte rendu à un groupeRésister aux pressions d’un vendeur insistant

Hierarchie peur / évitement des situations dans la phobie sociale


– Chez l’enfant :  
  

SituationPeur et évitement chez des enfants phobiques sociaux
Parler en public88%
Manger en face des autres39,3%
Etre en classe avec les autres enfants27,6%
Ecrire en étant observé27,6%
Utiliser les toilettes publiques24,1%
Parler à des personnes représentant l’autorité20,7%

– Chez l’adulte :  

SituationPeur et évitement chez des sujets phobiques sociaux
Prise de parole et interaction formelles (cours, réunions…)70%
Prise de parole et interactions informelles (repas avec des inconnus, soirée…)
Affirmation de soi : exprimer son désaccord, refuser, demander, donner son avis…31%
Observation par les autres : effectuer une tâche (manger, boire, travailler…) sous le regard des autres.22%

Phobie sociale et autres troubles


Phobie sociale et autres troubles Pourcentage
Trouble panique 4,7%
Trouble obsessionel compulsif 11,1
Dysthymie12,5
Agoraphobie 44,9%
Phobie spécifique 59%

Les chiffres indiquent une propension au développement d’autres troubles. Cette observation conduit à s’intéresser avec plus d’attention au facteur commun : l’anxiété elle-même. 


Les grandes lignes de la phobie sociale



1. Impression d’incompétence
(phobie sociale)

Selon l’histoire du sujet (événements de vie, traumatismes, éducation, stress divers, etc…) l’impression d’incompétence (d’être « nul », pas à la hauteur…) est omniprésente avec le plus souvent une forte empreinte émotionnelle. 
Ce sentiment entraîne différents phénomènes : peur de l’observation d’autrui, peur de l’évaluation, peur de ne pas être intéressant, peur du silence, peur du ridicule, dévalorisation, impression générale d’incompétence sociale… 


2. Perfection et reconnaissance

En même temps que ce sentiment d’incompétence, la personne souffrant de phobie sociale crée un paradoxe puisque viennent se greffer des croyances, aspirations irréalistes pouvant se résumer schématiquement ainsi : 

– Je dois être parfait : de cette auto-injonction résulte une forte pression, un enjeu important dans les situations sociales puisqu’il faut être compétent, intéressant, talentueux etc… en toute circonstance. 

– Je dois être apprécié par tous : ce postulat entraîne diverses manifestation comme un manque d’affirmation de soi, un évitement de ce qui peut être conflictuel, une faible expression des émotions etc… 

Ces deux objectifs sont fortement anxiogène (car par nature inaccessible), d’autant plus si ils s’ajoutent à un sentiment d’incompétence : quelqu’un qui se pense nul et qui en même temps s’impose d’être parfait et aprécié par tous se place dans une situation inextricable et angoissante. 

La peur va donc être présente à chaque coin de rue, se manifestant à travers différents symptômes. 


3. Symptômes 

– Symptômes physiologiques : tensions et manifestations neuro-végétatives disproportionnées : tensions musculaires, douleurs musculaires, fatigue, rougissement, tremblement, sensation d’étouffement, tachycardie, sudation excessive, sécheresse de la bouche, … 

– Symptômes cognitifs : hypervigilance, focalisation, hyperconscience de soi et par voie de conséquence, difficulté de concentration, de mémoire (trou noir) distorsions cognitives (lecture de la réalité éloignée de la réalité elle-même), anticipation anxieuse… 

– Symptômes comportementaux : conduites d’évitement direct ou subtil, besoin de réssurance extérieure, défaut d’affirmation de soi, de gestion des conflits, d’expression des émotions, vérifications, inhibition, hyperactivité… 


4. Schéma du processus

Bien que très schématique, voici une représentation du processus de la phobie sociale :

phobie sociale

Mise en place de la phobie sociale – quelques modèles


1. Modèle comportemental (phobie sociale)

La phobie sociale résulte d’un apprentissage. 

Deux cas de figure :  
– Apprentissage d’une conduite dysfonctionnelle : en clair, le sujet prend comme exemples des individus ou relations déjà problématiques (ex : parents peu sociabilisés, peu tolérants ou peu affectifs)  

– Apprentissage non référencé : le sujet n’a pas de références, d’exemples d’un comportement social adapté. 

2. Modèle cognitif

La phobie  sociale nait d’un mauvais traitement de l’information : 

– Le danger vécu, expérimenté est intégré (stress chronique durant l’enfance, exemple familial et/ou social d’anxiété, traumatismes divers)  
La réalité (ici les relations sociales) est ensuite interprétée en fonction de dangers potentiels.  
– Un sujet phobique social a une conscience déformée de lui-même : image négative et sous-évaluation. 

Exemple de schéma cognitif 

I. Le sujet pense se conduire de manière ridicule ou inacceptable
II. Il craint des conséquences négatives telles le rejet, la dévalorisation de son image ou de son statut
III. Ces pensées font naître le phénomène anxieux : – Les symptômes anxieux (tremblement, rougissement…) deviennent eux-mêmes des signes de danger et viennent nourrir l’anxiété. – L’hypervigilance aux manifestations somatiques et aux pensées entraînent une baisse des compétences sociales : le sujet est tourné vers l’intérieur (pensées, corps), non vers l’extérieur (la relation) – Les comportements d’évitements, de fuite entraînent chez l’autre des comportements sinon similaires du moins altérés.  
 
IV. La performance sociale est insatisfaisante
V. L’anxiété est nourrie, développée. Les compétences ne se développent pas  
Retour en I.

Enfants, ados, phobie sociale / Angoisse de séparation / Refus scolaire


Les rapports phobie sociale/ Angoisse de séparation / refus scolaire anxieux sont évidents mais encore peu précis.  

L’angoisse de séparation est traitée par ailleurs.  

Le refus scolaire anxieux, appelé parfois « phobie scolaire », est également à mettre en avant (peur panique d’aller à l’école). Néanmoins tout refus scolaire ne constitue pas nécessairement une phobie. Cette hétérogénéité constitue d’ailleurs déjà un problème. 

Relations phobie scolaire et phobie sociale : quelque essais de schémas 
  

1. Refus scolaire du au Trouble angoisse de séparation
Le problème originel n’est pas l’école ou les relations sociales mais la séparation provoquée par l’école. 
Le désir relationnel est là, mais l’anxiété de séparation prédomine : Altération  
– des relations sociales (crainte d’aller chez des amis…),  
– du vécu de l’école (superficiel inhibé car non-essentiel pour l’enfant eu regard de la séparation). 
 Les situations sont évitées, les compétences ne se développent pas
2. Refus scolaire du à une phobie sociale 
Le système scolaire est le système social par excellence pour un enfant. Il est donc logique de trouver un refus scolaire à l’intérieur d’une phobie sociale déjà mise en place.
Crainte de l’évaluation, de la critique (professeurs ou camarades…)
3. Refus scolaire du à une Anxiété de performance
L’anxiété de performance peut exister à travers une phobie sociale ou indépendamment de celle-ci
L’anxiété de performance se met en place au gré de traumatismes :  
– Panique, perte de moyen en situation d’évaluation  
– Peur d’être mal évalué (notation, jugement moral)  
– Peur d’être agressé par des camarades

Phobie sociale / Mécanismes


L’anxiété sociale est multiforme : trac, timidité, phobies sociales sont des phénomènes différents qui contiennent eux-mêmes une belle diversité. 

On peut néanmoins dégager une ligne commune : 

phobie sociale

 


1) La peur du regard  

Le tableau des situations anxiogènes, plus haut dans l’article, révèle un centre, un facteur commun, originel : la peur du regard de l’autre. La crainte d’être exposé au regard d’autrui est systématique. A l’origine du mécanisme, elle va en stimuler le développement. Il est à noter que cet élément, comme les autres qui vont être décrits, sont présents chez chaque individus, ce sont les proportions et la nature handicapante qui mènent au trouble. Personne n’aime être regardé, un sujet souffrant d’anxiété sociale simplement plus que les autres. Il s’agit là d’une peur instinctive, animale pourrait-on dire.  


  
2) Peur du jugement 

Sur cette peur instinctive va se construire une deuxième strate, celle-ci psychologique : le regard devient jugement, est interprété comme tel. 

La peur du regard de l’autre se « concrétise » psychologiquement :  
Ex :  
– Toute relation est une évaluation  
– Le sujet est tourné vers lui-même, non vers ce qui se passe autour de lui, vers la relation.  
– Le sujet juge sa prestation plus négativement qu’un observateur le ferait  
– Le sujet sélectionne : il se souvient essentiellement des prestations décevantes  
– Les relations sont anticipées, appréhendées négativement  
– Les commentaires positifs ne sont pas entendus et intégrés.  
– Le sujet est inhibé (les compétences sont altérées ou bloquées, non-développées)  
– …  
  

Cette peur du jugement est en relation avec des phénomènes et mécanismes divers 

a) Peur de soi : le sujet peut avoir mis en place une anxiété quant à ses propres réactions. Hypervigilance, attention portée sur soi, focalisation qui perturbent la performance elle-même où l’attention pour être efficace, doit être portée vers l’extérieur.

phobie sociale

b) Peur du regard d’autrui : jugement et évaluation : le sujet est inhibé (altération des facultés) car il redoute le jugement, l’évaluation, en l’occurrence, négatifs. On peut rapprocher cela du trac, anxiété d’évaluation, de performance. Ici, c’est de la performance sociale dont il est question. Celle-ci est interprétée à travers le filtre de l’anxiété :  
– L’attention de l’autre est surévaluée (« il me surveille, pas le droit à l’erreur »)  
– Le jugement négatif est surévalué (« il m’a trouvé nul(le) »)  


c) Peur de l’image de soi : le sujet qui souffre d’anxiété sociale a des difficultés à s’adresser des compliments sur ses performances. En découle un grand besoin de reconnaissance. Le désir de donner une bonne impression est donc fréquent. Le problème naît de la présence conjointe de cette ambition et de la peur de ne pas y parvenir. Désir et peur mêmés sont ici à la naissance du trouble. On peut ajouter à cela des exigences excessives que même des «non-phobiques sociaux» n’auraient pas. Les performances sont donc nécessairement insatisfaisantes.


Phobie sociale et comportements


L’anxiété est un trouble cognitif. On vit une situation, on en pense quelque chose. Les pensées (les différentes peurs que nous venons d’aborder) donnent lieu à des émotions et comportements dysfonctionnels, non-adaptés au bien-être. 

Les comportements anxieux sont schématiquement au nombre de 4 : évitement, inhibition, vérification, hyperactivité, avec une prédominance des deux premiers, évitement et inhibition, dans le domaine des difficultés sociales. 

 
a) Evitement : les différentes peurs dont nous avons parlé conduisent l’individu à l’évitement plus ou moins développé des situations anxiogènes. Nous sommes ici dans le principe du cercle vicieux. A chaque évitement, la valeur anxiogène de la situation augmente. 

Le trouble s’ »auto-nourrit »

b) Inhibition :  l’inhibition représente l’altération ou le blocage d’une ou de plusieurs facultés ou compétences.  
L’évitement est ponctuel, extrême, non systématique, mais l’inhibition est un phénomène plus constant, pour devenir presque un « style relationnel ». En situation anxiogène, le sujet n’a plus accès à ses ressources et compétences relationnelles (silences, hésitations, altération de la compréhension même…) alors qu’en situation non-anxiogène, toutes les qualités requises sont là. 

Même cercle vicieux que pour l’évitement :

 
 Phobie sociale et anticipation anxieuse – Particularités

L’anticipation anxieuse se produit avant les situations-problèmes. Elle prend schématiquement trois dimensions : psycho-corporelle, cognitive, comportementale. On peut considérer que ces symptômes « font » partie du vécu anxieux de la situation elle-même.  

L’anticipation sera donc marquée par :
– d’un point de vue psycho-corporel  : tension musculaire, difficulté végétatives diverses, respiratoires.
– d’un point de vue comportemental : évitement, hyperactivité, vérification, inhibition.
– d’un point de vue cognitif : hypervigilance, focalisation, troubles de la mémoire…

Ces caractéristiques de l’anticipation sont valables dans le cadre de tous les troubles anxieux, mais prennent une valeur particulière dans l’optique de la phobie sociale.  
Pour prendre quelques exemples :  
– Même si toute phobie est respectable, Il est irrationnel de craindre une souris (une souris n’est pas « rationnellement dangereuse »)  
– Il est irrationnel de penser mourir ou devenir fou(folle) pendant une prochaine attaque de panique.  
– Il est rationnel de penser que l’on va louper une performance sociale avant la performance. La phobie sociale inhibe. Le sujet ne se comporte donc pas naturellement, en pleine possession de ces moyens. 

L’anticipation anxieuse dans la phobie sociale s’inscrit donc dans un « fond » de réalité. Il est logique d’avoir peur : quand on est inhibé, on est « moins bon » socialement. Cet aspect est à prendre en compte thérapeutiquement. Pour neutraliser l’anticipation, il ne suffit pas de rassurer, de mettre à jour le discours catastrophiste, les comportements dysfonctionnels ou d’expliquer les manifestations corporelles, Il faut également développer ses compétences sociales, dans tout ce que cela implique.  Dans le cas contraire, la peur sera quelque part « justifiée ». 


Conclusion et ouverture


Cette présentation de la phobie sociale la décrit comme un processus à plusieurs composants : 

– psycho-corporels 
– cognitifs 
– comportementaux 
– émotionnels. C’est arbitrairement en fonction de ces différents et possibles domaines d’intervention que les prochaines parties de cette page sont organisées, même si les interactions entre ces différents éléments sont bien entendu nombreuses et complexes.

II. Dimension psycho-corporelle : ce que je ressens (phobie sociale)

« L’angoisse. Réaction inévitable de l’être face à l’inconnu qui l’enserre » Fernand Ouelette


Réaction d’alarme – fausse alarme


La dimension corporelle de l’anxiété est omniprésente : la gorge qui se serre, l’estomac qui se noue, la respiration qui devient difficile, les tremblements, la sudation… Ces marqueurs sont universels, cela, tout à fait normalement puisqu’il s’agit de réactions naturelles. Le corps panique.

Une crise de panique est une réaction d’alarme. Le corps réagit comme s’il y avait agression réelle, il se mobilise pour faire face au danger. Mais les manifestations physiologiques de la panique, utiles dans le cas d’une agression réelle, deviennent inadaptées donc gênante pour une personne qui n’a pas besoin réellement de « sauver sa peau ». 

Ces manifestations (plus ou moins présentes, plus ou moins développées selon l’individu) :  
–  Palpitations, tachycardie  
– Transpiration  
– Tremblements ou secousses musculaires  
– Sensations de souffle coupé ou impression d’étouffement  
– Douleur ou inconfort thoracique  
– Sensation d’étranglement  
– Douleur ou gène gastrique  
– Nausée ou gène abdominale  
– Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou d’impression d’évanouissement  
– Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)  
– Parasthésie (sensation d’engourdissement ou de picotements)  
– Frissons, bouffées de chaleur 

C’est en celà qu’on appelle une crise de panique une fausse alarme : le corps réagit comme s’il y avait danger réel, alors qu’il n’y a pas de danger réel. Ces phénomènes sont évoqués plus longuement sur la page consacrée au trouble panique.Dans le domaine de la phobie sociale, ces manifestations de panique ou de type panique sont fréquentes, cumulant 4 ou 5 symptômes (voire plus) parmi ceux qui viennent d’être énumérés. Comprendre ces symptômes et apprendre à les remettre en cause apportent des outils non négligeables. 

« Ça se vit, l’anxiété.  Ça vous rentre de partout, ça vous pénètre,et plus on se démène, plus ça fait mal. » Jean-François Somcynsky


Tension musculaire et déséquilibres


En forme de résumé, voici un schéma des tensions musculaires typiques liées à l’anxiété sociale. Tensions à l’origine des deséquilibres et symptômes que chacun aura pu remarquer. Les thérapeutiques et ressources de développement viseront donc à rétablir un équilibre psycho-corporel plus adapté.


phobie sociale

Dysfonctionnements respiratoires et tension musculaire

La crise paroxystique que constitue la panique ou le schéma ci-dessus des principaux ancrages corporels de l’anxiété mettent en valeur des éléments importants dans le cadre de la phobie sociale. En résumé, la personne souffrant de phobie sociale est tendue musculairement et respire mal, de manière forcée et artificielle, a fortiori dans les situations d’interaction sociales. Remettre en cause le trouble peut donc passer par un apprentissage du relâchement et d’une respiration naturelle. 


Le dialogue tonique


a. Tonus musculaire 

La physiologie de l’individu présente deux types de muscles : 

– Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou soumise au système nerveux végétatif. 

– Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils permettent la mobilité du  sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral. 

Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont maintenus dans un  état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple de maintenir le corps  dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon l’individu. Dans le cadre de la phobie sociale, la tension est extrémisée dans le haut du corps. 

b. Régulation 

Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de l’apprentissage de sa  
régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une agression : 

– Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème. D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient chronique, augmentant l’anxiété, nuisant au bien-être mais aussi à la performance sociale. 

– Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée pas ou peu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver rapidement et aisément son état de départ. cet état de régulation permet au sujet d’accéder à ses ressources et de garder un seuil de stimulation bas. l’anxiété ne se développe pas. 

c. Fonction et dialogue tonique 

La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu.  Dans ses relation avec lui même, mais aussi avec son environnement. 

Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique que l’individu peut mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et épanoui, établir une relation non-tensionnelle. Ce dialogue est  autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses spécificités. Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de la vie en relation.  

La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation, adaptée dans son utilisation aux particularités de chacun. 


La respiration


Respiration – Emotion

La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue physiologique. 

D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que cette relation est bilatérale : 

La vie psychique influe sur la respiration.  
La respiration influe sur la vie psychique.

Fonction respiratoire 


Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la fonction respiratoire.  
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à l’expiration.  
Il assure une respiration ample et abdominale.

Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu un surcroît d’effort. En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus solaire, on tonifie la région abdominale.  

La vie respiratoire

La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage, celle des dormeurs profonds et des animaux. 

L’éducation (« Tiens-toi droit! », « rentre ton ventre »), la vie sociale modifient la respiration naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle. 

Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre émotionnel.  
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme. 

En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage thoracique, crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, … Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de conscience de l’individu dans sa globalité. 


Respiration et enracinement


Se relaxer debout est une chose étrange, mais essentielle car adaptée au réel. Quand il y a difficulté, tension, mal-être, c’est en relation avec soi, les autres ou le monde. La position première est alors la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme entre exigences extérieures et ressentis intérieurs : être présent à soi et au monde. Position juste que l’enfant possède, installé dans son centre de gravité mais pervertie par les enjeux de nos exigences, celles des autres ou du monde qui nous entoure. 

Ainsi déséquilibré, la confiance ne vient plus pour l’homme de ce qu’il est, corporellement et réellement, mais de ce qu’il pense, de ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les autres. Déséquilibre provoquant tensions, insécurité, rapports conflictuels, …

phobie sociale

Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout, responsable, libéré, en pleine confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde. 

Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout, le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au source.  
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de l’être. 

Illustration : Centre de gravité bas, respiration ventrale, jambes légèrement pliées ne gardant que les tensions nécessaires, pieds bien en appui sur le sol, assise du bassin. 

  


Les apports des techniques psychocorporelles


Relaxation 

– Prendre conscience des tensions, apprendre à les réguler. Ceci entraîne une meilleure connaissance de soi, des différents états que l’on peut traverser ou vivre, nourrit détente, conscience de soi et confiance. 

– Réhabiliter certaines parties du corps oubliées ou muettes et ainsi favoriser le dosage des dépenses d’énergie et des tensions qui en naissent, équilibrant l’individu dans ses sensations.

– Se sentir bien dans sa peau, équilibré, ce qui favorisera une juste attitude face aux éléments perturbateurs. Par voie de conséquence, renforcement de la personnalité, de la confiance en soi… – Développement des capacités d’éveil. « S’éveiller à » , c’est porter son attention sur un phénomène nouveau. En relaxation, l’attention est portée sur le corps. Habituellement, on ne porte attention à son corps qu’en cas de plaisir intense ou, plus fréquemment lorsqu’il souffre, se manifeste de manière négative. On « pose » son attention, on découvre pour la simple découverte, pleinement. Il ne s’agit pas d’une attention instinctive ou spontanée, mais d’une expérience vécue en pleine conscience, être complètement présent à ce qui se produit, mais sans tension ou volontarisme. Etre là tout simplement.  

Travail respiratoire 

– La respiration a une fonction régulatrice de la part émotionnelle de l’anxiété, prépondérante. 

– Respirer consciemment, c’est libérer les tensions internes, oxygéner le cerveau, le corps. 

– En respirant « ventralement » on réhabilite la part instinctive du corps, oubliée. 

– Quitter le rythme extérieur pour être attentif à son rythme intérieur : la respiration est un formidable  outil de lâcher-prise. – Maîtriser les enjeux émotionnels de la vie en relation (prise de parole, enracinement, confiance en soi).  

Sophrologie 

– D’un point de vue physiologique, l’individu apprend à détecter, reconnaître et anticiper les réactions organiques qui accompagnent l’anxiété et ainsi à les dissoudre avant qu’elles n’atteignent leur paroxysme. 

La relaxation dynamique apporte les sensations nécessaires à cette maîtrise. Le schéma corporel vécu dans sa globalité, sa connaissance et celle de la relaxation permettent de soulager les parties du corps qui supportaient à elles seules toutes les tensions. 

– L’état alpha, état de détente est obtenu de plus en plus aisément et de plus en plus rapidement jusqu’à un effet quasi-instantané. Il permet à l’individu au cours de la journée, d’expulser les tensions, de recharger ses forces et ses défenses. 

– La sophrologie en développant les potentiels de l’être humain, ces capacités de calme, de sérénité,  de confiance en lui, de maîtrise de son corps, développe l’individu mais aussi, en inter-relation, modifie la manière dont il est perçu par les autres. Au delà d’une réducation musculaire ou respiratoire, les rapports de l’individu avec le monde sont recadrés, mais aussi ceux du monde avec l’individu. 


III. Dimension cognitive


 « L’homme descend du songe. » A. Blondin


Intolérance à l’incertitude 


Le terme d’intolérance à l’incertitude parait judicieux dans le cadre de l’anxiété.  
Face à une situation, l’incertitude survient. Elle nourrit l’inquiétude et par la même le phénomène anxieux.  
L’inquiétude se conceptualise sous la forme d’un discours intérieur, de pensées verbales ou bien d’images mentales catastrophistes. 

 » Il ne me trouve pas intéressant » 
« Je n’y arriverai jamais » 
« Je suis nul » 
« Ils vont se moquer de moi » 
« Il va m’agresser »

Il parait donc justifié de poser tout d’abord l’anxiété comme un trouble cognitif. Les cognitions étant ici, les pensées, représentations, images mentales… 


Les manifestations anxieuses qui suivent témoignent d’ailleurs de cette dimension cognitive :  
  
 

Sensation de danger imminent et mal identifié 
Sensation d’impuissance face au danger 
Sensation qu’un événement négatif menace 
Pensées inquiétantes et répétitives échappant à la volonté du sujet 
Tension dans l’attente d’une nouvelle importante mais encore incertaine
Tension dans l’attente d’un rendez-vous ou d’une épreuve importante 
Tension accompagnée d’appréhension et de rumination mentale 
Tension accompagnée de crises de panique 
Peur de se retrouver seul et impuissant dans des situations dangereuses 
Peur d’adopter des comportements humiliants ou embarrassants
Préoccupation obsessionnelle à propos d’une action déterminée.
Pensée obsessionnelle de violence infligée ou subie
Souvenirs récurrents et envahissants d’un événements stressant 
Peur de prendre des décisions erronées 

Dans le cadre de la phobie sociale, l’intolérance à l’incertitude va se manifester entre autres chez l’individu au regard de sa performance et de ce que les autres peuvent en juger (car un jugement est supposé). Les informations n’étant pas nécessairement claires et accessibles, ce qui rend l’incertitude intolérable, le sujet va mettre en place tout un système d’évaluation de la situation, pour établir une illusion de contrôle sur ce qui est en train de se passer, tout un ensemble de schémas, postulats, distorsions de la réalité et de pensées automatiques, sensées diminuer l’anxiété mais augmentant en fait le phénomène.  


Dimension cognitive de l’anxiété 

 L’approche cognitive propose une vision globale du processus qui mène à un trouble tel l’anxiété.  
L’anxiété est un trouble éminemment cognitif. Mais la description s’applique également à des difficultés telles la dépression ou certains troubles de la personnalité et du comportement. 

phobie sociale

L’étape cognitive est donc essentielle. Ca n’est pas ici la réalité qui pose problème mais ce qui en est pensé.

On ressent ce que l’on pense.Les 3 points essentiels du traitement cognitif de l’information vont être développés. Ils constituent également la colonne vertébrale d’une prise en charge thérapeutique. Dimension cognitive du sujet ou « Comment traitons-nous les informations » : 

1) Schémas, postulats, croyances et inconscient 
2) Processus, distorsions 
3) Pensées automatiques


1) Schémas, postulats, croyances et inconscient 

Les termes « schéma », « postulat », « croyance » sont employés indifféremment selon les auteurs. Ces schémas sont des composants stables, mis en place essentiellement lors d’expérience pendant la petite enfance. 

Ces schémas sont inconscients. Avec le terme inconscient, nous sommes loin de l’emploi psychanalytique. Il faudrait plutôt le rapprocher du sens de mémoire à long terme, inexact mais moins ambigu. 

Au gré de notre histoire, de notre sensibilité, de stress répétés pendant l’enfance, de traumatismes, d’exemples familiaux ou sociaux, nous emmagasinons tous des informations diverses dans la mémoire à long terme. Ses informations, dysfonctionnelles dans le cas de l’anxiété, sont stockées sous la forme de postulats, schémas… 

Dans le cadre de l’anxiété, ces schémas reflèteront souvent : 

  • Une vision menaçante du monde extérieur
  • Une vision défaillante du monde extérieur
  • Une vision péjorative du monde extérieur

Un postulat-type sera par exemple : « Si je ne contrôle pas la situation, quelque chose de mauvais va arriver ». D’autres schémas du même type se regrouperont sous la forme de perception d’un danger et d’incapacité de faire face. 

A travers le filtre de l’anxiété, « danger et contrôle », la vision de soi, des autres, du monde va s’orienter et faire naître de nouveaux postulats, schémas différents selon l’individu. Quelques exemples en reprenant les trois groupes essentiels : 

  • Une vision menaçante du monde extérieur :  » La vie, c’est marche ou crève « /  » Les autres sont des requins « /  » L’enfer, c’est les autres « /  » on existe que quand on gagne « /  » Les hommes ne s’intéressent qu’au sexe « /  » La vie est une souffrance « ….
  • Une vision défaillante du monde extérieur :  » Je suis nul « /  » Je ne vais pas y arriver « /  » Je n’ai pas de chance « /  » Je n’ai rien d’intéressant à dire « /  » Je n’existe pas sans mes performances « ….
  • Une vision péjorative du futur :  » Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve « /  » Il vaut mieux être toujours sur ses gardes « …..

Nous mettons donc tous en place des schémas, schémas que jean cottraux définit par « structure organisée qui contient les savoirs et les attentes de l’individu vis-à-vis du monde ». 

Il y a trouble comme l’anxiété lorsque ces schémas sont inadaptés aux bien-être.  
Les difficultés sont multiples : 

– un schéma parait indiscutable et rigide  
– Le schéma va orienter tout traitement de l’information. ce qui vient le confirmer est amplifié, ce qui lui est contraire est minimisé  
– Un schéma est inconscient : il surgit à travers l’émotion, sans nécessairement passer par la conscience et son traitement logique.  
– Le schéma n’est pas traité de manière logique mais est donné comme vrai.  
– Pour atténuer les effets du schéma, l’individu va mettre en place des comportemetnts dysfonctionnels.  
– … 

Ces schémas cognitifs constituent le « domaine de définition » du trouble. Ils sont fondés sur un traitement dysfonctionnel de l’information, s’auto-renforcent et sont en partie inconcient. Il s’agira donc de les remettre en cause, de manière rationnelle et consciente dans un entretien de thérapie cognitive ou de manière inconsciente avec l’hypnose ericksonienne. 
 

2) Processus, distorsions 

Chez le sujet anxieux, une distorsion s’opère au stade cognitif. La lecture de la réalité s’éloigne dangereusement de la réalité elle-même. C’est ce que l’on appelle une lecture dysfonctionnelle. 

A titre d’exemple, quelques pensées dysfonctionnelles : 

– Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur lui-même.  
Ex :  « Ils me prennent pour un imbécile . » 

– Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à la forme négative.  
Ex :  « De toute façon, on ne vas pas y arriver. » 

– Maximalisation et minimalisation : dans le cadre du stress, tendance à sur-estimer les échecs, à sous-estimer les réussites.  
Ex :  «Là, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire.» 

– Généralisation : généralisations abusives.  
Ex :  « Je ne suis pas fait pour les examens …» 

– Tout ou rien : dans le cadre du stress, par exemple, ne penser qu’en terme de réussite.  
Ex :  « On n’existe que quand on gagne.» 

– Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui  sert l’idée anxiogène ou stressante, en le sortant de son contexte.  
Ex :  « Il ne m’a pas passé le sel. Tu vois qu’il ne m’aime pas.» 

– Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.  
Ex :  «Tout ce qui arrive est de ma faute.» On le voit, dans la phobie sociale, la réalité est distordue. Il est nécessaire de mettre en valeur et de faire prendre conscience au sujet de ces erreurs de traitement de l’information, pour ensuite les recadrer en mettant en place une lecture plus rationnelle de la réalité.

3) Pensées automatiques 

Le cognitivisme est avant tout une science de la pensée.  
On analyse donc ce qui, dans les pensées, modes de pensées, dans les croyances, disfonctionne et génère le mal-être.  
Penser, chez l’être humain se concrétise, schématiquement de deux manières :  
 

Pensées automatiques : ce mode de pensée n’est pas contrôlé ou conscient.  
L’individu est passif. Ses pensées s’imposent à lui-même comme des schémas prédéfinis issus de l’observation (subjective et déformée) par le sujet de lui-même de son environnement et de toutes leurs interactions. 

Ex : « ça n’arrive qu’à moi », «de toute façon je vais me planter », «il ne me supporte pas … » 

Ce mode de pensée est donc automatique, immuable et constant : la pensée contrôle le sujet  
  

Pensées rationnelles : mode de pensée contrôlé et conscient (autant que cela est possible et envisageable). Il s’agit d’une pensée intentionnelle, plus ponctuelle. Face à un événement, on ne réagit pas automatiquement, on ne se laisse pas influencer par un vécu, des interprétations abusives et mécaniques. On prend du recul, on recherche une démarche logique et rationnelle : Le sujet contrôle la pensée. 

Du choix entre ces deux modes de réponses de la pensée dépend l’équilibre du sujet.  

La démarche cognitive propose de s’interroger sur ces pensées automatiques et leur mise en place, pour, dans un second temps les remplacer par des observations plus rationnelles et conformes à la réalité. Le sujet reprend le contrôle de ses pensées et de leur pertinence. Remettre en cause ses a-priori, c’est se permettre de repartir sur de nouvelles bases, de rendre possible le changement, de générer d’autres comportements chez soi et, en interrelation chez les autres. La pensée anxieuse entre autres dans la phobie sociale :  
– est irrationnelle ou outrancière.  
– détient le monopole (il n’y pas d’autres manières de penser la réalité qui soit disponible). 
Il s’agit donc de remettre en cause la pensée automatique en proposant des pensées alternatives, permettant ainsi de briser le monopole de ce qui est anxiogène. 


Croyances


Les croyances sont des règles généralisantes établies par l’individu sur lui-même, les autres et le monde. Les croyances vont donc conditionner et orienter l’appréhension de la réalité. Les croyances constituent en quelque sorte la trame de la carte de la réalité du sujet. En cela, elles n’émergent que peu ou pas à la conscience. Une des démarches utiles en thérapie va être de mettre à jour ces représentions du monde.

Nous avons tous des croyances

Ces croyances peuvent être des croyances ressources (favorisant la performance), des croyances neutres et des croyances limitantes (nuisant à la performance). Cette vision du monde est un filtre qui s’installe entre le sujet et la réalité et conditionne donc pensées, émotions (états internes) et comportements, dans un système qui s’auto-renforce et s’auto-valide :

phobie sociale

Auto-renforcement et auto-validation

L’être humain a besoin de cohérence et de logique. Aussi le sujet va s’organiser en fonction de ses croyances et inconsciemment filtrer les informations qui viennent valider et renforcer le système de représentation du monde. Ce tri va se muer à certains moments en une démarche de distorsion de la réalité pour qu’elle vienne convenir aux croyances personnelles (« Tu vois, je te l’avais dit ! »). Ce besoin de confirmer les représentations et stéréotypes internes va conduire le sujet à créer sa réalité, dans une boucle cognitive, émotionnelle et comportementale automatique. 

Si la boucle se construit sur des croyances ressources, positives, le sujet s’inscrit dans une logique interne de bien-être, réussite, de performance… 

Si la boucle se construit sur des croyances limitantes, négatives, le sujet évolue dans une logique interne de mal-être, d’échec ou d’inefficacité.  

    Exemple de boucle : 

La prise de conscience de ces boucles constitue également une étape importante dans la remise en cause de la phobie sociale. 
  


Croyances et apprentissages

Dans les paragraphes précédents, nous venons de voir que c’est en fonction de ce que nous pensons du monde que nous orientons nos choix. Cette connaissance se construit selon divers processus qui prendront selon le cas, une forme limitante ou enrichissante. Chacun se construit sa carte du monde, nous n’agissons pas sur la réalité mais sur la représentation qu’on en a. Cette nature non-logique et constitutive de l’ego entraine nécessairement des dysfonctionnements. Parmi ceux-ci, nous en retiendrons trois familles, prépondérantes, proposées par la programmation neuro-linguistique et qui viennent complèter la démarche cognitive : 

1) Généralisation (mise en place des croyances, des jugements de valeurs) : c’est le processus qui vise à tirer une leçon générale d’événements particuliers, premier filtre entre nous et la réalité. Ainsi, on établit des croyances, jugements de valeur.Construite sur des événements du passé, la généralisation permet d’installer une illusion de contrôle, illusion de comprendre le présent et de prévoir l’avenir. On entrevoit aisément à la fois son effet rassurant à court terme mais aussi son effet pernicieux à moyen et long terme.

2) Sélection omissions et distorsions : Ayant mis en place des croyances, on sélectionne ce qui vient confirmer le système, renforcer les croyances. On  en vient à distordre l’information pour qu’elle puisse entrer dans ce cadre de référence. 

3) Filtres Nous filtrons donc la réalité, cela plutôt trois fois qu’une : – Filtre neurologique : notre perception de l’extérieur dépend de notre cerveau, de notre système nerveux, de la perception par les sens…– Filtre culturel, social : nous apprécions la réalité selon les critères du groupe auquel nous appartenons.– Filtre personnel : chaque individu est unique, aura donc une conceptualisation du réel personnelle en fonction de ses différentes expériences (éducation, influence familiale, sociale, événements de vie…)Un des buts en thérapie de la phobie sociale sera donc d’observer la carte du monde établie par le sujet et de la recadrer de manière adaptée au bien-être en ouvrant l’éventail de ses choix, des lectures possibles. Ceci implique une synchronisation du thérapeute sur le client, car pour en faire évoluer les frontières, il faut s’installer dans le territoire. Le thérapeute docte, conseilleur ou mentor n’a que peu de chance d’y parvenir. 


Scénario catastrophe


Ce n’est donc pas le monde qui importe, dans le domaine de l’anxiété, mais la carte que l’on en fait. Schémas, postulas, pensées automatiques s’installent comme de multiples filtres entre l’individu et la réalité. 

Dans le cadre de la phobie sociale, le « scénario catastrophe ». Une technique appelée flèche descendante (cf illustration ci-contre) met bien en valeur ce processus.

A chaque « intersection », l’hypothèse la plus négative est choisie, pour prendre le monopole. Cette tendance se développe, devient automatique et inconsciente. La lecture de la réalité devient une lecture-catastrophe.Exemple de processus anxieux : 

phobie sociale

La flêche descendante est à explorer dans son intégralité, le sujet prenant conscience de la faible probabilité de ce qui est appréhendé, des multiples embranchements et de la nature extrême et souvent irrationnelle voire absurde des options choisies. Elle permet également de prendre en compte le véritable enjeu de la situation souvent sous-jacent. 

Par exemple :  
« Je vais avoir le trac » -> « Je vais bafouiller » -> « Ils vont me trouver ridicule » -> « Ils vont se moquer de moi » -> « je vais être rejeté ». Ici la peur du trac révèle une peur plus profonde, celle du rejet. 


Anxiété sociale et objectif


Pour une bonne partie de la population ayant à souffrir d’anxiété sociale, la notion d’objectif est importante. Dans de nombreux cas, si bien sur elle ne se résume pas à cela, un des composants essentiels de l’anxiété sociale est très fréquemment l’anxiété de performance. La « peur de ne pas être à la hauteur ». Elle est souvent manifeste. Mais on ne se demande que très rarement : « à la hauteur » de quoi, de qui ? En matière de performance, l’objectif est important.  Adapté, il porte et encourage la performance, inadapté, il torpille la performance. Et en matière d’anxiété sociale, l’objectif est souvent inadapté, car irréaliste, flou…

Absolu et insatisfaction

 En discutant avec des personnes anxieuses, on remarque assez vite une certaine insatisfaction chronique : « J’aurai pu faire mieux », « Oui, j’y suis arrivé, mais c’était facile »… « J’étais pas au top »… Bref, phénomène étrange, qui fait qu’on ne se satisfait pas de ses réussites, en en voulant toujours plus. Une espèce de quête ultime, absolue mais hélas pour le bien-être, désespérément virtuelle. 

Comment se phénomène se construit ?

Quelques idées :

Ces schémas sont sociaux et culturels : « toujours plus jamais assez » pourrait être la devise de quelques millions de personnes. L’entraîneur de foot braillant, vociférant sur la touche ou le prof de latin et son « peut mieux faire » à quelqu’un qui a des notes honorables, participent au phénomène. Et comme quelques-uns, s’ils ne sont pas dégoûtés par le foot ou le latin, réussissent (malgré tout) a être performant, cela conforte tout ce petit monde dans ces schémas. « Tu vois, il y arrive, j’ai eu raison d’être exigeant. » Il y a là une erreur d’analyse, car ceux qui réussissent ne le font pas grâce à ces schémas, mais malgré ceux-ci et au regard de leurs qualités et ressources personnelles.

L’entourage familial apporte sa pierre à l’édifice. Cela peut se passer comme ça : un enfant fait un dessin et va le montrer à un de ses parents. 

1) Si le parent fait un compliment, cela encourage l’enfant à dessiner et à développer ses compétences. Tout cela nourrit la confiance en soi. 

2) Si le parent n’apporte pas d’appréciation un tant soit peu positive, ne dit rien ou critique, l’enfant va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez. Il va améliorer son dessin –  ne va pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez –  améliorer son dessin –  ne pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez… Le compliment devient virtuel, absolu. Et la quête d’absolu peut durer longtemps. 

Dans le domaine de l’anxiété sociale, on se trouve donc assez souvent au contact de personnes en recherche de cet absolu, par définition inaccessible. Ils n’obtiendront pas le compliment mais aussi, effet secondaire et pernicieux,  ne jugeront pas recevables les compliments et attentions de la vie courante qui sont eux, parfaitement réels mais bien fades au regard de la quête du St graal : « non, c’est rien », « c’était facile, tout le monde peut le faire ». En résumé, il y a donc recherche par nature insatisfaisante et génératrice d’anxiété d’un compliment virtuel, au détriment d’autres compliments, informations réelles et fondatrices de l’estime de soi et la confiance que le sujet s’accorde. 
  

Lacune « objectivale »

Dans ce climat d’insatisfaction chronique, l’objectif établi avant une performance sociale, risque fort d’être également absolu et inaccessible. C’est-à-dire tout le contraire de ce que doit être un objectif générateur de performance. Il est alors tout à fait normal et naturel d’appréhender, de mettre en place des stratégies d’anticipation anxieuse ou d’évitement, de se découvrir des inhibitions et blocages divers au moment de gravir un « Everest personnel ». 

Cette lacune « objectivale » de la performance dans l’anxiété  sociale est intéressante car recadre le débat dans le réel, à mi-chemin parfois entre la thérapie et le coaching. Le relevé des distorsions opérées par le sujet, établit d’autre part une esquisse de la genèse de son anxiété, facteurs sociaux et familiaux qui font quitter la sphère du trouble psychologique, pour celui, plus rassurant de l’apprentissage.

Critères d’un objectif non anxiogène

1. L’objectif doit être important pour la personne et celle-ci doit considérer la réalisation de l’objectif comme salutaire. Pour ce qui nous préoccupe ici, la mutation  cognitive est importante, un objectif modeste, diminuera l’anxiété de performance et paradoxalement, augmentera la qualité de la dite performance : « il est important pour moi d’avoir un objectif moins exigeant. C’est ainsi que ma prestation sera de qualité satisfaisante ». Si cette « mutation » est en place, l’investissement sera important.

2. Le paragraphe précédent entraîne que l’objectif doit être modeste, c’est-à-dire, susceptible d’être atteint, réaliste et réalisable. Chaque objectif atteint motive et impulse de l’espoir dans la capacité à évoluer, changer.

3. Un objectif doit être concret, précis et comportemental : ces critères sont importants, car ils permettent de vérifier que l’objectif a été atteint. « être bien » ou « donner un sens à ma vie » sont des objectifs flous, imprécis et par nature insatisfaisants car toujours perfectibles. Alors, aucun progrès n’est vérifiable.

4. Centration sur le début plutôt que sur la finalité. Un objectif doit décrire les premières petites étapes accessibles plutôt qu’une finalité absolue. « Pour être calme à cette réunion, je dois d’abord… »

5. Ne pas mésestimer la dureté de l’objectif. Reconnaître sa difficulté :  
– La déception sera moins forte en cas de non-réussite de l’objectif 
– La satisfaction sera importante en cas de réussite. 
Mettre en place un objectif de ce type n’est aucunement un pis-aller mais un challenge dans le cadre de l’anxiété sociale.

6. Ecologie : on devra toujours vérifier si la satisfaction de l’objectif ne provoquera pas des effets secondaires indésirables, conscients ou inconscients qui viendraient bloquer la démarche.7. Examen et développement des ressources. il est nécessaire d’identifier et de mettre en place les ressources nécessaires à la résolution de l’objectif : apprentissages, développement de compétences, exposition en imagination, …

Jérôme Boutillier

ARTICLE EN COURS DE REDACTION



Bibliographie


Les phobies sociales / D . Servant / Masson  
La peur des autres / C. André / Editions Odile Jacob 

La timidité / L. Crawford / j’ai lu  
La timidité / C. André / Que sais-je, puf  
La timidité  chez l’enfant et l’adolescent / G. George / Dunod 

Réussir à surmonter le trac / JY Bellego / Ellébore  
S’affirmer et comuniquer / JM Boisvert / Editions de l’homme  
L’intelligence relationelle / ML Pierson / Editions d’organisation  
Affirmez-vous / F. Fanget / Eeditions Odile Jacob  
L’estime de soi / C. André / Editions Odile Jacob 

Les phobies, perspectives nouvelles / J. Cottraux, E. Mollard / PUF  
Phobie et relaxation / collectif / L’esprit du temps  
Psychothérapie des phobies / L. Vera / Dunod  
Les phobies / C. André  /  Dominos – Flamarion