Timidité

Timidité / Jérôme Boutillier

La timidité, dans l’acceptation générale du terme constitue une sorte d’état d’être chronique qui, sans générer un mal-être aigu ou une peur extrême, nuit au développement des relations et compétences sociales. Bien que beaucoup s’arrachent les cheveux à établir une définition depuis quelques années, on peut préciser la définition de la timidité en tant que « manière d’être durable et habituelle, marquée par une tendance prononcée, lors dessituations nouvelles, à se tenir en retrait et à éviter de prendre l’initiative, malgré un désir relatif d’échanges avec l’entourage. »(C. André / La peur des autres). 

Qu’est-ce qui intimide?

Parler devant une assemblée74% 
Participer à un groupe73% 
Rencontrer des inconnus70% 
Rencontrer une personne de sexe opposé64% 
Etre dans un grand groupe68% 
Se sentir inférieur à ses interlocuteurs 56% 

Différents axes anxiogènes apparaissent donc :

  • La nouveauté
  • L’initiative 
  • Le fait d’être en point de mire
  • L’implication personnelle

Timidité : contrôle et repli 

De manière schématique, quelqu’un de timide se sent donc vulnérable et craint le jugement. Le contrôle va donc être un phénomène important : contrôle de ce qui est dit, contrôle des émotions, contrôle de l’image qui est donnée… 

D’où la réserve observée dans le cas de la timidité, où l’apparent repli sur soi-même. Bref, une addition d’inhibitions. S’agissant d’un phénomène non pathologique, les manifestations corporelles, cognitives, comportementales vont être la plupart du temps relativement légères. 

Plutôt que des crises paroxystiques, s’installe un état chronique et durable, d’autant plus pernicieux qu’on peut l’associer à la personnalité (« Je suis comme ça »). Il faut donc qu’il y ait handicap ou mal-être pour qu’une personne timide cherche de l’aide.


Timidité : mise en place 

Les facteurs de construction de la timidité peuvent nombreux et variés : 

 Inhibition : 

Le sujet possède les qualités assertives, les compétences sociales mais elles sont inhibées : pour une raison ou une autre, le sujet n’exprime pas ses potentiels et compétences réelles en situation sociale. 

– Il peut s’agir ici d’un conditionnement émotionnel : celui-ci fait que l’individu, dans telle ou telle situation, perd ses moyens. Les émotions liées à l’état sont alors importantes.  

– Il peut également être question des mécanismes cognitifs de l’individu : discours interne négatif et/ou dévalorisant, auto-verbalisation pendant ou après la situation. Les croyances sont alors au centre du phénomène. 

 Défaut d’apprentissage : 

Le sujet présente des lacunes dans le domaine des compétences sociales. Pour une raison ou une autre, le sujet n’a pas développé telle ou telle compétence ou bien il la possède mais n’a pas appris à l’utiliser ou à la combiner de manière adaptée à la situation : 

– Pendant l’enfance, les comportements assertifs n’ont pas été encouragés ou renforcés (« on parle quand on a quelque chose d’intéressant à dire », « tu n’arrêtes pas de parler de toi »…). 

– Des comportements inhibés ou évitants ont été encouragés ou renforcés (« dans la vie, il vaut mieux rester en retrait », …). 

Difficulté à choisir le comportement approprié : le sujet possède les compétences mais a des difficultés à identifier le comportement approprié à telle ou telle situation, ou a lui apporter les nuances et proportions adaptées.


Particularités

– On peut noter qu’à la différence de la phobie sociale, la personne souffrant de timidité, après une période initiale d’inhibition s’adapte dans de nombreux cas. On peut expliquer cela par la part différente de motivation ou d’envie qui permet de dépasser la peur ou pat une proportion d’angoisse moins invalidante : la volonté d’être accepté(e) dépasse fréquemment la peur d’être rejeté(e). 

– Avec la timidité, on observe plutôt des forces antagonistes ou un conflit paradoxal : la timidité, pour schématiser et caricaturer, consiste souvent en quelqu’un qui a l’impression de ne pas être performant socialement mais qui en même temps se donne l’obligation de faire bonne impression , ce qui nécessairement génère de l’anxiété. 

timidité

Quand on vit une situation sociale à travers le filtre de la timidité, on en vient à penser d’une certaine manière, à éprouver des sensations particulières car anxieuses. Cela interagit sur les comportements et provoque des états émotionnels désagréables voire handicapants. Toutes ses manifestations nuisent au bien-être et à la performance dans la dite situation. Celle-ci est mal vécue, mal interprétée, ce qui renforce la timidité elle-même etc… Nous sommes là dans un cercle vicieux. 

timidité

Comme l’indique l’illustration ci-dessus et même si c’est nécessairement schématique, la timidité est quadri-dimensionnelle :  
1. Ce que je pense (cognitif)  
2. Ce que je sens (psycho-corporel)  
3. Ce que je fais (comportemental)  
4. Ce que j’éprouve  (émotionnel) Les éléments constitutifs prépondérants sont donc cognitifs, psycho-corporels, comportementaux et émotionnels. Ils sont issus d’une construction, d’un apprentissage inconscient (traumatismes, stress chronique pendant l’enfance, exemples familiaux ou sociaux d’anxiété…) De cet apprentissage émerge façon de penser, et ainsi sensations, émotions et comportements. Ces éléments émergent  consciemment plus ou moins consciemment. Une remise en cause de la timidité passe donc par la mise en perspective de ces différents aspects et la mise en place de changements ou d’évolutions adaptés au bien-être. 


Jérôme Boutillier


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